Liban de 1995 à 1999 : Histoire

Jusqu’en 1999, le milliardaire Rafik Hariri domine la vie politique du pays avec la protection de la Syrie qui assure, depuis la fin de la guerre civile, une véritable tutelle sur le Liban. Son immense fortune et ses réseaux clientélistes politiques en font l’un des principaux acteurs de la reconstruction économique du pays. Pourtant, la croissance connaît un ralentissement à partir de la fin 1996, le chômage s’aggrave et la paupérisation d’une grande partie de la population s’accentue. Les causes de cette dégradation sont financières, commerciales, politiques et militaires. La dette publique, dont le service absorbe 40 % des recettes de l’Etat, progresse. Les facilités d’accès des Syriens au marché du travail (500 000 actifs agricoles, du bâtiment, du commerce de détail et des petits services), imposées par Damas, favorisent le dumping social. La reconstruction nécessite des ressources importantes dont l’essentiel vient de l’épargne intérieure, attirée par des taux d’intérêt élevés. L’économie s’appuie ainsi surtout sur les services et les transferts de la diaspora.

La vie politique reste profondément marquée par le poids du confessionnalisme, les rivalités au sommet de l’Etat et la souveraineté limitée du pays. La présence de 35 000 soldats syriens et l’occupation par Israël d’une zone de sécurité de près de 1 000 kilomètres carrés dans le Sud réduisent en effet considérablement les marges de manœuvre du gouvernement. La démocratie peine à s’installer : en violation de la Constitution, le mandat du président Elias Hraoui est prolongé de trois ans en octobre 1995 tandis que les élections législatives de 1996 restent sous haute surveillance et que des atteintes aux droits de l’homme sont régulièrement dénoncées. De plus, des élections municipales sont ajournées. C’est dans ce contexte que grèves,