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L’incertitude d’un renouveau -> le règne du “bien aimé” (1715-1757)

Publié le 03/11/2020

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L’incertitude d’un renouveau -> le règne du “bien aimé” (1715-1757)

 

Le 1er septembre 1715, la France sortait épuisée du long règne de Louis XIV ; la guerre, et surtout la dernière d’entre elles, la guerre de succession d’Espagne (1701- 1714), avait affaibli le pays. En 1713, au traité d’Utrecht, la France avait perdu quelques terres américaines, comme l’Acadie, la baie d’Hudson, Terre-Neuve, l’île de Saint-Christophe et une partie de la Guyane, ainsi que sa « prépondérance » militaire. Le pays paraissait épuisé par une fiscalité dévorante, meurtri par la grave crise démographique de 1709-1710, tandis que les finances publiques se trouvaient dans une situation déplorable ; une dette de quelque trois milliards cinq cents millions de livres plaçait l’Etat au bord de la banqueroute, malgré la création récente des impôts de la capitation (1695, puis 1701) et du dixième (1710).

Louis XIV laissait ainsi un royaume riche de potentialités, mais fatigué par un long règne de soixante-douze ans. Avant même sa mort, des voix aussi différentes que celles de Bayle, protestant réfugié aux Provinces-Unies, de Vauban, de Boisguilbert, de Fénelon ou de Saint-Simon s’étaient élevées pour réclamer des réformes politiques ou sociales. Un besoin de renouveau se faisait sentir, que le Régent puis le jeune Louis XV n’allaient qu’imparfaitement satisfaire.

Les expériences manquées de la Régence

En 1715, le successeur désigné était l’arrière-petit-fils du roi, l’unique fils survivant du duc de Bourgogne (mort en 1712), qui était né le 15 février 1710 et dont le jeune âge avait conduit Louis XIV à préparer avec soin sa succession. Secrètement, le roi avait rédigé un testament par lequel il confiait la régence à un Conseil de régence, présidé par son neveu, le duc Philippe d’Orléans. A la demande du duc, jaloux de ses prérogatives, le Parlement révisa cependant le testament, le 2 septembre 1715, lendemain de la mort du « grand roi », et proclama Philippe d’Orléans Régent du royaume en lui donnant les pleins pouvoirs. Fort de ce titre, le Régent, qui connaissait assez bien les affaires de l’Etat, mena pendant quelques années une politique totalement contraire à celle de son oncle.

Contraint de négocier avec les aristocrates pour renforcer son assise politique, il décida de partager le gouvernement entre sept, puis huit conseils (dont six, puis sept conseils particuliers et un conseil de régence), essentiellement composés d’aristocrates ; c’est ce que l’on appela la polysynodie. Ces hommes n’étaient cependant pour la plupart guère formés pour gouverner, et le système fonctionna mal. Dès septembre 1718, sous l’influence de l’abbé Guillaume Dubois, l’ancien précepteur du Régent, le duc d’Orléans supprima quatre conseils (conscience, dedans, affaires étrangères, guerre) et rétablit les secrétaires d’Etat aux affaires étrangères et à la guerre, qui s’ajoutaient aux secrétaires d’Etat qui avaient été conservés tout en étant amoindris (Maison du roi et Marine), tandis que les décisions essentielles étaient désormais prises dans le cabinet du Régent. Les derniers conseils furent progressivement supprimés en 1722 et 1723, sanctionnant l’échec de ce que l’on présente habituellement comme une réaction politique.

Le renouveau de la politique extérieure subit assez vite le même sort. Le Régent, qui craignait les ambitions de Philippe V d’Espagne (1700-1746), petit-fils de Louis XIV, avait décidé de rompre l’alliance avec les Bourbons d’outre Pyrénées et de se rapprocher de l’Angleterre en 1717, puis de la Hollande et de l’Autriche. Pour contrer cette politique, les Espagnols tentèrent d’intriguer à la cour par l’intermédiaire de leur ambassadeur, le prince de Cellamare, qui était l’ami du duc du Maine, l’un des bâtards légitimés de Louis XIV. Le complot fut découvert en décembre 1718 ; le duc du Maine fut incarcéré à la forteresse de Doullens, la duchesse exilée à Dijon, et le prince de Cellamare reconduit à la frontière. Cet incident et la politique du Régent entraînèrent un bref conflit franco-espagnol, entre 

« la frontière.

Cet incident et la politique du Régent entraînèrent un bref conflit franco-espagnol, entre janvier et décembre 1719 .

Après cette guerre, le Régent et Dubois changèrent de politique extérieure et obtinrent l’alliance espagnole.

Une fois encore on en revenait à un plus grand respect des axes politiques du règne précédent. Les innovations financières du Régent subirent elles aussi un échec.

Dans un premier temps, conseillé par les banquiers Pâris , le Régent avait pris des mesures sévères qui permirent une réduction de l’endettement de l’Etat sans apurer la situation.

L’institution du « visa », qui obligeait les détenteurs de titres à les faire viser par l’Etat qui leur en remettait d’autres en échange, de moindre valeur, et les sanctions imposées par la Chambre ardente (une commission judiciaire) aux agents de l’Etat dont l’enrichissement paraissait frauduleux permit de réduire la dette à un milliard sept cents millions de livres en 1718.

Afin d’achever ce redressement, une solution séduisante fut proposée par l’écossais John Law .

Son idée était de fabriquer plus de billets de banque que les caisses de l’Etat ne contenaient de métaux précieux et, parallèlement, de créer des compagnies de commerce pour faire fructifier cet argent ; l’on pensait, par ce moyen, à la fois enrichir le pays et diminuer la dette de l’Etat.

Le Régent permit à Law de créer une banque privée en 1716 (2 mai) ; elle se développa et, deux années plus tard, fut transformée en banque d’Etat : la « banque royale » ( 4 décembre 1718 ). Les affaires commerciales de Law semblaient également prospérer, puisque sa compagnie d’Occident, fondée en août 1717, racheta progressivement les privilèges des compagnies des Indes, d’Afrique et de Chine.

Le public avait confiance dans Law et investit en masse dans ses actions.

Mais la spéculation était si forte que de médiocres dividendes eurent tôt fait d’ébranler la confiance des actionnaires.

En 1720 , ce fut le « krach » ; la banque dut suspendre ses remboursements, puis faire faillite, tandis que Law, qui venait d’être nommé Contrôleur général des finances (janvier 1720), fut contraint de prendre la fuite.

Le problème financier de la monarchie demeurait entier et, à l’actif de l’expérience Law, on pouvait simplement porter une impulsion décisive donnée au commerce maritime du pays. La Régence apparaît ainsi comme une époque d’expériences manquées, durant laquelle les oppositions parlementaires et jansénistes se renforcèrent.

Lorsqu’elle prit fin, à la majorité du roi, en février 1723 , le jeune Louis XV ne se sentait cependant pas prêt à gouverner et, après les morts du cardinal Dubois (août 1723) et du duc d’Orléans (décembre 1723), auxquels il avait successivement accordé le titre de principal ministre, le jeune roi de treize ans décida de continuer à se faire assister dans son activité gouvernementale. L’improbable retour du gouvernement personnel (1723-1743) Pendant plus de vingt ans, le roi, que les affaires n’intéressaient guère, confia le soin de gouverner l’Etat à des proches.

A la mort du duc d’Orléans, Louis XV, sur les conseils de Fleury, son précepteur, choisit pour principal ministre l’arrière-petit-fils du grand Condé, le duc de Bourbon , premier prince du sang.

De 1723 à 1726 , ce grand noble tenta assez maladroitement de résoudre les difficultés financières, religieuses et politiques qui se présentaient au royaume. Afin de redresser les finances publiques, toujours en déficit, le duc de Bourbon fit appel au banquier Pâris-Duverney qui, en 1725 , obtint la création d’un impôt nouveau, le cinquantième , qui devait être payé par tous ; mais l’initiative rencontra l’opposition des privilégiés et dut être en partie abandonnée.

D’autres difficultés étaient de nature religieuse.

Depuis 1685 et l’édit de Fontainebleau, qui mettait un terme à la tolérance religieuse de l’édit de Nantes (1598), les protestants n’avaient plus d’existence légale en France, mais continuaient cependant à pratiquer leur culte dans la clandestinité.

Afin d’assurer l’unité religieuse des Français, en mai 1724 , l’on raviva ainsi les mesures contre ceux de la R.P.R.

(religion prétendue réformée) ; une nouvelle fois, de nombreux huguenots. »

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