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L'Inde

Publié le 27/02/2008

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La période du début du XVIe à la fin du XVIIIe siècle constitue une étape complète dans l'histoire de l'Inde. En trois siècles, elle vit en effet se former puis s'effriter l'empire moghol, naître d'importances forces politiques hindoues telles que les Marathes et les Sikhs et s'implanter progressivement les puissances économiques européennes : Portugal, Hollande, France, Danemark et surtout Angleterre. Ces trois facteurs ont laissé une profonde empreinte sur tous les plans de la vie indienne : politique et économique, religieux, social et culturel. A partir des invasions conduites par Babar, l'empire moghol s'établit fermement en Inde. Malgré les difficultés d'Houmayoun qui doit faire face aux chefs afghans du Bengale tels que Sher Shah, son fils Akbar, doué d'une force de caractère peu commune, d'une bravoure à toute épreuve et d'une intelligence supérieure, parvient à conquérir tout le Nord de l'Inde (1582) S'appuyant sur l'ensemble de la population tant hindoue que musulmane, il réussit par sa tolérance et son éclectisme à profiter de toutes les compétences et à plonger profondément dans le sol indien les racines d'un arbre qui trouve une vigueur renouvelée dans l'élément autochtone. L'appui des guerriers rajpouts apporte une aide considérable à son action militaire. L'efficacité des rouages hindous déjà en place, en particulier des Kàyasthas (caste des scribes), lui est d'un grand secours pour l'adaptation du système administratif perso-arabique aux conditions indiennes. Enfin, grâce à son syncrétisme, les deux religions se rapprochent indubitablement l'une de l'autre comme en témoigne la progression du soufisme, du côté islamique et du culte de la bhakti, du côté hindou. Tous deux s'inspirent d'un mysticisme affectif tendant à la connaissance directe de Dieu par la contemplation. L'hindouisme se rapproche de plus en plus d'un monothéisme, le soufisme s'écarte de la rigidité et de la sérénité islamiques. Ces deux courants étaient déjà largement répandus dès la fin du XVe siècle et le début du XVIe. Les oeuvres du poète Kabir (1440-1518) de Mohamed Jàyasi (1540) et du gourou Nànak, fondateur de la religion des Sikhs (1469-1538) en sont un témoignage.

« L'empereur avait un goût tout particulier pour la peinture et cet art atteignit sous son règne une délicatesse et uneperfection inégalées.

La peinture persane influencée par la Chine assume un caractère plus spécialement indien.

Lepapier avait remplacé la palme et les couleurs préparées selon des techniques indiennes étaient largement utilisées.Les sujets étaient ceux de la vie de cour avec son déploiement de faste et de richesse vestimentaire et les exploitsguerriers.

Parallèlement, se développe l'école rajpoute qui cherche son inspiration dans la vie quotidienne et leslégendes religieuses hindoues (celle de Krishna, par exemple).

La musique était aussi largement à l'honneur à la couret plus encore que les autres arts elle s'est rapidement enrichie d'un apport indien très substantiel qui a transforméla musique persane parfois un peu trop mièvre et stylisée en harmonies et rythmes plus riches et plus profonds.Outre les poètes et musiciens, dans le sillage de la cour moghole évoluaient de nombreuses courtisanes instruitesdans la pratique de la danse, de la musique, surtout de la musique vocale et un peu semblables aux geishasjaponaises.

En dehors de la littérature de cour principalement écrite en persan comme les Mémoires composés de lamain même de Jahangir, continuait le courant populaire de littérature religieuse hindoue. Le règne de Shah Jahan qui débute en 1627 marque l'apogée de l'empire moghol et de l'épanouissement des artsindo-musulmans.

Les fastes de la cour symbolisés par le fameux “ trône du paon ” serti de joyaux incomparablescontrastent péniblement avec la famine qui sévit dans le pays de 1630 à 1632.

L'empereur avait épousé la belleMoumtaz Mahal à qui il était profondément attaché et à sa mort il fit construire le célèbre Taj Mahal d'Agra,entièrement fait de marbre, chef-d'œuvre dû à la collaboration d'artistes musulmans et hindous.

Shah Jahan fitégalement construire un palais dans l'enceinte du fort de Delhi et deux très belles mosquées : la Jama Masjid (Delhi)et la Moti Masjid (Agra).

En littérature, le double courant poésie de cour et poésie populaire se prolonge.

Unenouvelle littérature venue des États musulmans du Deccan commence à faire son chemin.

Entièrement inspirée de lapoésie persane quant aux thèmes, prosodie et images, elle est composée dans une langue dont la structure esthindie, en dépit de la présence de mots persans et de l'écriture qui utilise l'alphabet persan.

D'ailleurs, la littératurepurement hindie de l'époque subit aussi cette influence et n'est pas dénuée d'une certaine préciosité.

L'œuvre dupoète Bihàri Làl, auteur du Satsai, en est un exemple.

L'époque de Shah Jahan marque un net retour à l'Islam.L'empereur ordonne l'anéantissement des comptoirs portugais du Bengale installés à Hougli qui se livraient à toutessortes d'abus.

Cette action est suivie de persécutions dirigées à la fois contre les chrétiens et contre les hindous etde nombreuses destructions de temples.

Au Deccan, Shah Jahan entreprit de réduire les sultanats restésindépendants comme ceux de Bijàpour, Golkonda et Ahmadnàgar.

Ce dernier fut annexé en 1632 et, en 1635, suivitune difficile campagne contre Bijàpour qui se termina en 1636 par un traité entre les deux partis.

Aurangzeb,troisième fils de l'empereur, fut nommé gouverneur du Deccan (1636-1644) mais les conditions politiques etadministratives restaient extrêmement précaires dans cette partie du pays.

Ni comme gouverneur, ni commeempereur, Aurangzeb ne réussit à pacifier la région.

Les Marathes ne cessèrent de harceler les troupes mogholes.

Lapolitique autocratique et intolérante d'Aurangzeb provoqua des soulèvements graves dans tout le pays (Rajpouts,Satnamis, Jats, Sikhs) et contribua largement au pourrissement d'une administration déjà encline à la corruption.

Lespuissances commerciales européennes continuaient à s'affronter sur le continent indien.

Les Anglais renforçaientleurs positions à Bombay, Madras et Hougli (construction du Fort William 1696).

Deux rivaux d'envergure, Clive etDupleix, s'affrontaient au Karnatak entre 1746 et 1754.

Mais les Anglais, mieux placés au Bengale et disposant deressources supérieures, l'emportaient.

Cependant la cour, qui s'était transportée d'Agra à Delhi, selon un plan déjàétabli par Shah Jahan, brillait d'un éclat de munificence qui la rendait célèbre dans tout l'Orient.

Le premier grandpoète ourdou Vali Mohammed, originaire d'Aurangàbàd, y vint chanter ses œuvres et y lança la nouvelle mode de lapoésie de cour en langue ourdou.

Elle devait se développer heureusement à Delhi et à Laknau durant tout le XVIIIesiècle comme en témoignent les œuvres des trois grands poètes : Mir, Gauda et Mir Hasan. Après la mort d'Aurangzeb, la situation de l'Empire moghol ne cessa de se détériorer.

Le successeur d'Aurangzeb,âge de soixante-trois ans au moment de son accession au trône, n'avait pas l'énergie nécessaire pour faire face auxintrigues de cour, aux difficultés administratives et aux attaques de plus en plus violentes des Sikhs quis'organisaient peu à peu en une véritable puissance politique.

Ses successeurs Jahandar Shah et Farroukhsiyar semontraient incapables de gouverner et l'autorité de fait était exercée par deux frères : Houssain Ali et Abdoulla,gouverneurs du Bihar et Allàhabad.

L'Empire moghol s'effritait peu à peu.

Le Bengale devint indépendant ainsi quel'Oudh, le Rohilkhand et le Deccan où Assàf Jah fonda en 1724 la dynastie du Nizam.

Les Marathes, après quelquesdivisions et luttes internes, se réorganisaient et devenaient peu à peu la plus grande puissance indienne sous laconduite de leurs peshwas.

Ils conquirent le Goujarat, le Malwa et le Boundelkhand, faisant menue une brèveirruption dans les murs de Delhi en 1737.

L'Inde du Nord laissée sans défense était bientôt envahie par Nadir Shah,roi de Perse, qui fit son entrée à Delhi accompagné de Mohammed Shah, l'empereur vaincu.

La rébellion deshabitants de la capitale entraîna un terrible massacre punitif et un pillage systématique de la ville.

L'anarchie et lechaos succédèrent à l'invasion et les Marathes en 1758 occupèrent le Pendjab et en 1760 Delhi ; l'année suivante,ils subirent une sanglante défaite à Panipat, vaincus par Ahmàd-Shah.

Mais celui-ci ne put en tirer aucun avantage,car ses alliés se révoltèrent contre lui et lui tournèrent le dos.

L'Empire moghol était à l'agonie. En dépit d'une apparente cohésion dans la vie quotidienne et administrative, le colosse aux pieds d'argile était prèsde sa chute.

La classe dirigeante de l'aristocratie moghole s'était maintenue au pouvoir grâce aux qualités de chefde ses quatre grands empereurs : Akbar, Jahangir, Shah Jahan et Aurangzeb.

Ils avaient mis sur pied un appareilmilitaire organisé, capable de maintenir une autorité suffisante sur une large portion du territoire.

Mais dans lamesure où ce système était d'inspiration étrangère et se tenait en marge des forces vitales du pays, il secondamnait à évoluer dans un climat sinon d'hostilité du moins d'indifférence.

Il n'existait pas de véritableconscience nationale dans le Nord de l'Inde, rien qui puisse comme au Marashtra cristalliser les forces autour d'unidéal à la fois ethnique et religieux.

C'est ainsi que l'Empire moghol se transforma peu à peu, presque sans heurts, en. »

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