L'infanticide Gilles de Retz est exécuté
Publié le 22/08/2013
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Le 25, Gilles de Retz est déclaré doublement coupable, pour invocation des démons et crime envers les enfants. Il est excommunié et condamné à être pendu puis brûlé, non sans avoir, au préalable, versé une amende de cinquante mille écus d'or. Il formule une ultime requête, celle de mourir en même temps que ses deux complices, Henriet et Poitou, pour que «lui, qui était la principale cause des méfaits desdits serviteurs, pût les réconforter, leur parler de leur salut«.

«
GILLES DE RETZ :
NOBLE GUERRIER OU
DÉMON ?
Arrière petit-neveu de Du
Guesclin, Gilles de Retz est
apparenté aux familles les plus
puissantes du royaume.
En 1427, prenant le parti de
Charles VII, il devient l'un des
plus fidèles compagnons de
Jeanne d'Arc.
Pour récompenser
son courage et son audace,
il porte le saint Chrême lors
de la cérémonie du sacre,
à Reims, le 17 juillet 1429.
Le même jour, il est fait
maréchal de France.
Ayant abandonné la cour
en 1435, Gilles de Retz se
retire sur ses terres.
Dans ses
châteaux de Tiffauges
- extorqué à sa belle-mère -,
de Champtocé et de Machecoul,
il s'adonne à la débauche et
dilapide son immense fortune.
Sa famille lui ayant fait interdire
la vente ses terres, il tente de
renflouer sa cassette grâce à
l'alchimie.
Entouré de mages
et de sorciers, il se livre à des
pratiques sataniques - qu'il a
toujours niées -, offrant à
Satan coeur et sang d'enfant.
Ce qui ne l'empêche pas, fervent
chrétien, de créer, pour le
salut de son âme, la fondation
des Saints-Innocents.
En
novembre 1437, deux petits
squelettes sont retrouvés à
Machecoul.
Gilles de Retz n'est
pas inquiété avant que, l'année
suivante, il profane l'église
de Saint-Étienne de Mermorte
et que le duc de Bretagne
diligente une enquête.
Gilles de Retz inspirera,
en 1697, le Barbe Bleue des
«Histoires et contes du temps
passé» de Charles Perrault.
Il
sera également évoqué par
Huysmans, dans «Là-bas»,
et étudié par Georges Bataille.
«Et l'accusé lui-même, ajoutant
à son autre confession hors
jugement, sans s'en écarter,
voulut la répéter et la réciter
ici...
Il a plu au même Gilles,
accusé, non de diminuer mais
plutôt de fortifier et de renforcer
la dite confession.»
La foule en larmes
Le 22 octobre, les Nantais se
pressent pour assister aux aveux
publics de Gilles de Retz.
La
chapelle du palais ducal est
comble, l'escalier qui y mène
pris d'assaut.
Les sergents
d'armes du duc de Bretagne,
Jean V de Montfort, ont bien du
mal à faire régner l'ordre.
Les
portes se ferment sur une chape
de silence.
Gilles de Retz est là,
au banc des accusés.
Le maré-
chal de France, arrogant et hau-
tain, a troqué ses beaux habits
et son col d'hermine de grand
feudataire de Bretagne contre
une tenue de paysan, taillée
dans du drap rouge sang.
Parmi
la foule, des familles, ayant
perdu un fils, brutalisé et tué par
le monstre, sont horrifiées :
«Gilles accusé, confessa que,
pour son ardeur et sa délecta-
tion sensuelle, il prit et fit
prendre un si grand nombre
d'enfants qu'il ne saurait le pré-
ciser avec certitude; lesquels il
tua et fit tuer, avec lesquels il
commit le vice et le péché de
sodomie, tant avant qu'après
leur mort et aussi durant leur
mort».
À la fin de son adresse, il
se tourne vers la salle et implore
le secours de ses «dévotes
prières».
Il conjure même les
parents de veiller sur leurs
enfants «afin qu'ils ne soient pas
trop délicatement vêtus»...
Ainsi
que le stipule le procès-verbal,
l'assistance, au lieu d'insulter
l'infanticide, de le lyncher en
châtiment de ses crimes odieux,
s'agenouille et prie pour lui.
Pendu et brûlé
Le 25, Gilles de Retz est déclaré
doublement coupable, pour
invocation des démons et crime
envers les enfants.
Il est excom-
munié et condamné à être
pendu puis brûlé, non sans
avoir, au préalable, versé une
amende de cinquante mille
écus d'or.
Il formule une ultime
Ci-dessus, Gilles de Retz
comparaît devant l'évêque
Jean de Malestroit lors de son
procès.
Illustration d'un
Codex du XV' siècle.
requête, celle de mourir en
même temps que ses deux
complices, Henriet et Poitou,
pour que «lui, qui était la princi-
pale cause des méfaits desdits
serviteurs, pût les réconforter,
leur parler de leur salut».
Il
obtient enfin qu'une procession
soit organisée afin que Dieu
puisse «maintenir en lui et ses-
dits serviteurs le ferme espoir
de salut».
Le 26 octobre, à neuf
heures du matin, l'évêque de
Bretagne sort de la cathédrale,
suivi des chanoines du chapitre,
du duc de Bretagne, des digni-
taires de la ville.
Les trois
condamnés et une escorte en
armes ferment la marche.
Le
peuple grossit les rangs du cor-
tège au fur et à mesure qu'on
approche du gibet, dressé au
milieu des prairies de Biesse,
au-delà des ponts de Nantes.
Là, dans une ultime harangue,
Gilles de Retz implore «particu-
lièrement ceux dont il avait tué
les enfants, non seulement de
lui pardonner mais de prier
pour son salut».
Un des bour-
reaux lui passe alors la corde au
cou tandis qu'un autre enflam-
me les fagots du bûcher.
Gilles
de Retz avait trente-six ans.
w
tc..
»
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