L'Inquisition

« parfait terreau dans lequel l'hérésie s'enracine, touchant aussi bien le peuple que ses dirigeants. La nature du mondeDeux principes, le Bien et le Mal, régissent l'univers et s'affrontent pour sa domination.

A l'origine du monde, Satan,révolté contre le créateur de l'Esprit et des choses impalpables, séduit et entraîne dans sa chute des anges qu'ilemprisonne dans des enveloppes façonnées dans le limon.

Enjeux et instruments de cette lutte, les hommessubissent mille maux dans la "vallée de larmes" qu'est la Terre.

Cette croyance pose le problème de la toutepuissance et de l'infinie bonté de Dieu tel que le conçoit l'Eglise :- que le Mal en soit une émanation (ange déchu) où un principe jumeau, Dieu a donc un adversaire avec qui il lutteperpétuellement sans pouvoir le vaincre et qui est parfois capable de le surpasser ;- en revanche, s'il est effectivement tout puissant et contrôle toute chose, comment Dieu a-t-il pu permettrel'apparition et le développement du Mal ? Pourquoi laisse-t-il torturer ses créatures sinon dans le but de les éprouveret de les garder sous sa domination ? Gagner le salutSujets au péché et à la tentation, les hommes ne peuvent retrouver la sérénité du paradis originel qu'au prix d'uneconduite irréprochable.

La difficulté de ce rachat impose alors de passer par plusieurs vies successives, d'où lacroyance en la réincarnation ou métempsycose.Les albigeois s'appuient uniquement sur le Nouveau Testament, l'Ancien étant la parole du dieu créateur de lamatière, donc du Mal.

Ils rejettent la plupart des enseignements de l'Eglise, condamnent la hiérarchie et la richessedu clergé.Le croyant doit mener une vie ascétique éloignée des préoccupations matérielles.

Il doit rester chaste, donc éviterde faire le mal en créant de nouvelles prisons pour les âmes, s'abstenir de manger tout produit de nature animale,excepté le poisson supposé se reproduire sans accouplement.

La rupture avec la vie matérielle se traduit par le voeude pauvreté.L'austérité dans laquelle doit vivre celui qui aspire au salut est trop rigide pour la majorité des sympathisants.

Ilreçoit le Consolament, seul sacrement cathare, aussi administré aux mourants, et devient Parfait.

Il vit uneexistence de prière et fait pénitence pour les croyants.

Les Parfaits vont par deux prêcher dans les foyers où on leshéberge et leur fait l'aumône.

C'est à leur image que se crééent plus tard les ordres mendiants, dominicains etfranciscains, qui emploient les mêmes pratiques que les hérétiques pour lutter contre eux. La lutte contre l'hérésieDéfinie au concile de Latran III, l'hérésie est condamnée sans que rien ne soit entrepris contre elle. Les débuts de saint DominiqueTraversant le Languedoc en 1206, le futur saint Dominique constate les progrès du catharisme adopté par toutes lesclasses de la société.

Il commence sa prédication et attire l'attention d'Innocent III qui, en 1208, appelle à lacroisade à la suite de l'assassinat de son légat par un homme du comte de Toulouse. La croisadeA la tête d'une armée de seigneurs du nord de la France, Simon de Montfort descend la vallée du Rhône.

Il parvientà Béziers où les croisés massacrent la population réfugiée dans l'église.

Puis Carcassonne tombe à son tour.

Lespremiers bûchers s'allument alors à Castres et à Minerve.

Après avoir vainement mis le siège devant Toulouse, lesFrançais battent à Muret les Toulousains et tuent leur allié, le roi d'Aragon.

En 1215, un quatrième concile à Latransubstitue Montfort au comte de Toulouse alors que Dominique fonde son ordre mendiant et commence à prêcher.Simon de Montfort meurt en 1218 sous les murs de Toulouse, qu'il assiège.La deuxième croisade et l'InquisitionLe rétablissement de l'"Eglise" cathare et le sursaut du Languedoc entraînent une nouvelle répression.

En 1226, LouisVIII prend le commandement des troupes, parvient à mater Raymond VII de Toulouse et prépare le rattachement ducomté au domaine royal.

Le pape réagit et autorise en 1231 la création de l'Inquisition.

Celle-ci ne dépend que dusouverain pontife et ne connaît aucune frontière.

Elle est donc plus efficace que les évêques contraints d'opérerdans leurs seules juridictions.

Poursuivis, les hérétiques se réfugient dans la clandestinité alors que certains sont priset brûlés. Le dernier sursautLe meurtre de cinq inquisiteurs en 1242 entraîne le siège de la forteresse de Montségur où se sont réfugiés lesassassins.

Le château tombe en 1244.

Deux cents cathares sont brûlés pour avoir refusé de renier leur foi.

Pendantquelques dizaines d'années encore, les derniers représentants de l'"Eglise" cathare parviennent à survivre, fuyantparfois en Catalogne ou en Lombardie.

Au début du XIVe siècle, l'Inquisition effectue une rafle dans le villageariégeois de Montaillou.

Les interrogatoires montrent que, malgré la disparition des derniers Parfaits, les villageois, ycompris le prêtre, pratiquent un catholicisme auquel se mêlent des relents de catharisme. Les dominicains. »