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L'Inquisition espagnole

Publié le 17/01/2022

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Établie en 1478 par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille et placée sous l'autorité de l'ordre des prêcheurs dominicains, l'Inquisition espagnole est une institution aussi bien politique que religieuse, relevant uniquement de la Couronne. Elle sert tout d'abord à lutter contre l'hérésie des Juifs et des Maures convertis, puis officie contre toute sorte de dissidence religieuse, intellectuelle ou sociale. Malgré sa réputation de corruption et de torture, elle ne sera abolie qu'en 1834.

« appelées pénitences arbitraires, sont imposée s par les inquisiteurs .

Elles sont les seules infligées à ceux qui se sont présentés dans les temps (ce que l'on appelle le •temps de gr~ce»).

Ce sont la fustigation au cours de la messe, les visites aux églises , les pèlerinages, l'entretien d 'un pauvre, le port de la croix sur les vêtements.

• la peine normale de l'hérétique converti est la prison à vie, souvent réduite par l'inquisiteur , qui a le droit de moduler les peines.

Il existe deux modes de détention, le • mur large» et le •mur étroit», beaucoup plus sévère (réclusion solitaire).

Il faut souligner que la prison comme peine est pratiquement inconnue avant cette époque: c'est une nouveauté dans l'histoire de la justice .

• !:hérétique obstiné, ou relaps (qui est retombé dans ses erreurs après avoir abjuré), est abandonné à l 'autorité séculière, qui le condamne au bûcher (c'est la «peine de feu»), ce qui a pour • avantage» de ne pas laisser de reliques aux partisans des brûlés .

De plus , les peines sont considérées comme des pénitences salutaires.

Ainsi la condamnation au bûcher est-elle perçue par l'Église comme un ade de rédemption pour l'accusé, car, si son corps meurt, le plus important est que son ~me soit sauvée par ce geste purificateur .

• Honmis pour une minorité d 'hrquisitetus trop zélés , la peine de exceptionnelle (Bernard Gui en a prononcé 40 dans toute sa carrière) .

Plus de 90% des accusés semblent avoir été rel~chés après des peines légères .

• les peines les plus graves entraînent la confisültion des biens du coupable au profit de l 'autorité chargée des dépenses de l'Inquisition, d'où une certaine tendance à s'en prendre aux riches.

!:Inquisition n'a pourtant pas lait fortune : ses dépenses sont considérables, et ses gains restent modestes .

!:Inquisition connaît une expansion rapide : toute la Chrétienté est concernée dès le milieu du X lii ' siècle, sauf 1 'Angleterre.

EN FRANCE les tribunaux inquisitoriaux y ont fonctionné régulièrement, notamment dans le Midi, où se concentrent de forts contingents d'hérétiques (notamment vaudois et cathares) : il en existe notamment à Avignon (vaudois), à Montpellier (vaudois et cathares), à Carcassonne (où les inquisiteurs rencontrent beaucoup de difficultés) .

Ainsi, en 1240, Raymond [de] Trencavel, comte de Carcassonne, dépossédé par la croisade contre les albigeois, appelle la population à se soulever contre l'Inquisition.

Il est appuyé par Raymond VIl de Toulouse , lui aussi dépossédé, et les nobles cathares .

Hormis l'incendie du couvent des dominicains à Narbonne , le soulèvement n'est que de peu d'ampleur .

le siège de Carcassonne échoue fin 1240 , et Trencavel doit s'enfuir .

En mai 1242, les inquisiteurs de Toulouse , Guillaume Arnaud, Étienne de Narbonne et leurs compagnons , sont assassinés à Avignonet vidimes d 'un guet-apens tendu par les hérétiques réfugiés à Montségur .

1244 est l'année de l'épilogue tragique de Montségur, l'une des dernières places fortes cathares : 200 personnes y sont brûlées.

Entre 1250 et 1257, l'Inquisition juge 306 accusés : 21 sont brûlés, 239 condamnés au mur étroit.

En 1273, la population de la cité-État de Sermione est accusée de cacher un évêque cathare.

la répression y fait 200 vidimes .

• Ailleurs en France , la situation est moins organisée , en grande partie du fait de l'inquisiteur nommé par le pape , Robert le Bougre , qui agit de manière si violente à la Charité-sur-loire qu'il est suspendu par Grégoire IX.

Rentré en grâce , il reprend ses brutalités , ces dernières culminant avec le bûcher de 183 accu sés en Champagne , en 1239 , ce qui entraîne de nouveau sa disgrâce .

EN ITAUE la tâche des dominicains y est gênée par l'hostilité des gibelins (partisans des empereurs genmaniques).

t:un des inquisiteurs , Pierre de Vérone , est même assassiné en 1252 .

En 1254, Innocent IV confie la répression de l'hérésie aux franciscains dans toute l'Italie centrale et dans la partie orientale de la plaine du Pô, les dominicains gardant la lombardie et la Marche de Gênes.

LES INQUISIHURS n LI PAPE Innocent IV veut suivre de près le fonctionnement des tribunaux lnqulsitolns.

Il en résulte des conflits avec les inquisiteurs , qui conduisent le pape à mettre l'Inquisition sous la tutelle de l'évêque d 'Agen {1248).

les dominica ins renoncent alors à leur charge , laissant les tribunaux sous le contrôle des évêques.

Ils ne reprennent leur fonction d'inquisiteurs que sous Alexandre IV.

les dominicains connaissent également des démêlés avec les franciscains, qui leur succèdent en Provence vers 1260 .

À Marseille , la rivalité entre les deux ordres mendiants est telle que le pape doit intervenir en 1266 .

Dans l'ensemble , l'Inquisition sort renforcée de sa lutte avec le pape : les inquisiteurs n 'ont plus de comptes à rendre aux légats pontificaux et peuvent se relever mutuellement de l'excommunication encourue (depuis 1262, tout religieu x qui fait verser le sang encourt en principe une condamnation canonique) ou de l'illégalité commise .

C'est alors l'apogée de l 'Inqui sition, les actions s e multipl ient ainsi que les bûchers .

De nouveau , des plaintes s'élèvent ~t parviennent jusqu'au pape Clément V .

LE otcuN !:Institution conna ît un déclin rapide dès la fin du X lii ' siècle, à cause notamment des abus de pouvoir et des exactions des inquisiteurs , de leur usage fréquent de la torture , ainsi que des conditions d'emprisonnement.

D'où un phénomène de rejet , d 'autant plus important qu'en cette fin de x111' siècle l'Inquisition ne se justifie plus , car les hérésies cathare et vaudoise ont été fortement laminées.

Clément V confie en 1306 une enqu ête concernant les inquisiteurs de Carcassonne à deux cardinaux , Béranger Frédol et Pierre Taillefer de la Chapelle .

Même si l'enquête est finalement abandonnée , des mesures sont prises pour améliorer les conditions de vie des prisonniers de l'Inquisition .

Clément V promulgue par la suite , en 1312, lors du concile de Vienne, les constitutions Multorum querela et No/entes qui exigent la collaboration des inquisiteur s et des évêques pour tous les actes importants de la procédure , en particulier la torture, la gestion des prisons et la promulgation des sentences.

Jean XXII restreint encore les pouvoirs de l'Inquisition dans la décrétale Cum Matthifus (1321 ).

la tendance est générale : à partir du Xl siècle , l'Inqui sitio n est en d éclin.

Si l'on continue de nommer des inquisiteurs, leurs fondions deviennent accessoires et leurs déci sions sont contestées .

En 1458 , les habitants de lyon font même arrêter l'Inqui siteur Bernard Tremosii .

De plus , les progrès de la centralisation , le développement des administrations et des juridictions mettent en cause le bien -fondé de 11nqui sition .

Ainsi la république de Venise veut-elle chasser elle-m ême les hérétiques .

En France , le tribunal du Dauphiné finit par être subordonné au parlement de Grenoble e~ en 1509 , le Grand Conseil casse les sentences de l'Inquisition .

Aux temps de la Réforme , ce sont les parlements qui vont se charger de la lutte contre les hérétiques .

C'est en Europe méridionale que l'Inquisition, devenue une institution sans grand pouvoir , se maintient le plus tardivement (XVIII' siècle, et m ême x1x< siècle en Espagne ).

!:'INQUISITION ESPAGNOLE !:Inquisition espagnole constitue une institution originale , sans rapport direct avec l'Inquisition pontificale née au X lii ' siècle.

Sa mise en place est tardive, son contrôle par l'État très important, ses vidimes proportionnellement nombreuse s.

• En 1478 , à la demande des Rois Catholiques et avec l'autorisation du pape Sixte IV, un tribunal de l'Inquisition est créé dans le royaume de Castille (alors que l 'Inqu isition existe déjà en Aragon depuis 1238 ).

Ses cibles sont d 'abord les juifs convertis (conversas ou marranos ), suspects de «judaïser» en secret, et les morisques (Maures convertis dont la sincérité paraît également douteuse) , puis les protestants et tous les coupables de diverses • déviances » (sorcellerie , bigamie , blasphème ...

).

• !:Inquisition est un tribunal ecclésiastique soumis à la fois au pape et au roi.

Des tribunaux provinciaux sont mis en place dans tout le royaume de Castille à partir de 1480 : par exemple à Séville, dès le mois d 'octobre .

C'est dans cette m ême ville qu'a lieu quelques mois plus tard le • De nouveaux tribunaux apparaissent : Cordoue en 1482 , Santiago, Jaén, Ciudad Real en 1483 (ce dernier sera transféré à Tolède en 1485) .

À la fin du 'IN' siècle , il existe des tribunau x à Valladolid , Avila, Medina del Campo , Ségovie et Sigüenza .

Ceux de Valence, Barcelone , Saragosse -dans la couronne d 'Aragon -existent depuis déjà plus de deux siècles.

!:Inquisition est établie au Mexique en 1571.

ORGANISATION Chaque tribunal est composé de deux inquisiteurs , un asse sseur, un fonctionnaire de police , un procureur et le personnel subalterne.

À Madrid , un Conseil suprême de l'Inquisition centralise et contrôle l'activité des différents tribunaux.

Il e st dirigé par un Inquisiteur général.

le premier d'entre eux est Tomas de Torquemada {142Q-1498).

Ce dominicain , nommé inquisiteur général LA CONGRtGAnON DE LA SUPRIME INQUISmON Bien que 11nquisition et son tribunal du Saint-Office- à la t~e duquel s'Illustra fray Tomas de Torquemada­ ait été abolie en Espagne en 1834, la congrégation de la Suprême Inquisition a contitué d'exister au Vatican jusqu 'en 1908.

À cette date, elle s'est transfonmée en congrégation du Saint-Office, notamment en charge de 11ndex Oiste des ouvrage prohibés , qui, après 32 éditions, a cessé d'~e publiée en 1966), puis, en 1965, par la volonté du pape Paul VI, en congrégation pour la doctrine de la foi.

en 1483 , se signale par son fanatisme anti-juifs, sa rigueur impitoyable et le nombre de ses vidimes (environ 2000), ce qui suscite de vives protestations , surtout en Aragon et en Catalogne, et provoque la réprobation du pape Sixte IV lui-même .

RESSOURCES les revenus de l'Inquisition proviennent ici aussi principalement des confiscations des biens des condamnés.

En effet , même si un hérétique se repent, il est certes • réconcilié » avec l'Église, mais il doit subir une pénitence et ne peut récupérer ses biens .

En cas de non-repentir , il est remis au bras séculier et brûlé à l'issue de l'autodafé.

PROCtDURE la procédure inquisitoriale est secrète .

Tout commence avec le • temps de grâce>> durant lequel les hérétiques sont incités à se présenter devant les inquisiteurs pour se dénoncer ou en dénoncer d'autres .

!:accusé est emprisonné dans les geôles de l'Inquisition jusqu'au procès.

Présumé coupable, il ne connaît pas le motif exact de son arrestation ni le nom de ses dénonciateurs ou des témoins à charge .

Il est maintenu dans un isolement total, et son défenseur , choisi par les inquisiteurs, a essentiellement pour tâche de l'amener à reconnaître ses erreurs ou ses crimes .

La tortu re est cour amment employée pour arracher des aveux , mais , contrairement à la légende , elle n 'est pas plus cruelle que dans les autres tribunaux criminels, en Espagne ou ailleurs.

les sentences rendues par les juges sont gardées secrètes jusqu'au jour de leur proclamation publique au cours de l'autodafé.

les différents châtiments sont le port du san benito (habit de pénitence et d'Infamie ) à vie ou pendant un temps fixé, le bannissemen~ la prison dans une geôle ou dans un couven~ les galères, cent ou deux cents coups de fouet au cours d'un itinéraire à travers la ville, ou encore des amendes.

la peine maximale (pour les accusés qui persistent dans leur hérésie) est le bûcher .

Si l 'on excepte les premières années de fonctionnement et la période 1559- 1560 (avec notamment la chasse aux protestants ), les autodafés furent des cérémonies relativement peu fréquentes .

Quant au nombre des vidimes, il ne représente qu'une faible proportion de ceux qui eurent affaire au tribunal.

Sur 125 000 procès instruits en Espagne, 1 ,8 % ont été suivis d'une exécut ion capitale.

!:Inquisition espagnole ne fut définitivement abolie qu'en juillet 1834 .. »

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