L'insurrection de Cronstadt
Publié le 23/08/2012
Extrait du document
«
• le CRP réactive l'organe de presse des lzvestia , créé en février 1917 à Petrograd.
Quatorze livraisons paraîtront entre le 3 et le 16 mars.
Lu MOTJVAnoNs IDtOLOGIQUES • la première motivation des insurgés est l'antibolchevisme.
En trois ans, le pouvoir bolchevique est devenu une dictature insupportable , même aux yeux des militants révolutionnaires.
les insurgés ne remettent pas en cause la révolution d'Octobre : «la classe ouvrière avait espéré obtenir son émancipation.
Mais il en résulte un esclavage encore plus grand pour les individus» , peut-on lire dans les lzvestias , le 7 mars : «De fait le pouvoir communiste a substitué à l 'emblème glorieux des travailleurs, la faucille et le marteau, cet autre symbole, la baïonnette et les barreaux, ce qui a permis à la nouvelle bureaucratie , aux commissaires et aux fonctionnaires communistes de s'assurer une vie tranquille et sans soucis. >> • les insurgés sont conscients de l'Impossibilité de négociations véritables avec le pouvoir bolchevique.
Ils sont convaincus de l'absence de vertu révolutionnaire de celui-ci qui ne s 'exprime que par des contrôles policiers exercés par la Tcheka et une politique de nationalisations qui met en place un capitalisme d'État.
Prônant une troisième révolution, les insurgés affirment défendre le véritable pouvoir des soviets contre les commissaires du peuple -le gouvernement - et le parti bolchevique.
lA ltAcnON DES BOLCHEVIQUES • Au début du mouvement de grève , le soviet de Petrograd renonce à envoyer sur place des représentants non partisans pour lui faire un rapport de la situation .
Il ordonne l'arrestation des proches des insurgés vivant à Petrograd afin de garantir la vie des commissaires bolcheviques arrêtés à Cronstadt.
• le pouvoir bolchevik dénonce une opération contre-révolutionnaire , lançant des mots d'ordre tels que «les gardes blancs sont à l'œuvre à Cronstadt>> ou «le prolétariat de Cronstadt est vendu à la Finlande et aux espions français ».
• les mouvements de grève gagnent Moscou à partir du 2 mars , tandis que la population apprend que des soulèvements paysans ont lieu dans plusieurs régions très éloignées : Sibérie , Ukraine et Caucase .
• le 4 mars , le soviet de Petrograd, à l'instigation de Grigori Zinoviev, exige la reddition immédiate du CRP.
• le lendemain, Lhm Trotsld, en tant que président du conseil militaire révolutionnaire de la République , confirme l'ultimatum : > et d'« éléments anarchistes petits-bourgeois» , tout en admettant dans un premier temps que le mouvement était favorable à la démocratie des soviets .
lénine ajoute : «C'est une contre-révolution d'un autre genre .
Elle est extrêmement dangereuse , quelque insignifiantes que puissent paraître, à première vue, les corrections qu'on pense apporter à notre politique .
»
•
le bllmbtii'IIHINt de l'ile se poursuit les jours suivants .
les unités bolcheviques progressent en subissant de lourdes pertes.
le froid et le brouillard rendent les conditions de combat pénibles .
• le 16 mars, pour la première fois, I'An.h rtHige effectue une attaque concentrée aprés une importante préparation d'artillerie .
En dépit
de leur avantage numérique , les bolcheviques sont repoussés .
le 17, toutefois , ils l 'emportent les marins qui ne se sont pas réfugiés en Finlande sont éliminés avec l'aide des communistes de l'ile sans pouvoir mener à bien la destruction prévue du Petropavlovsk et du Sébastopol.
• Nommé commissaire de Cronstadt , le bolchevique l'live/ Dybenko organise la répression dans les jours qui suivent la chute de la forteresse.
Plusieurs membres du CRP sont arrêtés et fusillés , comme Perepelkine.
• le bilan humain est terrible : les combats ont fait environ 10 000 morts ; des milliers de personnes sont exécutées ou condamnées à l'exil ; plusieurs milliers d'insurgés fuient en Finlande .
lA POUISUrrE DE
• Plusieurs dirigeants de l'Insurrection, qui ont échappé à la répression , décident de poursuivre la lutte contre les bolcheviques.
Il s'agit notamment de Petritchenko, l'ancien président du CRP, d'lvanov, commandant de la brigade du fort lno, de Krasnekov , commandant d'un régiment d'Infanterie , de Christoforov , l'ancien commandant du Petropavlovsk.
et de Courvoïsier , commandant d'un bataillon de marine .
Ceux-ci se tournent dés lors vers les blancs du général Piotr Nikolaïevitch Wrangel, dont le professeur David Davidovich Grimm est le représentant politique en Finlande.
• Ils élaborent un programme de lutte en six points dans les termes suivants : « l .la possession des terres aux paysans ; 2 .
la liberté des syndicats pour les ouvriers ; 3.
la reconnaissance de l'autodétermination des États frontaliers ; 4.
l'expérience des Cronstadtiens ayant montré que le slogan "tout le pouvoir aux soviets et non aux partis"[ ...
] suscitait la scission dans les rangs communistes, était populaire dans les masses et était capable d'unir tous les partis[ ...
] , nous jugeons nécessaire de mener notre activité ultérieure en Russie soviétique avec ce slogan jusqu'à la victoire sur les communistes; 5 .
[ ..
.
] nous jugeons nécessaire que l'on nous accorde la liberté d'action pour agir à Pétrograd ou dans un autre lieu si les circonstances l'exigent et si la possibilité s'y présente ; 6 .
[ . ..
] vu qu'au cours des trois années d 'agitation les communistes ont inoculé à la masse inconsciente que tous les porteurs d'épaulette étaient ses ennemis jurés , nous jugeons indispensable de mener la lutte sans épaulettes .»
LES CONSÉQUENCES DE LA REVOLTE
LEs CONStQUENCES POunQUES, LA NEP ·Lénine tire dés le 15 mars, lors du X • Congrés du parti bolchevique, les leçons de la révolte ouvrière contre le pouvoir du parti bolchevique en promouvant la Nouvelle Politique économique (NEP) qui prévoit une liste de concessions économiques et sociales au mouvement de mécontentement.
la liberté du commerce privé et de l'activité industrielle, notamment, est rétablie.
En revanche, sur le plan politique, le pouvoir bolchevique maintient son contrôle absolu sur les différentes instances de décision.
·la NEP sera abandonnée après la mort de lénine , en 1924 , et la prise du pouvoir par Staline .
LE DtiAT UBEITAIIES·TIOTSKISTU ·lorsque Trotski , évincé par Staline de la direction du parti bolchevique et condamné à l 'exil, se présentera en Occident à la fois comme la victime du stalinisme et comme un potentiel refondateur du mouvement révolutionnaire , il sera attaqué tant par la gauche libertaire que par les partis de droite et devra répondre de son attitude pendant la révolte de Cronstadt • En janvier 1938, il publiera un article intitulé «Beaucoup de bruit autour de Cronstadt» dans lequel il réduit l'importance de l'événement : «l'insurrection de Cronstadt ne fut qu'un épisode dans l'histoire des relations entre la ville prolétarienne et le village petit-bourgeois ; on ne peut comprendre cet épisode qu'en le mettant en liaison avec la marche générale du développement de la lutte des classes au cours de la révolution.» • Pour contrer l'argument déployé par ses opposants comme quoi le fer de lance des révolutions de 1905 et 1917 avait continué à porter le drapeau de la révolution contre la dictature bolchevique, il insistera sur l'évolution du soviet de Cronstadt laissant entendre qu'il n'abritait plus , au moment de l'Insurrection, de militants révolutionnaires- c'est-à-dire bolcheviques .
Il ajoutera que le soviet de Cronstadt ne pouvait plus représenter un point de vue révolutionnaire, cette ville vivant du commerce et non de la production .
En conclusion , Trotski justifiera la répression, s'abritant derrière l'analyse de lénine : «Au cours de l'année 1921, lénine a plus d'une fois publiquement reconnu que l'obstination du parti à maintenir les méthodes du communisme de guerre était devenue une grave erreur.
[ ...
] Quelles qu'aient été les causes de l'Insurrection de Cronstadt immédiates ou lointaines, sa signification était celle d'une menace mortelle pour la dictature du prolétariat la révolution prolétarienne, même si elle avait commis une erreur politique, devait-elle se punir elle-même et se suicider?».
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