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L'invasion des Etats baltes par l'armée rouge

Publié le 17/01/2022

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15 juin 1940 - Le drame ne trouva d'abord aucun écho dans un monde occidental hébété par un autre cauchemar. Le 15 juin 1940, alors que les Panzer ratissaient la France, l'armée rouge prenait possession des Etats baltes. Affreuses journées pendant lesquelles basculèrent dans la servitude des nations trop petites, trop seules pour tenir tête, trop lointaines pour que leur appel au secours fût entendu. En 1918, les Baltes saisirent l'occasion que leur offraient l'effondrement de l'empire et le coup d'Etat de Lénine. Les bolcheviks étaient alors trop faibles pour narguer dans cette partie de l'Europe des populations décidées à prendre au mot leurs propres promesses sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ils reconnurent l'indépendance des trois Etats qui, d'ailleurs, n'avaient même pas à réclamer ce qu'ils avaient arraché eux-mêmes à la faveur des événements. La Russie signa les traités de paix le 2 février 1920 avec l'Estonie, le 12 juillet avec la Lituanie, et le 11 août avec la Lettonie; les Etats baltes indépendants furent reconnus par le Conseil suprême interallié le 26 janvier 1921 puis admis à la SDN. La période de l'entre-deux-guerres allait être marquée par la signature et le renouvellement de pactes de non-agression entre les Etats baltes et l'Etat soviétique. Dès ce moment, il apparaissait toutefois que l'URSS ne prenait pas son parti de la mutilation subie en 1920. Les Baltes pouvaient redouter le pire. Celui-ci devint inéluctable en août-septembre 1939 lorsque Hitler et Staline se partagèrent les peuples encore libres. En attendant de pouvoir se dévorer mutuellement, les deux complices s'offraient des en-cas. Et pendant cette saison d'amuse-gueules, chacun se promenait impunément dans les " zones " qu'ils s'étaient réciproquement reconnues. Staline marquait son territoire dans les régions baltes et Hitler faisait évacuer les Allemands installés depuis longtemps dans ces Etats. Les négociateurs soviétiques multipliaient les démarches auprès des dirigeants baltes pour qu'ils passent de la neutralité à l'alliance. Ils combinaient caresses et soufflets. Ainsi, le 2 octobre 1939, l'URSS, qui venait de faire main basse sur la partie orientale de la Pologne, offrait généreusement à la Lituanie la région de Wilno, Vilnius, qui était jusqu'alors territoire polonais. Elle exigeait en même temps la signature d'un nouvel accord qui donnait à l'URSS des bases assurant la présence de 50 000 hommes en Lituanie. Le gouvernement, alors installé à Kaunas, résista quelques jours mais céda le 10 octobre après avoir obtenu que le nombre de militaires soviétiques fût réduit de 50 000 à 20 000. Des accords identiques furent imposés à la Lettonie et à l'Estonie. Les dirigeants baltes eurent le sentiment d'avoir évité l'irréparable. Les Soviétiques les confortèrent dans leurs illusions. En fait - mais ils ne le savaient pas encore, - ces pays avaient perdu leur indépendance dès ce mois d'octobre 1939 lorsque Staline fit installer le dispositif militaire, d'abord léger, qui lui permettrait d'avaler sa proie. Prenant prétexte de quelques incidents, provoqués ou réels - mais mineurs, - avec des soldats des bases soviétiques, l'URSS envoya le 14 juin 1940 un ultimatum à chacun des trois Etats baltes. Elle exigeait(en ce qui concerne la Lituanie, par exemple), que M. Skutchas, ministre de l'intérieur, et M. Povilaitis, chef du département de la police politique, " en tant que directement responsables des actes de provocation contre les garnisons soviétiques en Lituanie, soient traduits en justice ". Elle demandait que " soit immédiatement formé en Lituanie un gouvernement capable et disposé à garantir une application honnête du traité d'assistance soviéto-lituanien et à mâter les adversaires dudit traité ". Le paragraphe suivant réclamait " une libre admission sur le territoire lituanien de détachements militaires soviétiques en vue de leur répartition dans les centres les plus importants de Lituanie et en nombre suffisant pour assurer l'application du traité soviéto-lituanien ". Interrogé par son collègue lituanien Urbsys sur l'importance du contingent soviétique, Molotov répondit : " deux à trois corps d'armée ", soit deux 200 000 à 250 000 hommes. Cet ultimatum fut remis le 15 juin à minuit trente. L'URSS exigeait une réponse avant le 15 juin, à 10 heures. Les pays baltes cédèrent devant la force. La soviétisation commença immédiatement. Les nouveaux gouvernements organisèrent à la va-vite une farce électorale avec liste unique. Déjà ceux qui auraient pu opposer une résistance avaient été déportés. Des parlements furent " élus " les 14 et 15 juillet dans les trois pays qu'occupaient environ 800 000 soldats soviétiques. Le sinistre procureur Vichynski dirigeait la manoeuvre à Riga Jdanov, chef du PC de Leningrad, officiait à Tallin et Dekanozov, un séide de Béria et lui-même vice-ministre des affaires étrangères, sévissait à Kaunas. C'est, semble-t-il, M. Malenkov qui, de Moscou, contrôlait le dépeçage. Dans un tumulte indescriptible, alors que la question n'avait même pas été posée pendant l'ultra-brève " campagne électorale ", les députés et tous ceux qui se trouvaient dans la salle, y compris des soldats des forces d'occupation, demandèrent - par acclamations - l'entrée dans l'URSS. La Lituanie fut incorporée le 3 août 1940, la Lettonie le 5 et l'Estonie le 7.

« Baltes (pays) 1 Les pays baltes, constitués par les trois républiques de Lettonie, de Lituanie et d'Estonie, forment l'une des régions les plus originales de l'URSS.

La proximité de l'Occident et la pratique autorisée d'une langue natio­ nale ont renforcé les sentiment particularistes des Baltes qui ne se sont jamais considérés comme partie intégrante du monde slave.

2 De civilisation germano-scandinave, le pays des barons baltes et livoniens eut de nombreux conflits avec la Russie (rivalité entre la Lituanie et la grande principauté de Moscou au XIV e siècle, occupation suédoise et conquêtes des Chevaliers teutoniques).

Situées sur la frange occidentale de la Russie, baignées par le golfe de Finlande et la Baltique, les républiques baltes furent rattachées tardivement à l'URSS (1940), aussi les senti­ ments nationalistes y sont-Hs encore très vivaces. Cer­ taines complaisances envers les troupes nazies ont été cher payées en 1945.

La langue russe ne s'est pas vraiment imposée.

Jusqu'à une date récente, l'accès des pays baltes était interdit aux étrangers» qui jugent par­ fois ses habitants moins expansifs et moins hospitaliers que les Slaves.

3 Le développement politique et économique des pays baltes est ancien : chacun d'eux était, avant 1940, un État indépendant doté d'un régime parlementaire et d'une diplomatie active. Les vestiges de la splendeur hanséa- tique rappellent encore l'ancienneté de la civilisation portuaire de ces pays nordiques. Une main-d'œuvre qualifiée, une longue tradition artisanale y ont fixé de nombreuses industries légères, de précision ou de qua­ lité. (La Lettonie fournit 47 p.

100 des centraux télépho­ niques de l'URSS et 25 p. 100 des postes de radio). Dans les magasins soviétiques, on apprécie fort les articles en provenance des Pays baltes, influencés par le design. »

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