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Louis Antoine de Bougainville

Publié le 27/02/2008

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De sa très longue vie ­ il est mort à quatre-vingt-deux ans ­ l'histoire a retenu surtout son titre de voyageur autour du monde. Et pourtant, Bougainville a été mêlé à tous les événements de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe.             Louis Antoine de Bougainville, fils d'un notaire et échevin de la ville de Paris, naquit le 11 novembre 1729. Il fit de sérieuses études au collège de l'Université et marqua des aptitudes particulières pour les mathématiques ; il publia à vingt-cinq ans un traité de calcul intégral qui eut une certaine réputation. Pour plaire à sa famille, il se fit recevoir avocat. Mais il renonça bientôt à cette carrière, pour prendre celle des armes. Il entra aux mousquetaires noirs, fut aide de camp du général Chevert, fit partie en 1756 de l'expédition du Canada sous les ordres de Montcalm. Entre temps, il avait été secrétaire d'ambassade à Londres, où sa réputation de savant le fit recevoir membre de la Société Royale. Montcalm, qui avait une estime particulière pour Bougainville, le chargea, en 1758, d'aller demander au gouvernement du roi des renforts pour maintenir la colonie. Ce fut à cette occasion que furent prononcées ces paroles souvent citées : le ministre auquel s'était adressé Bougainville lui ayant répondu : " Quand le feu est à la maison, on ne s'occupe pas des écuries ", Bougainville répliqua : " On ne dira pas du moins, monsieur le ministre, que vous parlez comme un cheval ". Il fallut l'intervention toute-puissante de Mme de PompadourP273 pour épargner à Bougainville d'être victime de sa trop vive repartie.   

« hauteur immense que la main d'un décorateur habile aurait parée de guirlandes de feuillages...

” Après deux jours de louvoyages en vue de l'île, Bougainville réussit à trouver un mouillage convenable pour sesnavires.

“ L'affluence des pirogues fut si grande autour des vaisseaux, que nous eûmes beaucoup de peine à nous amarrer aumilieu de la foule et du bruit...

Les pirogues étaient remplies de femmes qui ne le cèdent pas pour l'agrément de lafigure au plus grand nombre des Européennes, et qui, pour la beauté du corps, pouvaient le disputer à toutes avecavantage.

La plupart de ces nymphes étaient nues...

Je le demande : comment retenir au travail, au milieu d'unspectacle pareil, quatre cents Français ? Le moins difficile n'avait pas été de parvenir à se contenir soi-même.

” Le séjour des marins de Bougainville dans cette île qu'il appela “ La nouvelle Cythère E011C ”, et où “ Vénus était la déesse de l'hospitalité ”, présenta de nombreux agréments, mais des incidents nautiques faillirent tourner au tragique.

A cette époque, les ancres étaient mouillées sur descâbles de chanvre, et ceux-ci se coupaient rapidement sur les fonds de corail.

Dès que les vents soufflaient un peu fort, les deux navires risquaientd'être jetés à la côte, et les vents fraîchissaient souvent “ avec une grosse houle, de la pluie, des orages, et toutes les apparences funestes quiaugmentent l'horreur de ces lugubres situations.

” Bougainville perdit six ancres.

Aussi ne resta-t-il que neuf jours au mouillage.

Mais cesquelques jours lui suffirent pour tracer de Tahiti une description enthousiaste, qui inaugurait dans la littérature française une suite de récitsidylliques.

Le 16 avril 1768, Bougainville quitta l'île enchanteresse.

Il emmenait à son bord un Tahitien, Aotourou, désireux de connaître l'Europe, et qui luidonna de nombreux renseignements sur les populations du Pacifique.

La Boudeuse et l' Étoile traversèrent plusieurs groupes d'îles sans s'arrêter. “ Nous fûmes souvent persécutés par les calmes, la pluie et les vents d'ouest.

En général, dans cet océan nommé Pacifique, l'approche des terresprocure des orages, plus fréquents encore dans les décours de la lune.

On ne se figure pas avec quels soins et quelles inquiétudes on naviguedans ces mers inconnues, menacé de toutes parts de la rencontre inopinée de terres et d'écueils, inquiétudes plus vives encore dans les longuesnuits de la zone torride.

Il nous fallait cheminer à tâtons, changeant de route lorsque l'horizon était trop noir devant nous.

” Le 22 mai, Bougainville reconnut deux îles de l'archipel que nous appelons aujourd'hui les Nouvelles-Hébrides, et qu'il appela les GrandesCyclades.

Ces deux îles portent encore le nom qu'il leur a donné : Pentecôte et Aurore.

La Boudeuse et l' Étoile purent s'y rafraîchir, mais l'hostilité des indigènes, “ vilains, mal faits, et couverts de lèpre ” les obligea à repartir.

Les deux navires connurent les tribulations habituelles alors auxlongs voyages : “ Nous n'avions plus de pain que pour deux jours, des légumes pour quarante jours, la viande salée était en plus grande quantité,mais elle infectait.

Nous lui préférions les rats qu'on pouvait prendre.

” Enfin, après plusieurs jours de louvoyage, ils se crurent dédommagés de leurs peines : “ Longtemps avant le lever de l'aurore, le 10 juin, une odeurdélicieuse nous avait annoncé le voisinage d'une terre qui formait un grand golfe ouvert au sud-est.

J'ai vu peu de pays dont le contour fût plusbeau.

Un terrain bas, partagé en plaines et bosquets, régnait sur le bord de la mer, et s'élevait ensuite en amphithéâtre jusqu'aux montagnes dont lacime se perdait dans les nues.

” C'était une île de l'archipel Salomon, que Bougainville appela la Louisiade.

Mais les mauvais temps empêchèrent laBoudeuse et l' Étoile de gagner ce mouillage séduisant.

“ Les jours qui suivirent le 11 juin furent affreux : tout fut contre nous : le vent, la pluie, une brume si épaisse que nous étions forcés de tirer des coups de canon pour nous conserver avec l' Étoile qui contenait une grande partie de nos vivres, enfin une mer très grosse qui nous affalait sur la côte.

A peine nous soutenions-nous en louvoyant, forcés de virer vent arrière, et nepouvant faire que très peu de voiles.

Nous courions ainsi nos bords à tâtons au milieu d'une mer semée d'écueils, étant obligés de fermer les yeuxsur tous les indices des dangers...

Je ne voulais pas faire sonder ; la certitude du péril ne l'eût pas diminué, et il était le même quelque autre partique nous eussions pris.

” Le temps ne se remit au beau que le 16 juin.

Malheureusement, le plus cruel des ennemis était à bord : la faim.

Ilfallut réduire la ration de pain et de légumes.

Il fallut aussi défendre de manger les vieux cuirs pour éviter defunestes indigestions.

On tua une chèvre embarquée aux Malouines, un chien pris dans le détroit de Magellan.

Ilétait nécessaire de trouver au plus tôt une terre hospitalière.

Ce ne fut que le 7 juillet, après diverses tentatives dedébarquement sur des îles inconnues, que les deux navires mouillèrent dans une baie magnifique, Port-Praslin.

LaNouvelle-Bretagne, où se trouvait cette baie, fait partie du groupe d'îles que nous appelons aujourd'hui l'archipelBismarck.

La pluie était continuelle, et si le port offrait un bon mouillage, l'île ne procurait que peu de ressources, à part del'eau et du bois, ce qui était déjà beaucoup.

On se contenta de coquillages et de choux palmistes pour réconforterles malades.

Le 19 juillet, les vaisseaux étaient prêts à partir, mais le temps ne faisait qu'empirer : grand vent dusud, déluge de pluie, tonnerre, grains en tourmente.

La mer était très grosse dehors et les oiseaux pêcheurs seréfugiaient dans la baie.

“ Le 22 nous ressentîmes plusieurs secousses de tremblement de terre.

Elles furent trèssensibles sur nos vaisseaux et durèrent environ deux minutes.

Pendant ce temps, la mer haussa et baissa plusieursfois de suite, ce qui effraya beaucoup ceux qui pêchaient sur les récifs et leur fit chercher un asile dans lesbateaux.

Au reste, il semble que dans cette saison les pluies soient ici sans interruption.

Un orage n'attend pasl'autre, le tonnerre gronde presque continuellement et la nuit donne l'idée des ténèbres du chaos.

” Ce ne fut que le 24 juillet que les deux navires réussirent à reprendre la mer, et à faire route vers les Moluques.

Onavait pu renouveler la provision d'eau et réparer les mâtures, mais il n'avait pas été possible de se procurer desvivres en abondance et la situation des équipages devenait critique.

“ Le peu qui nous restait de vivres était enpartie gâté et dans tout autre cas on eût jeté à la mer toutes nos salaisons.

Mais il fallait manger le mauvais commele bon.

Qui pouvait savoir quand cela finirait ? Telle était notre situation de souffrir en même temps du passé quinous avait affaiblis, du présent dont les tristes détails se répétaient à chaque instant, et de l'avenir dont le termeindéterminé était presque le plus cruel de nos maux.

Je dois cependant publier qu'aucun ne s'est laissé abattre, etque la patience à souffrir a été supérieure aux positions les plus critiques.

Les officiers donnaient l'exemple, etjamais les matelots n'ont cessé de danser le soir, dans la disette comme dans les temps de la plus grandeabondance.

”. »

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