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Louis IX ou Saint-Louis

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Lorsque de façon inattendue, Louis VIII mourut d'une brève maladie à Montpensier, en Auvergne, le 8 novembre 1226 au retour d'une expédition victorieuse contre les Albigeois, le royaume de France se trouva entre les mains d'un enfant âgé de douze ans environ. Certes, le roi défunt, avant de mourir, avait confié à la reine Blanche la garde de l'enfant et la régence du royaume. La situation n'en était pas moins très grave et la régente pouvait craindre des soulèvements dans les pays récemment conquis, des rébellions dans le reste du royaume lui-même de la part de grands vassaux ambitieux et jaloux du pouvoir exercé par une femme d'origine étrangère. Mais Blanche, " qui prit courage d'homme en coeur de femme ", sut faire face aux difficultés avec une énergie peu commune et un remarquable esprit de décision. En moins de trois semaines, la dépouille de Louis VIII est inhumée à Saint-Denis (le 15 novembre), le prince héritier armé chevalier à Soissons et sans délai conduit à Reims (le 29) pour y être couronné : traditionnelle et indispensable cérémonie du sacre qui seule faisait de l'héritier de la couronne l'oint du Seigneur et le roi légitime.          Grâce à Blanche de Castille, les révoltes anarchiques des grands vassaux (Champagne, Bretagne, Marche, Toulouse, Foix, Boulogne, et le roi d'Angleterre soi-disant " duc de Normandie ") sont brisées à deux reprises, mais non sans peine, en usant tour à tour de la force des armes et de tractations diplomatiques (traités de Vendôme, 1227 ; de Meaux et de Paris, 1229) Et dans cette tâche ardue jamais ne lui font défaut la fidélité des grands officiers de la couronne, vieux serviteurs des règnes précédents (le chancelier, frère Guérin ; le chambrier, Barthélemi de Roye, etc.), ni la loyauté du bon peuple de France, à Paris notamment et dans les villes de commune, ni l'appui constant de l'Église, protectrice naturelle de la veuve et de l'orphelin.    

« Lorsque de façon inattendue, Louis VIII mourut d'une brève maladie à Montpensier, en Auvergne, le 8 novembre 1226 au retour d'une expédition victorieuse contre les Albigeois, le royaume de France se trouva entre les mains d'un enfant âgé de douze ans environ.

Certes, le roi défunt, avantde mourir, avait confié à la reine Blanche la garde de l'enfant et la régence du royaume.

La situation n'en était pas moins très grave et la régente pouvait craindre des soulèvements dans les pays récemment conquis, des rébellions dans le reste du royaume lui-même de la part de grandsvassaux ambitieux et jaloux du pouvoir exercé par une femme d'origine étrangère.

Mais Blanche, " qui prit courage d'homme en cœur de femme ",sut faire face aux difficultés avec une énergie peu commune et un remarquable esprit de décision.

En moins de trois semaines, la dépouille de Louis VIII est inhumée à Saint-Denis (le 15 novembre), le prince héritier armé chevalier à Soissons et sans délai conduit à Reims (le 29) pour y êtrecouronné : traditionnelle et indispensable cérémonie du sacre qui seule faisait de l'héritier de la couronne l'oint du Seigneur et le roi légitime.

Grâce à Blanche de Castille , les révoltes anarchiques des grands vassaux (Champagne, Bretagne, Marche, Toulouse, Foix, Boulogne, et le roi d'Angleterre soi-disant " duc de Normandie ") sont brisées à deux reprises, mais non sans peine, en usant tour à tour de la force des armes et detractations diplomatiques (traités de Vendôme, 1227 ; de Meaux et de Paris, 1229 ) Et dans cette tâche ardue jamais ne lui font défaut la fidélité des grands officiers de la couronne, vieux serviteurs des règnes précédents (le chancelier, frère Guérin ; le chambrier, Barthélemi de Roye, etc.), ni laloyauté du bon peuple de France, à Paris notamment et dans les villes de commune, ni l'appui constant de l'Église, protectrice naturelle de la veuveet de l'orphelin.

Ainsi lorsque, parvenu à l'âge d'homme dans sa vingt et unième année, Louis IX épouse Marguerite P2081 , fille de Raymond-Bérenger P2422 , comte de Provence (Sens, 27 mai 1234) la régente peut considérer avec une juste fierté l'œuvre accomplie en quelques années : comment, malgré maintestraverses, elle a conservé le patrimoine dont elle avait reçu la garde.

Non seulement l'héritage de Philippe Auguste P263 , l'aïeul, qui avait grandement accru le domaine royal (d'où ce nom d'Auguste), mais aussi celui qui avait été légué au Capétien par Amauri de Montfort P1079 , comte de Toulouse et duc de Narbonne : toutes ces terres méridionales qu'il avait fallu, à la vérité, reconquérir les armes à la main sur la maison de Saint-Gilles ! Mais enfin la bannière fleurdelisée flotte désormais sur le Languedoc méditerranéen, à Nîmes comme à Beaucaire, à Carcassonne comme àBéziers.

Plus encore se comprend la fierté de Blanche à contempler ce fils qu'elle a élevé et formé avec dilection, éveillant son intelligence, soncœur et son âme, selon les voies de Dieu " par qui règnent les rois ".

Au physique, Louis est dans sa jeunesse un beau chevalier, ferme sur sa monture et tenant bien l'épée, mince et dehaute taille, avec un " visage angélique ", qu'éclairent des " yeux de colombe " et qu'encadre une chevelure blonde ;dans son âge mûr, c'est un ascète : dominant ce long corps, de santé parfois trop fragile, encore aminci par lesjeûnes, les veilles, les macérations, sa tête légèrement s'incline, mais garde toujours pour ceux qui l'approchent uncharme où tant de vertus se mêlent que beaucoup déjà ne doutent pas d'y voir l'auréole de la sainteté.

On ignore quel fut le maître choisi par la reine Blanche P035 pour enseigner à son fils la " science des lettres " et le former suivant les bons principes, utilisant au besoin la férule ; et c'est assurément dommage.

Mais la chose, en somme, importe peu puisque l'on sait que la reine veillapersonnellement avec le plus grand soin à son éducation de roi et que sa formation fut profondément chrétienne.

Nourri de l'Ancien et duNouveau Testament, des livres des Pères et de la vie des saints, il connaissait à fond la doctrine de l'Église et aimera à s'en entretenir avec les plusgrands théologiens de l'Université de Paris.

Éducation d'un clerc, mais aussi d'un politique ayant lu l'histoire des rois ses prédécesseurs et celledes anciens empereurs romains.

Aussi bien est-il dans cet entourage très fidèle de conseillers, clercs et chevaliers, milieu où se précisait depuispeu la notion de " couronne " (qui est celle-là même de l'État), et où s'impose encore la puissante personnalité de Philippe Auguste P263 , que Louis IX approcha dans son enfance et dont il évoquait volontiers le souvenir.

Pour connaître vraiment le caractère de Saint Louis, rien ne vaut de l'entendre parler lui-même, ce qu'il faisait bien, aisément, avec esprit.

Ses" propos ", pieusement recueillis, ont pu être comparés aux " Pensées " de Marc Aurèle P217 .

On n'en rapportera ici qu'un choix forcément très limité.

A son fils Philippe P2324 et à Thibaud de Champagne P2641 , son gendre : Vous vous devez bien vêtir et proprement, car vos femmes vous en aimeront mieux, et vos gens vous priseront plus, car, dit le sage on se doit parer en vêtements et en armures de telle manière que lesprud'hommes de ce siècle ne disent pas qu'on en fait trop ni les jeunes gens qu'on n'en fait pas assez.

A Robert de Sorbon, lors d'une discussion plaisante sur les raisons pour lesquelles prud'homme vaut mieux que béguin (dévot) : Maître Robert, je voudrais bien avoir le nom de prud'homme ; mais, que je le fusse, et tout le reste je vous le laisserais, car prud'homme est si grande chose et sibonne que même à le nommer il emplit la bouche.

A quelques familiers qui murmuraient de ses larges aumônes : J'aime mieux que l'excès des grandes dépenses que je fais le soit en aumônes pour l'amour de Dieu qu'en faste ou en vaine gloire de ce monde.

A une certaine Sarrète, l'apostrophant au Palais : " Fi ! Fi ! Dusses-tu être roi de France ! Combien eût-il mieux valu qu'un autre fût roi que toi, cartu es roi seulement des mineurs, des prêcheurs, des prêtres et des clercs.

Grand dommage que tu sois roi et c'est grand'merveille que tu ne sois pasbouté hors du royaume ", il répond en souriant (après avoir toléré cette longue diatribe) : Vous dites vrai, je ne suis pas digne d'être roi.

Et, s'il eut plu à Notre-Seigneur, c'eût été mieux qu'un autre eut été roi que moi, qui mieux sût gouverner le royaume.

A son frère Charles qui le pressait, en Égypte, de monter dans un navire pour ne pas tomber entre les mains des Sarrasins : Comte d'Anjou ! Comte d'Anjou ! si je vous suis à charge, allez-vous-en ! Pour moi je n'abandonnerai pas mon peuple.

Au même, pour avoir indûment retenu en prison un chevalier, bien qu'il eût fait appel d'une sentence injuste : Il ne doit y avoir qu'un seul roi en France et ne croyez pas, parce que vous êtes mon frère, que je vous épargnerai contre toute justice, en quoi que ce soit.

A l'empereur Frédéric II P110 qui avait fait arrêter des prélats français convoqués à Rome : Le royaume de France n'est pas encore si débile qu'il. »

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