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Louis XI (Histoire)

Publié le 22/02/2012

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Louis XI a été diversement jugé par ses contemporains et même par l'Histoire. Poussé au noir par les uns, porté aux nues par les autres, il n'a été ni si totalement fourbe ni si parfaitement habile qu'on a bien voulu le dire. L' "universelle araignée" du chroniqueur bourguignon Chastellain n'était pas ce tyran sombre et perfide que décrit un autre de ses ennemis, l'évêque de Lisieux, Thomas Basin, mais un souverain passionné pour son métier, actif, méthodique, sans cesse en chemins, voulant tout voir et tout savoir par lui-même. Sans doute, il était subtil et rusé, adorait les intrigues ; son imagination vive se montrait fertile en combinaisons de toutes sortes ; malgré son physique disgracieux (il était d'aspect débile, ayant un nez trop long avec de petits yeux perçants, des jambes grêles et une démarche embarrassée), il pouvait se montrer dans la négociation un redoutable séducteur : "Et ne se ennuyoit point, dit Commines, a estre reffusé une fois d'un homme qu'il pratiquoit a gaigner mais y continuoit en luy promectant largement et donnant par effect argent et estat qu'il congnoissoit qui luy plaisoient."
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« campagnes victorieuses des capitaines de Charles VII avaient ramené dans l'obédience française tous les territoiressitués au sud de la Somme, entre les domaines bourguignons et ceux du duc de Bretagne ; l'Angleterre, neutraliséepar la guerre civile qui opposait la maison d'York à celle de Lancastre, avait cessé d'être redoutable ; lesordonnances promulguées autour de 1440 avaient réorganisé l'armée, protégé le clergé français contre les exactionsdu Saint-Siège, assaini les finances ; le commerce, sous l'impulsion d'hommes hardis tels que Jacques Cœur, avaitpris un essor nouveau.

Mais le pouvoir royal restait sans cesse menacé par la turbulence des seigneurs, que lesconditions difficiles de la guerre franco-anglaise avaient habitués à ne prendre conseil que d'eux-mêmes, le jeunefrère du roi pouvant devenir un "prétendant" idéal à opposer au souverain légitime ; quant aux voisins immédiats duroyaume, trop puissant duc de Bourgogne ou duc de Bretagne, ils agissaient en adversaires bien plus souvent qu'enalliés. Imposer son autorité à l'intérieur et détruire la puissance de son dangereux rival bourguignon furent, dès le premierjour et pendant tout son règne, les objectifs majeurs de Louis XI.

Il commença mal.

Desservi par son impatience, quilui fit tant de fois gâcher ses meilleures cartes, il se montra brutal à l'égard des serviteurs de son père, bannissantles uns, destituant les autres.

Des suppressions de droits seigneuriaux, de privilèges ecclésiastiques irritèrent leclergé et la noblesse ; une certaine incohérence dans les premières mesures financières (le roi avait promis d'abord,dans plusieurs provinces, de remplacer les impôts par un abonnement annuel, mais les besoins de sa politiquel'obligèrent à revenir à l'ancien système fiscal et même à l'aggraver) inquiéta le pays.

De nouveau, la guerre civilemenaça ; à la Praguerie de 1440 succéda en 1465 la Ligue du Bien Public, menée par les mêmes hommes ou presque: ducs de Bourbon et d'Alençon, comte d'Armagnac, Dunois.

Les coalisés avaient pris pour chef nominal le princeCharles, héritier du trône, qui devait prendre la régence après la déposition du roi ; ils disposaient du soutien effectifde la Bretagne et de la Bourgogne.

Les troupes royales remportèrent un premier avantage en occupant le Berry,apanage du prince Charles, et le Bourbonnais ; mais la capitale était menacée par les forces bourguignonnes venuesdu nord, et par celles de Bretagne arrivant de l'ouest.

Une bataille eut lieu à Montlhéry entre Français etBourguignons, le 16 juillet ; chacun des deux partis s'attribua la victoire et si le roi réussit à conserver Paris, lesforces rebelles purent faire leur jonction devant la ville.

La Normandie se déclara pour les ligueurs.

L'épreuve deforce pouvait briser l'unité du royaume.

Aussi Louis XI préféra-t-il négocier ; il signa avec ses adversaires les traitésde Conflans et Saint-Maur-des-Fossés dans lesquels, dit Commines, "le bien publicque estoit converti en bienparticulier".

Entre autres conditions, le prince Charles recevait en apanage la Normandie et le comte de Charolais, lefutur Charles le Téméraire, se faisait rendre les villes de la Somme que le roi venait de racheter à son père à prixd'or. Louis XI était bien décidé à garder la Normandie ; deux mois après Conflans, il prit prétexte de l'attitudeenvahissante du duc de Bretagne à l'égard du prince Charles pour reprendre la province : "Il me faut aler secourirmon frère", disait-il.

Cette décision réconcilia le prince avec le duc de Bretagne et la guerre faillit reprendre.

Charlesle Téméraire, qui succéda à son père en 1467, menaçait d'entrer en campagne de son côté.

Louis XI para denouveau.

Il réunit les États Généraux à Tours en avril 1468 et leur fit déclarer la Normandie inaliénable ; ses troupesenvahirent la Bretagne, contraignant le duc à signer la paix ; enfin, il décida de rencontrer personnellement le ducde Bourgogne.

L'entrevue eut lieu à Péronne en octobre 1468 et faillit être fatale au roi.

Le surlendemain de sonarrivée, alors qu'il était venu avec une petite escorte, la nouvelle parvint à Péronne que les habitants de Liège,excités par des émissaires de Louis XI, s'étaient révoltés et avaient massacré leur évêque.

La nouvelle était enpartie fausse, l'évêque n'était pas mort ; mais le duc le crut et entra dans une fureur terrible.

Il médita les piressévices contre le roi.

Louis XI se tira de ce mauvais pas avec souplesse ; prodiguant l'or et les flatteries auxconseillers du duc, il obtint un traité dont il accepta les plus dures conditions : confirmer la cession des villes de laSomme, exempter les tribunaux de Flandre du ressort du Parlement de Paris, enfin clause la plus humiliante marcheren personne contre Liège.

Il assista, aux côtés du duc, à la destruction de cette ville qu'il avait lui-même poussée àla révolte. L'effet produit dans le royaume fut considérable.

A Paris, racontent certains chroniqueurs, les perroquetsapprenaient à répéter "Péronne, Péronne" et les archers de la garde écossaise leur firent la chasse "commejacassant mots inconvenans a la majesté royale".

Louis XI n'avait cure de tout cela.

Une bataille perdue n'est pas ladéfaite finale.

Il n'allait pas tarder à prendre sa revanche. Des circonstances favorables l'y aidèrent : la mort de son frère en 1472 (survenue si à propos, dont il se réjouit siouvertement qu'on l'accusa de l'avoir fait empoisonner) priva les coalitions féodales de leur chef de file ; on pouvaitdésormais frapper durement les irréductibles et rallier les autres.

Du côté bourguignon, le caractère de Charles leTéméraire fut le meilleur atout du roi.

Homme orgueilleux, violent, d'une ambition sans limites, sujet aux idées fixes,le duc se lança dans de folles entreprises de conquête qui allaient l'affaiblir, puis le perdre.

Rêvant de reconstituerl'ancien royaume de Lotharingie, il s'épuisa en vaines campagnes le long du Rhin, en Suisse, en Lorraine.

Louis XI,pendant ce temps, séduisait ses alliés, encourageait ses ennemis.

Charles le Téméraire comptait sur l'appui del'Angleterre dont le roi, Édouard IV d'York, qui avait triomphé des Lancastre en 1461, était son beau-frère.

Peuaprès Péronne, Louis XI réussit à détacher d'Édouard IV son principal soutien, le comte de Warwick, et à provoquerla restauration temporaire d'Henry VI.

Aussitôt, les ambassadeurs français proposèrent à Henry VI le démembrementdes États bourguignons et les troupes françaises s'emparèrent de la Picardie.

Mais le triomphe de la Rose rouge nedura pas ; au bout de six mois, Édouard IV revint à l'attaque, remporta les victoires de Barnet (où Warwick fut tué)et de Tewkesbury et reprit son trône.

Édouard et Charles le Téméraire décidèrent alors d'entrer ensemble encampagne contre le roi de France.

Fort heureusement, Édouard mit si longtemps à se préparer que, lorsqu'ildébarqua enfin à Calais le 6 juillet 1475, le duc n'avait plus en tête que la conquête de la Lorraine et qu'il planta làson allié.

Harcelés par l'armée française, manquant de vivres, les Anglais furent vite découragés ; Louis XI n'eut. »

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