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Louis XIV (Histoire)

Publié le 22/02/2012

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Si, au XVIIe siècle, la plupart des pays européens étaient gouvernés par des institutions monarchiques, d'ailleurs différentes de l'un à l'autre, Louis XIV parut à ses contemporains le roi par excellence, le Grand Roi. La durée de son règne, 1643-1715, soixante-douze ans, de son gouvernement personnel, 1661-1715, cinquante-quatre ans, l'éclat de ses victoires militaires et la surprise des redressements aux heures difficiles des dernières guerres, la renommée d'un pays peuplé et producteur, dont l'étranger pensait que les finances royales tiraient d'inépuisables ressources, les oeuvres de civilisation comme autant de modèles à imiter, tout contribuait, de son temps, à un immense prestige, où il entrait d'ailleurs plus de crainte que de dilection. Voltaire a écrit le Siècle de Louis XIV pour l'égaler aux plus grands de l'histoire. Mais, depuis, les historiens se sont partagés entre admirateurs et contempteurs, acharnés à l'éloge et au blâme, bien que les jugements de valeur ne soient pas la fin de l'histoire. Reste cette question : comment Louis XIV a-t-il agi en homme d'État ?
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« anciennes coutumes et savaient opposer la résistance de l'inertie.

Toutefois, compte tenu des conditions généralesdu temps et de celles particulières à la France, Louis XIV obtint, plus qu'aucun autre souverain alors, une sorte deconsentement général à son autorité et, à certaines heures, au moins dans l'élite, une fierté nationale de sesgrandes actions et de ses succès, voire, dans le péril de la dernière guerre, une adhésion à sa politique, unrassemblement du royaume autour de lui.

Ce qui n'a certes pas empêché, tout au long du règne, la renaissanceconstante d'oppositions.

Il souhaitait l'amélioration en toutes choses bien qu'il n'eût pas l'esprit inventif et désirait laprospérité de ses sujets, parce qu'il aimait ses peuples dans la tradition du paternalisme royal, mais surtout parcequ'un royaume avait absolument besoin d'ordre, de discipline et de richesse, afin de tenir au-dehors un grand rôleglorieux. La gloire fut le grand mobile de sa politique et de son action d'homme d'État.

Elle paraissait alors consubstantielle àla fonction royale et chaque roi se devait de la chercher.

Il y avait toujours moyen de soutenir qu'il existait desguerres justes et que, par la guerre, on parviendrait à un ordre plus équitable, dont les peuples bénéficieraient.

Ceque devait exprimer plus tard à Versailles la composition d'un merveilleux ensemble, allant du salon de la Guerre, parla galerie des Glaces qui célébrait les victoires, au salon de la Paix, d'une paix garantie à une Europe persuadée etsoumise. Louis XIV tenait pour une condition naturelle la rivalité entre la France et l'Espagne, de telle sorte que l'une nepouvait s'élever sans abaisser l'autre.

Mais il admettait qu'aucun traité n'était conclu "en prenant les paroles à lalettre" et sans l'arrière-pensée de violer aussitôt les clauses signées et d'entretenir dans le pays de l'adversaire "lesdésordres domestiques et les guerres civiles".

Il cherchait à constituer à l'étranger des factions à sa dévotion, pardes largesses aux ministres et aux personnages influents, autant de véritables achats de consciences.

De tellespratiques lui dissimulèrent la force de sentiments collectifs comme l'attachement des Anglais à leurs libertéspolitiques et à la religion protestante, des Allemands au Saint-Empire ou la solidarité des nations chrétiennes en facedu péril turc, auquel elles étaient plus directement opposées.

Il ignorait tout ce qu'il pouvait y trouver de résistanceaux entreprises de sa politique. Enfin, justifiant trop aisément par la nécessité de la guerre des procédés horribles comme la dévastation duPalatinat (1688-1689), il excita contre lui-même et contre la France des ressentiments publics assez tenaces pourêtre transmis aux générations futures, cependant que les polémistes étrangers dénonçaient en lui un conquérantinsatiable, que l'Europe tout entière avait lieu de craindre. La première guerre contre l'Espagne, celle de Dévolution (1667-1669) entreprise avec la complaisance del'Angleterre et de l'Empereur, put se dérouler favorablement et conduire à des résultats avantageux et raisonnables: la cession de places aux Pays-Bas.

Déjà la seconde, celle de Hollande, par son caractère provocateur et lesexigences excessives après les victoires, suscita la coalition de l'Espagne et de l'Empire.

Toutefois, la qualité del'armée et de la flotte assura la victoire finale de Louis XIV qui, au traité de Nimègue, obtint de nouvelles villes duNord et la Franche-Comté.

Les ministres Croissy et Louvois poussèrent à exploiter exagérément ces avantages.

DesChambres de réunions eurent charge d'examiner les anciens titres et sous prétexte que les territoires cédés l'étaientavec leurs dépendances (clause traditionnelle) d'étendre les prétentions de la France.

L'effort pour imposer àl'Europe la reconnaissance des réunions entraîna Louis XIV dans une politique dangereuse, dont ni lui ni ses ministresne mesurèrent toutes les conséquences.

Strasbourg, Casal furent conquises et l'on refusa de participer en 1683 à ladéfense de Vienne contre les Turcs, malgré les appels du pape, de l'Italie, de l'Allemagne.

Pourtant, les réunionsfurent acceptées pour vingt ans, lors des trêves de Ratisbonne. Après la révolution d'Angleterre, qui plaçait à la tête d'un pays puissant et déjà compétiteur de la France pour lesaffaires de la mer le plus irréductible adversaire de Louis XIV, Guillaume d'Orange, ce fut une coalition de toutel'Europe qu'il fallut combattre, dans la guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697).

La lutte fut dure, mais enfin lapaix de Ryswick (où, dans la modération montrée par Louis XIV, on reconnaît l'influence de son ministre Pomponne)fut encore avantageuse et la plus raisonnable du règne.

Si Louis XIV restituait une partie des réunions, il conservaitStrasbourg, acquisition capable de compenser pour la sécurité territoriale du royaume l'abandon de Pignerol en Italieet le retour de son duc en Lorraine.

A la fin du siècle, mais au prix de lourds sacrifices, la politique du roi avait reculéla frontière du Nord-Est, longtemps dangereusement proche de Paris, porté celle de l'Est jusqu'au Rhin, à l'abriduquel les intendants avaient constitué, d'une poussière de seigneuries, la province française d'Alsace.

Surtout lesystème des forteresses, construit par Vauban, l'une des plus remarquables œuvres du temps, mettait le royaume àl'abri de l'invasion. Ne prétendant plus à l'hégémonie en Europe, Louis XIV s'entendit avec l'Angleterre et les Provinces Unies pour unpartage éventuel de la succession d'Espagne, que la mauvaise santé de Charles II laissait prévoir prochaine : laFrance devait se contenter d'arrondissements à ses frontières.

Mais le roi d'Espagne, refusant le morcellement de samonarchie, l'offrit tout entière par testament au second petit-fils de Louis XIV, Philippe d'Anjou.

Louis XIV se trouvaplacé devant l'une des plus graves responsabilités de tout son règne.

Après délibération, il accepta le testament.C'est le moyen, dit-il, de conserver la paix à l'Europe.

Ce fut, en réalité, la cause d'une nouvelle, longue et terribleguerre où l'on crut un moment (1709 et 1710) qu'il faudrait capituler et ramener le royaume à ses frontières de1648.

Mais la nation fit front à l'ennemi et les clauses des traités d'Utrecht et de Rastatt (1713-1714) en préservantLille et Dunkerque, même démantelée, Strasbourg et Landau, parurent inespérées.

On a fait à Louis XIV un grandgrief de cette guerre.

L'eût-il évitée en s'en tenant aux traités de partage ? Le successeur désigné par Charles IIaurait été, dans ce cas, le second fils de l'Empereur et qui, n'étant lié avec personne, pouvait ne pas consentir auxcessions prévues.

En outre, dans une conjoncture aussi délicate, aucun gouvernement d'Europe n'était en mesure. »

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