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Louis XV

Publié le 22/02/2012

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Louis consacra beaucoup de son temps et de son énergie à préserver son intimité et comme il s'abstint de susciter et d'organiser la moindre propagande autour de sa personne, il fut longtemps un des hommes d'État les plus mal connus et les plus décriés. Ce mauvais renom ne s'attacha à lui qu'après sa mort, sous un double effet. D'une part, la haute magistrature, matée par lui en 1771, le prit en exécration et déversa sur lui un flot de calomnies. D'autre part, les pamphlétaires de la fin du régime et de la Révolution, incapables de trouver dans les moeurs de Louis XVI de quoi éclabousser la monarchie et la dynastie, se rabattirent sur la vie privée de Louis XV et, non contents de rappeler ses fautes, inventèrent à son sujet des récits abjects. Les historiens romantiques se régalèrent de ces légendes graveleuses et de ces rancoeurs parlementaires. Depuis, les progrès de la recherche, en histoire comme en psychologie, ont permis d'approcher le vrai Louis XV.

« carême, assistant régulièrement aux offices avec une dévotion sincère.

Ses fautes n'aveuglèrent jamais son âme et,grâce à sa modestie, il garda toujours le sens du péché, dont la perte est signe d'un total égarement spirituel.

Ilsouffrit de ses fautes et pensa qu'en lui les défaillances de l'homme privé ne devaient pas altérer la soumission du roià l'Église et que sa politique devait en quelque sorte les racheter.

Ses rapports avec le Saint-Siège attestent cettedéférence : jamais il n'afficha envers le pape la hauteur et la dureté dont avait usé Louis XIV.

Au reste, il étaitpénétré du caractère religieux et sacré de la royauté française.

Fleury ne l'avait pas nourri des doctrinesdébilitantes de Fénelon et les théories politiques des philosophes des lumières eurent peu de prise sur lui. Homme de son temps, Louis XV le fut par la confiance et l'intérêt qu'il accorda aux savants et aux artistes.

Il aimaits'enfermer avec Gabriel pour tracer des plans et discuter d'architecture.

Il parlait volontiers d'économie politiqueavec Quesnay.

Il se tenait au courant des inventions et des découvertes ; il créa à Trianon un jardin botanique, fitinstaller à la Muette un cabinet de physique ; à plusieurs reprises Buffon et l'abbé Nollet répétèrent devant lui leursexpériences d'électricité.

Ses connaissances médicales lui permettaient de donner sur les maladies de ses procheset de ses courtisans des jugements précis, que d'aucuns prenaient pour la manifestation d'un humour macabre ; lafaveur qu'il marqua à ses chirurgiens et à l'Académie de Chirurgie a assuré les progrès de la médecine de son temps.La science lui tenait lieu de consolation et de dérivatif dans les épreuves : pendant que le dauphin son fils semourait, le roi, pour oublier son chagrin, se retirait de longues heures dans ses cabinets avec Cassini pour faire desmathématiques. Avec ces goûts de scientifique, Louis XV était peu porté vers les belles-lettres, ou plutôt vers les gens de lettres,qui l'agaçaient et lui inspiraient une défiance et une répulsion qu'il ne put surmonter.

Aussi les beaux esprits de sonroyaume, tel Diderot, allèrent-ils prodiguer encens et flatteries au roi de Prusse et à la tsarine, qui étaient, certes,fort despotiques, mais pensaient philosophiquement.

Si Louis XV avait consenti à caresser les écrivains de sonrègne, il serait entré dans la postérité avec une réputation très différente. A la mort du cardinal de Fleury, lorsque le roi put exercer le pouvoir sans partage, les institutions centrales étaienttoujours celles dont s'était servi Louis XIV.

Dans un système constitutionnel coutumier, où le souverain était sourcede tout pouvoir, les ministres n'avaient théoriquement aucune autorité propre.

Ils étaient seulement les exécutantsdes décisions du prince et ces décisions se donnaient principalement de deux manières : soit au Conseil, soit aucours d'entretiens particuliers de Sa Majesté et de ses ministres.

Chaque semaine, des jours et heures fixes étaientaffectés aux différents conseils et aux entrevues des ministres avec le roi, sans parler des séances imprévuesimposées par les circonstances.

Cette mécanique gouvernementale était réglée comme celle de la cour, danslaquelle elle était imbriquée : impossible au roi d'être paresseux. Ponctuellement, Louis XV réunit ses conseils et reçut ses ministres, mais le travail personnel du souverain prit aveclui une ampleur inconnue auparavant.

Comme tous les timides, il était plus sûr de lui et plus décidé la plume à lamain et dans la solitude de son cabinet, que dans son Conseil ou son tête-à-tête avec les ministres.

Homme debureau, il ne se sentait à l'aise qu'entouré de dossiers.

Il écrivait beaucoup et facilement, d'un style heurté et d'uneécriture élégante et racée ; il apostillait en abondance projets, rapports ou lettres, ne craignant pas d'entrer dansles détails.

Le sérieux ou la spécificité des questions ne le rebutaient pas et il s'en posa à lui de fort graves. En dépit d'apparences aimables, son règne ne fut pas facile.

Certes, une conjoncture économique favorable assura àson royaume une ère de prospérité et d'enrichissement continus, mais les difficultés ne manquèrent point parailleurs.

Pendant une partie du siècle, les relations internationales furent encore dominées par les problèmes desuccession.

Les traités d'Utrecht et de Rastatt (1713 et 1714), en mettant fin à la guerre de Succession d'Espagne,avaient instauré en Europe un équilibre fragile, deux des parties contractantes, le roi d'Espagne et l'empereur, ayantaccepté de mauvais gré les concessions qu'ils leur imposaient.

A la mort de Louis XIV, le respect de ces traitésimportait autant à l'Angleterre, leur grande bénéficiaire, qu'au Régent, appelé à régner en cas de décès du jeuneLouis XV.

D'où un rapprochement entre la Grande-Bretagne et la France, celle-ci tournant le dos à l'Espagne, dontl'intérêt était concentré sur l'Italie, où elle avait dû abandonner ses possessions et souhaitait régler à son avantagela succession de Parme. Durant la minorité de Louis XV, la diplomatie française fut à la remorque de celle de Londres.

Le cardinal de Fleurysut lui rendre sa liberté de manœuvre, tout en conservant des relations pacifiques avec la Grande-Bretagne : on amême pu parler d'une première "Entente cordiale" entre la France de Fleury et l'Angleterre de Walpole.

Le pacifismedu cardinal n'excluait pas l'habileté.

Il en donna la preuve à l'occasion de la succession de Pologne (1733).

Louis XVne put alors que soutenir la candidature de son beau-père, Stanislas Leszczynski.

Insignifiant, son appui militaire nesut empêcher le concurrent saxon, soutenu par la Russie, de l'emporter.

Mais les négociations prirent vite le pas surles armes.

Stanislas renonça à la couronne de Pologne, les duchés de Lorraine et de Bar lui furent cédés (1736 et1737) avec promesse d'annexion à la France après sa mort.

Le duc de Lorraine recevait en échange l'assurance derégner en Toscane, où le dernier Médicis vieillissait sans héritier.

La France recueillait les fruits de la prudencepacifique de Fleury. Celle-ci fut mise en défaut par la succession d'Autriche.

En 1740, la première réaction de Louis XV et du cardinal futde demeurer à l'écart du conflit ouvert par la mort de l'empereur Charles VI.

Mais l'opinion ne pouvait se déshabituerdes vieilles formules anti-autrichiennes : la cour et le public imposèrent la guerre.

Après des revers en Bohême etdes victoires glorieuses aux Pays-Bas (Fontenoy), elle fut gagnée sans profit : Louis XV rendit toutes sesconquêtes.

Cette guerre inutile constitua à certains égards une révolution.

D'une part, elle soumit auxentraînements de l'opinion les décisions du souverain dans un domaine où ses décisions n'avaient jamais été. »

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