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L'URSS de Khrouchtchev à Brejnev

Publié le 11/11/2018

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DU DÉGEL À LA STAGNATION
 
De 1956 à 1982, sous la direction de Nlikita Khrouchtchev puis de Leonid Brejnev, l'URSS connaît une période de relative stabilité qui ne laisse aucun doute sur sa pérennité. Quand Staline meurt le 5 mars 1953, il laisse un empire qui fait peur, même s'il est encore auréolé du prestige de la victoire sur l'Allemagne nazie. Aux Soviétiques, il lègue le traumatisme de vingt-cinq ans d'une terreur qui n'a épargné aucune famille, mais aussi le sentiment d'être orphelins d'un dictateur qui a entretenu à l'extrême le culte de sa personnalité. Il faudra attendre trois ans pour que Khrouchtchev lise son fameux « rapport secret » devant le XX' Congrès du PCUS, donnant le coup d'envoi d'une déstalinisation qui résonne comme une normalisation. Dans le bloc soviétique, cette normalisation se traduit par la fin de l'état de guerre permanent, avec l'octroi de certaines libertés, mais aussi la mise au pas des velléités d'indépendance dans les pays satellites. À l'extérieur, la guerre froide s'installe dans une coexistence pacifique menacée par des crises internationales. Aux incertitudes de l'ére Khrouchtchev succède en 1964 la stabilité de l'ère Brejnev. La «société socialiste avancée », soucieuse de préserver le statu quo, permet une amélioration des conditions économiques des Soviétiques au détriment des libertés individuelles. Désigné plus tard comme l'ère de la stagnation, le règne de Brejnev portait les germes de la dissolution de l'URSS, dont la guerre engagée en 1979 contre l'Afghanistan sera l'un des principaux facteurs.

Khrouchtchev premier secrétaire du PCUS Création du pacte de Varsovie XXe congrès du PCUS et rapport sur les crimes de Staline Crise des missiles à Cuba Leonid Brejnev, secrétaire général du PCUS Entrée en dissidence de Sakharov Signature avec les États-Unis des accords Salt 1 Invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge Mort de Brejnev; Andropov secrétaire général du PCUS
NIKITA KHROUCHTCHEV (1894-1971)
• Né en 1894 à Kalinovka, dans la province de Koursk, dans une famille de paysans pauvres, Nikita Khrouchtchev est ouvrier spécialisé quand il adhère au parti bolchevik en 1918 et participe à la guerre civile.
• Entrant au comité central du PC de l'Ukraine puis de l’URSS en 1934, il gravit ensuite les échelons du Parti en se pliant aux directives staliniennes d'épuration et de russification qu'il applique avec zèle au poste de premier secrétaire du PC ukrainien (1938-1949).
• Après avoir intégré le Politburo du PCUS en 1939, il entre dix ans après au secrétariat du Comité central où il est chargé de l'agriculture. Nommé premier secrétaire du
 
Parti en septembre 1953, il dirige le pays avec Malenkov, chef de l'État soviétique, mais après la lecture de son « rapport secret» en 1956, il l'évince progressivement ainsi que Boulganine et les autres membres de la direction collégiale, pour assumer seul la direction du Parti et du pays en 1958.
• En butte à l'hostilité de ses pairs, ses réformes ambitieuses, notamment dans le domaine agricole (défrichement des terres vierges en 1954), pêchent par leur improvisation.
• Son volontarisme impulsif et son aventurisme, ainsi que son pouvoir personnel lui seront reprochés quand il est destitué en 1964. Il meurt dans l'anonymat à Moscou en 1971.
• Faute de cette participation populaire à laquelle il avait appelé, Khrouchtchev doit démissionner en octobre 1964, sous la pression de ses pairs du Politburo, qui le rendent responsable de tous les maux du pays.
Une politique extérieure
ENTRE DÉTENTE ET OFFENSIVE
• Sur le plan extérieur, la politique de Khrouchtchev pâtit des mêmes contradictions. Immortalisé dans les médias par son coup de sang à la tribune de l'ONU, qui l'avait amené à taper de sa chaussure sur son pupitre, le chef du Kremlin a soufflé le chaud et le froid sur la planète, faisant alterner vent de détente et crises graves précipitant les deux blocs au bord de la guerre nucléaire.
• Déjà, le « rapport secret» avait provoqué un choc dans le camp socialiste, surtout en Pologne, après la dissolution du Kominform

« • Faute de cette participation populaire à laquelle il avait appelé, Khrouchtchev doit démissionner en octobre 1964, sous la pression de ses pairs du Politburo, qui le rendent responsable de tous les maux du pays.

UNE POLITIQUE EXTiRIEURE ENTRE DÉTENTE ET OFFENSIVE • Sur Je plan extérieur, la politique de Khrouchtchev pâtit des mêmes contradictions.

Immortalisé dans les médias par son coup de sang à la tribune de l'ONU, qui J'avait amené à taper de sa chaussure sur son pupitre, Je chef du Kremlin a soufflé Je chaud et le froid sur la planète, faisant alterner vent de détente et crises graves précipitant les deux blocs au bord de la guerre nucléaire.

• Déjà, Je «rapport secret>> avait provoqué un choc dans Je camp socialiste, surtout en Pologne, après la dissolution du Kominform en avril 1956 et en Hongrie, où les insurgés opposent une résistance acharnée à J'armée soviétique en novembre 1956.

Par ailleurs, J'URSS a développé son influence internationale à la faveur de la décolonisation engagée dans le tiers monde.

Mais ses rapports avec la Chine se détériorent à partir de 1955, la rupture étant consommée en 1961 avec Je président Mao Zedong, qui revendique le polycentrisme dans le monde communiste et s'inquiète des conséquences de la déstalinisation.

• Hors du monde communiste, même s'il se prévaut de la supériorité de l'URSS, qui détient la bombe H dès août 1953, Khrouchtchev permet une certaine détente dans les relations Est-Ouest, sur fond de compétition jusque dans J'espace avec les États­ Unis, que Khouchtchev s'est promis de dépasser.

Le 12 avri1 1961, lauri Gagarine est Je premier homme à voyager dans l'espace.

• Mais la guerre froide repart de plus belle après l'érection du mur de Berlin en août 1961 et les efforts américains pour contourner Je blocus imposé à Berlin-Ouest.

Elle s'amplifie à J'occasion de la crise provoquée en octobre 1962 par l'installation de missiles soviétiques à Cuba - Je président Fidel Castro s'est aligné sur Moscou après la tentative avortée des exilés cubains, soutenus par Washington, de reprendre le pouvoir sur 111e lors du débarquement de la baie des Cochons (avril1961).

Khrouchtchev doit retirer ses missiles et l'échec de sa politique offensive l'incite à rechercher à nouveau une détente durable avec les États-Unis.

C'est alors qu'il est contraint à la démission.

BREJNEV ET LES LIMITES DE LA SOCIÉTÉ SOCIALISTE AVANCÉE LA PROMOTION DE BREJNEV • Après avoir osé huit ans plus tôt dénoncer Je culte de la personnalité de Staline, Khrouchtchev est à son tour sur la sellette.

En 1964, il est accusé d'avoir restauré un pouvoir personnel au détriment du PC.

Celui-ci va retrouver sa légitimité politique sous J'impulsion d'une équipe dominée très vite par la personnalité de Leonid Brejnev.

• Pour éviter toute dérive personnelle, le pouvoir est exercé par une troïka qui associe Nikolaï Podgornyï et Alekseï Kossyguine à Brejnev, à la tête d'un Politburo où ils se répartissent les rôles, en politique intérieure comme en diplomatie.

Mais en assumant la responsabilité de la sélection des cadres du Parti, Brejnev exerce une influence croissante dans cette direction collégiale et reçoit le titre de secrétaire général en avril 1966, rétabli à son bénéfice lors du XXIII' Congrès du PCUS.

CONCENTRATION DES POUVOIRS ET DIRECTION COLLÉGIALE • Dès lors, Brejnev ne cesse de renforcer un pouvoir tout aussi personnel que celui de son prédécesseur, mais qu'il saura placer au service d'une orthodoxie idéologique et appuyer sur des institutions et cadres stabilisés qui lui assureront sa longévité politique.

Bardé de titres et de décorations, Brejnev fera l'objet jusqu'à sa mort d'un culte institutionnalisé, au sommet d'une société qu'il entend normaliser.

Pour exercer ce pouvoir quasi monarchique, il s'entoure d'une véritable cour, dont les ramifications conduisent dans toutes les républiques et régions de l'URSS, cimentée par le népotisme et les privilèges économiques.

• En prenant progressivement Je contrôle de la politique internationale de l'URSS, Brejnev s'autorise une concentration sans précédent des pouvoirs illustrée par l'attribution du titre de chef de l'État, en 1977, accompagnée d'une boulimie d'honneurs militaires.

Pourtant, en dépit de cette personnalisation du pouvoir, Brejnev n'en remet jamais en cause Je caractère collégial.

Mikha"1l Souslov restera ainsi Je tenant de la ligne doctrinale du Parti et Brejnev n'hésite pas à se faire remplacer par ses pairs lors des grand-messes de l'État soviétique.

• La nature collégiale du régime est toutefois plus nettement affirmée dans la période allant de 1964 à 1976.

Tout en revenant sur les tentations égalitaristes de l'ère Khrouchtchev, l'équipe au pouvoir, soucieuse d'asseoir sa légitimité sur un consensus social reposant sur J'amélioration des conditions économiques, tente même une expérience visant à séparer Je politique de l'économique.

Celui-ci est confié à des professionnels choisis selon leurs compétences.

ESPOIRS DÉÇUS ET DISSIDENCE • Le xxv· Congrès du PCUS, en 1976, rétablit la suprématie absolue du Parti dans tous les domaines de la vie politique et économique, confirmée par la Constitution de 1977.

Affirmant que l'État soviétique est celui du peuple tout entier, celle-ci exalte le modèle de la «société socialiste avancée», qui en appelle à une participation populaire accrue.

Dans les faits, pourtant, le pouvoir est resté fidèle à son refus de recourir de nouveau à la terreur.

Mais il ne supporte pas l'idée de voir s'agrandir les espaces de liberté, comme l'attend une société de plus en plus éduquée dont il cherche avant tout, avec un succès limité, à satisfaire les besoins matériels.

• Les réformes économiques en ce sens se heurtent aux pesanteurs d'un système relevant de J'autorité absolue du Parti et tributaire d'une planification centralisée qui privilégie l'industrie lourde et militaire dictée par la compétition avec les États-Unis.

Entre le refus de la terreur et celui d'une réforme du système, Je pays va s'enfoncer dans J'immobilisme.

• Les déceptions suscitées par l'échec des réformes économiques, notamment dans le secteur agricole, alimentent un vent de contestation qui fait écho aux critiques d'abord isolées des dissidents, comme le physicien Andreï Sakharov, qui fonde un Comité de défense des droits de J'homme en 1970.

Par ailleurs, Je pouvoir a montré qu'il pouvait céder aux pressions de certains groupes, comme les juifs, autorisés à émigrer massivement en Israël en 1971, ce qui encourage l'expression de revendications nationalistes dans les républiques, comme en Géorgie, où la langue nationale est réhabilitée en 1977 après une vague de manifestations.

En revanche, les tentatives de créer des syndicats ouvriers, qui menacent J'autorité du Parti, sont sévèrement réprimées.

UNE POLITIQUE EXTÉRIEURE DYNAMIQUE • En quête de légitimité, fourvoyé dans une impasse, Je système cherche f-------------..1..------------� une issue dans la politique étrangère, qui permet à l'URSS de se hisser au LEONID BREJNEV (1906-1982) • Né en 1906 à Kamenskoïe (Dniprodzerjynsk), Leonid llitch Brejnev, incarne la figure de l'homo sovieticus, emblé­matique de la société socialiste avancée.

• Apparatchik sans gloire, ce fils de travailleur promu par Je parti communiste aux plus hautes charges est représentatif de la classe politique qui l'entoure et avec laquelle il partagera le pouvoir.

• JI succède en 1964 à Khrouchtchev à la tête du Parti et assume la direction collégiale de J'URSS aux côtés de Kossyguine et de Mikoïan puis de Podgornyi, élu président du Praesidium du Soviet suprême en 1965.

• JI doit sa promotion à son expérience sans égale dans l'appareil du Parti, dans des domaines comme les cadres, J'agriculture, l'armée, J'industrie ainsi qu'à la tête de la région de Dniepropetrovsk, puis des républiques d'Ukraine, du Kazakhstan et de Moldavie, et enfin dans le pouvoir central.

• Quant à sa longévité politique, il ia doit à sa capacité de fidéliser son entourage par une stabilisation des cadres et des élites récompensés par des titres et avantages matériels dont il est Je premier bénéficiaire.

• Particulièrement épris de décorations et d'honneurs militaires, que ne justifie guère sa carrière dans l'armée, il est fait maréchal en 1976, puis ravit Je titre de chef d'État à Podgornyi en 1977.

• Son abondante littérature politique sert à entretenir son culte officiel tout en lui rapportant d'importants subsides matériels.

Dans les dernières années de son pouvoir, marquées par la maladie, il limite ses apparitions publiques.

JI meurt en 1982.

• Ses successeurs ne tarderont pas à dénoncer un règne dont la stabilité était synonyme de stagnation et dont les apparentes avancées économiques ont profité avant tout à une nomenklatura corrompue.

rang des États-Unis sur Je plan militaire et de J'influence planétaire.

Associant détente et déstabilisation, la diplomatie soviétique poursuit la compétition avec les États-Unis avec un dynamisme que ne fera pas fléchir la conquête de la Lune par les Américains en 1968.

• Poursuivant la politique d'ouverture de Khrouchtchev, Brejnev et son équipe vont utiliser l'arme diplomatique pour tenter de freiner une course aux armements ruineuse et mettre les échanges Est-Ouest au service d'une économie défaillante et d'une technologie à la traîne.

À usage intérieur aussi, la démonstration de puissance de l'URSS qui gagne à sa cause de nombreux pays d'Afrique et d'Asie vise à ancrer les Soviétiques et les pays du bloc de l'Est dans la conviction que leur système obéit à une dynamique mondiale, qui J'inscrit dans la durée.

DÉTENTE EST- OUEST ET CRISES INTERNES AU BLOC SOVItfiQUE • La démonstration ne s'avère pas convaincante et J'URSS doit faire face à plusieurs crises extérieures menaçant l'homogénéité du monde communiste.

La première survient lors de J'intervention militaire soviétique en Tchécoslovaquie, où le cc Printemps de Prague" est brutalement réprimé en août 1968.

En 1969, la rivalité entre J'URSS et la Chine atteint un point de non-retour.

En 1974, l'Égypte de Sadate met fin à la tutelle militaire de l'URSS acceptée par Nasser.

• L'URSS développe toutefois son influence dans Je tiers monde, utilisant des relais comme Cuba et surtout le Viêtnam qu'elle équipe militairement, notamment contre Je Cambodge.

• Par ailleurs, l'URSS et les États-Unis engagent en 1969 les négociations SALT visant à limiter la course aux armements nucléaires et débouchant sur les accords SALT 1 et SALT Il en 1972 et 1979.

Ce climat de détente est conforté par la signature en 1975 par Brejnev de J'ade final de la conférence d'Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe, dont un volet concerne les droits de l'homme.

UN EMPIRE ET UN DIRIGEANT MALADES • En 1979, l'envoi de troupes soviétiques en Afghanistan, officiellement à l'appel d'une faction des communistes locaux qui ont pris le pouvoir à Kaboul, donne Je coup d'envoi d'une longue et meurtrière guerre d'occupation qui portera un coup fatal au prestige de l'URSS et l'épuisera financièrement.

En Pologne en 1980-1982, la situation échappe au contrôle du PC, défié par le syndicat libre Solidarité.

• Ces crises majeures affectant gravement la puissance de J'URSS montrent les limites de cette politique extérieure que Brejnev désignait comme «un grand moyen de politique intérieure».

Loin de provoquer Je sursaut national et la mobilisation populaire escomptés, la politique étrangère soviétique n'a fait qu'accro ît re le doute à J'égard du système et a contribué à sa perte.

·À sa mort en 1982, Brejnev laisse à ses successeurs Andropov, puis Tchernenko (1984), un empire mal en point, que Gorbatchev tentera en vain de redresser à partir de 1985, à coup de réformes radicales qui devaient finalement en sonner Je glas.. »

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