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Mariages, couples et familles en France dans les années 80

Publié le 05/05/2011

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     Le mariage est un événement principalement social, par lequel la collectivité reconnaît la création d'un nouveau foyer et la mise en commun de divers devoirs, droits et privilèges, en particulier ceux attachés aux enfants que les conjoints auront ensemble. Les rites et formes du mariage caractérisent très précisément toute société, celle de demain comme celle d'hier. Mais là aussi, les choses se transforment profondément.

« dispose de revenus propres, l'époux n'est plus aussi dépendant d'une épouse qui consacre bien moins de tempsqu'autrefois au foyer proprement dit.

De plus, la probabilité s'accroît que les contraintes de carrière divergent.

Ledivorce devient alors plus fréquent, mais aussi moins dramatique, voire banal. La montée du divorce Institué par la Révolution puis aboli à la Restauration, le divorce fut rétabli en France par la loi Naquet (27 juillet1884).

Le nombre en a régulièrement augmenté : 10 000 par an vers 1905 (soit 2,5 pour 10 000 habitants), 20 000en 192o, 30 000 vers 1950, 40 000 vers 1970.

Les deux guerres, grandes destructrices de foyers, ont de plus étésuivies par des poussées de divorces.

Après celle consécutive à la Seconde Guerre, le nombre de divorces s'est stabilisé, de 1953 à1963, autour de 34 000 par an.

A partir de 1964, il a augmenté régulièrement.

La loi du 11 juillet 1975 ayant entre-temps facilité les procédures, l'estimation dépasse 90 000 depuis 1980 (18 pour 10 000 habitants), ce quireprésente un doublement en un peu plus de huit ans.Cinq ans est l'ancienneté du mariage la plus fréquente au moment du divorce mais l'ancienneté médiane, telle quepour la moitié des divorces l'ancienneté soit moins grande et pour l'autre moitié plus grande, est de l'ordre de neufans, et l'ancienneté moyenne de l'ordre de douze.

Ces chiffres sont un peu plus faibles que pour la décennieprécédente : la précocité des divorces s'accroît lentement.

Mais évidemment, le nombre de divorces est en rapportavec le nombre de mariages des années précédentes.

Les 90 000 divorces actuels peuvent être rapportés à unemoyenne annuelle d'environ 370 000 mariages pendant les années antérieures, ce qui revient à estimer à presque unsur quatre la proportion de mariages qui actuellement conduisent à un divorce.Si cette proportion reste fixe, le nombre de divorces tendra à reproduire avec retard la courbe des mariages.

Ladécroissance récente de celle-ci se traduirait alors prochainement par une décroissance du nombre des divorces.Mais la proportion de divorces peut encore augmenter.

Les pratiques scandinaves, anglaises, américaines et russesconduisent à des proportions supérieures à 3o %.Cette augmentation du nombre de divorces a pour conséquence celle du nombre de divorcés non remariés vivantdans la population, et aussi la croissance du nombre de remariages de divorcés.

De 1955 à 1975 la proportion dedivorcés parmi les nouveaux mariés était d'environ 6 %.

En 1982 elle s'est élevée à 11,7 % pour les hommes et 10,6% pour les femmes.

De façon un peu paradoxale, on pourrait donc dire que la possibilité du divorce est favorable àl'institution matrimoniale.

Se faisant une haute idée du bonheur conjugal, de nombreux conjoints déçus se donnentune nouvelle chance.

Mais des résultats récents montrent que si le nombre de remariages augmente, la proportionde divorcés se remariant diminue.L'augmentation du nombre de divorces accroît de toute façon le nombre d'enfants de divorcés : le nombre moyend'enfants issus du mariage dissous par un divorce, au moment du divorce, est d'environ 15o pour Zoo divorces.

Quele parent auquel est confiée la garde de l'enfant se remarie ou non, vive en couple ou non, le foyer dans lequel il setrouve ne sera plus jamais conforme à la situation majoritaire du couple vivant avec ses propres enfants. Le statut du couple La situation de «personne mariée» (au sens strict, c'est-à-dire ni célibataire, ni veuve, ni divorcée) reste et resterade loin majoritaire entre 30 et 50 ans (82 % des hommes, 83 % des femmes au début 1981).

Mais la constitutiondes couples se fait maintenant, plus souvent qu'autrefois, par un tâtonnement «par essais et erreurs».

Ledéveloppement actuel de la cohabitation juvénile, pratique des jeunes gens qui vivent en couple sans se marier, enfait partie.

Jusque vers 1978, cette pratique avait surtout une signification sociologique, mais n'avait guèred'importance démographique parce que le plus souvent il y avait mariage lors de la naissance du premier enfant.Mais de plus en plus de couples ont aujourd'hui un enfant sans éprouver le besoin de passer à la mairie.

Laproportion de naissances hors mariage, qui était 6 % jusqu'en 1966, a dépassé 10 % pour la première fois en 1979,et atteint 14,2 % en 1982.

Il est vrai que, sur dix enfants nés hors mariage, sept sont désormais reconnus par lesdeux parents non mariés.Relevant d'une idéologie de libération vis-à-vis des normes sociales, le rejet du mariage commence à attirerl'attention.

Une société peut-elle se désintéresser des conditions de sa reproduction? N'y aura-t-il pas toujoursbesoin de sanctionner - d'une manière ou d'une autre - la constitution des foyers? La Révolution française adéchargé le clergé de ce contrôle pour le confier aux municipalités, et a organisé la coexistence des rites religieux etlaïc.

Actuellement une minorité de couples récusent ce contrôle, mais sont tôt ou tard contraints de faire constaterleur état de cohabitation, pour bénéficier de telle législation ou réglementation, aux guichets du fisc, de la Sécuritésociale et devant les tribunaux.

Il est cependant plus simple d'accepter une formalité unique que de multiplier lescomplications bureaucratiques.

C'est pourquoi -au risque d'être démenti par les faits - nous pensons que lapopulation de la France à la fin du XXe siècle continuera de considérer le mariage dûment enregistré comme lasituation normale de la vie des couples.

Mais le moment de cet enregistrement ne coïncide déjà plus avec le débutde la vie commune.

Et peut-être tendra-t-on à offrir aux conjoints 31usieurs formules de «contrats de mariage» qui,à l'instar de ceux qui prévoient les obligations réciproques des époux, détermineront plusieurs types de relationsentre la société et les couples.

En particulier les règles des impôts directs, des cotisations sociales, des allocationsfamiliales pourraient selon les «contrats» être fondées sur la situation du foyer considéré comme un tout, ou surcelle des individus qui le composent.

Le rapport au Conseil économique et social d'Évelyne Sullerot (1984) fait. »

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