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Marie-Thérèse

Publié le 22/02/2012

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Lorsque le 20 octobre 1740, Marie-Thérèse de Habsbourg, femme du grand-duc de Toscane François de Lorraine, fut appelée à la succession de son père l'empereur Charles VI, roi de Hongrie et de Bohême, archiduc d'Autriche, il semblait que l'héritage dût lui revenir sans contestation possible. Car non seulement les diètes des différents États de la monarchie, mais les puissances européennes avaient reconnu valable la Pragmatique Sanction par laquelle Charles VI avait prescrit que tous ses États reviendraient indivisiblement à son plus proche héritier en ligne féminine ou masculine. La couronne impériale n'étant pas accessible aux femmes, Marie-Thérèse pouvait espérer qu'elle serait attribuée à son mari. Mais, en dépit des engagements pris, les chicanes commencèrent. Le roi de Prusse espéra qu'il pourrait arrondir ses États de la Silésie voisine en promettant sa voix d'électeur ; un parti français crut l'heure venue d'enlever aux Habsbourg la couronne impériale, en la faisant attribuer à l'électeur de Bavière. Celui-ci, pour s'assurer à lui-même la voix électorale de la Bohême, revendiqua ce royaume, en vertu des droits d'une aïeule. Les prétextes juridiques couvrirent les ambitions.

« personnels, son immédiat patrimoine ne relevaient pas tous du Saint-Empire, ni la Hongrie, ni les Pays-Bas, et ceuxqui s'y trouvaient engagés (la Bohême et l'Autriche) y avaient, en droit et en pratique, des conditions à part, leMilanais lui-même ne conservait plus avec l'empire qu'un lien judiciaire assez ténu.

Dans la tradition de son père etdu plus prestigieux des anciens ministres, le prince Eugène de Savoie, c'étaient des pays qu'il fallait détendreadministrer et faire mouvoir ensemble, comme une seule monarchie.

Mais chaque État avait ses propres lois, sadiète, ses traditions historiques, au maintien desquelles veillaient des aristocraties locales jalouses ou des instancesanciennes, attachées à leurs privilèges.

Seulement, par une sorte d'empirisme, on parvenait à en coordonner lesressources pour l'entretien des armées, de la cour et des services généraux. Les principales fonctions de cour, de politique et de finances étaient réservées aux grands seigneurs des différentspays, riches de vastes propriétés foncières, la plupart fidèles au service de la dynastie.

Mais leur horizon étroit etleur orgueil nobiliaire les rendaient inaptes à des changements, au sacrifice de leurs intérêts privés, plus encore deleurs privilèges et de leurs habitudes.

La guerre de Succession d'Autriche avait pourtant prouvé que les vieillesinstitutions ne répondaient plus aux besoins de l'époque.

Des réformes s'imposaient donc.

Mais tandis qu'à cettedate l'esprit philosophique et novateur soufflait sur l'Europe, Marie-Thérèse, plus intelligente et senséequ'imaginative et novatrice, demeurait à l'extrême pointe de la tradition baroque, terrienne et religieuse etn'envisageait point, par système, un bouleversement de l'ordre ancien tout entier.

Elle n'en fut pas moins conduite àprendre des mesures révolutionnaires et ce n'est ni un hasard, ni un symbole, si le programme des réformes qu'elleproposait à son Conseil en janvier 1748 avait été élaboré par un fonctionnaire, Haugwitz, et rencontrait l'oppositiondes grands officiers.

Il fut adopté parce qu'elle l'imposa, avec une souriante fermeté. Elle ne pouvait dire, comme un roi de France : "C'est légal, parce que je le veux." Mais elle n'en substituait pasmoins, pour le recrutement des impôts, pour l'administration de la justice, des agents de son pouvoir royal auxagents des diètes locales.

Celles-ci ne furent pas supprimées ; elles continuèrent à voter (c'est-à-dire à approuver)l'impôt dont le montant était décidé à Vienne.

Mais les chancelleries de Bohême et d'Autriche firent place à un seulorganisme administratif et financier : le Directorium in publicis et cameralibus dont relevaient, dans les différentspays, des instances nouvelles : Representation und Kammer.

Les capitaines de cercle, avec lesquels la populationavait le plus souvent affaire, furent désormais appointés par le souverain.

La justice, à part des autres instances,fut subordonnée à une chambre supérieure, Oberst Justizstelle.

En 1754, on retoucha le système.

Sous l'influencede Kaunitz, le Directoire fit place à une chancellerie unie de Bohême et d'Autriche.

Les finances et l'administrationfurent séparées : les premières gérées dans une série d'instances, hiérarchisées jusqu'à une Cour des comptes, et laseconde confiée à un gouvernement provincial, dont la dénomination varia selon les usages de chaque pays. Pour animer la production manufacturière et les échanges, un directoire du commerce fut institué.

Comme, depuisles promesses de 1741, il lui était impossible de toucher aux privilèges de la Hongrie, Marie-Thérèse dut, au lieu degrandes réformes, se contenter d'introduire, dans la mesure où ses droits de reine le lui permettaient, desrèglements de détail. La monarchie prit, dès lors, un caractère nouveau.

D'une juxtaposition d'États, à la manière encore médiévale, elledevint l'union de deux États sous un même souverain : une Autriche où l'action du gouvernement de Vienne prenaitplus de force et d'efficacité, une Hongrie qui conservait ses institutions archaïques.

Lorsque les révoltes paysannesse produisirent en Bohême, Marie-Thérèse s'effraya d'apprendre que dans certaines régions, la condition despaysans était désolante, ce que lui avait caché la relative prospérité des contrées qu'elle connaissait le mieux.

Lesort des paysans variait énormément d'une seigneurie, d'une contrée à l'autre, et l'image d'une classe rurale nondifférenciée, uniformément malheureuse et ignare, ne relève pas de la vérité historique. Les anciens cadastres ne fournissant pas les indications suffisantes sur l'étendue et la condition des terres, Marie-Thérèse en décida la révision, afin de répartir plus équitablement l'impôt foncier et d'y soumettre, au moins enpartie, les biens seigneuriaux.

La circulation des marchandises fut facilitée par la suppression de nombreux péages etl'amélioration des chemins. Enfin, dans l'esprit du mercantilisme traditionnel, mais par un souci nouveau d'émulation entre les producteurs, desrèglements interdirent l'usage des marchandises de luxe provenant de l'étranger.

Des encouragements et desavantages furent assurés aux ateliers locaux et aux manufactures de soie et de porcelaine. L'impératrice, suivant les conseils de son médecin belge, Van Swieten, entreprit une réforme des hautes écoles pourla formation des élites : une Académie militaire fondée à Wiener-Neustadt et dont l'efficacité se révéla très vite parune meilleure qualité des cadres de l'armée, une Académie des langues orientales, où devaient se préparer les futursconsuls qui surveilleraient ensuite le commerce de mer dans l'Adriatique et la Méditerranée. Elle fit recenser et examiner les diverses jurisprudences, afin d'unifier les règles du droit et de promulguer un code,dont la partie pénale parut en 1768 : Constitutio criminalis Theresiana. En 1750, une réforme monétaire introduisit dans l'usage la pièce d'argent, appelée le thaler thérésien, et, à partir de1762, la Banque de Vienne émit des billets, acceptés pour le paiement des impôts.

En décidant ces changements,Marie-Thérèse ne recherchait point, à la manière de Frédéric II ou de Catherine II, la réputation d'une souveraineéclairée, adepte de la philosophie des lumières.

Elle voulait assurer la grandeur de son État en Europe, par unemeilleure armée et une meilleure fiscalité et rendre ses peuples plus prospères.. »

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