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"Mémoires de guerre" - "Le salut" de Charles de Gaulle : Que l'épisode de l'entrevue avec Staline en Russie nous révèle-t-il de la personnalité et de qualités de de Gaulle ?

Publié le 17/01/2022

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Dans le troisième tome des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle, l'épisode de la visite à Moscou et des entrevues avec Staline pour la signature d'un traité de coopération entre la France et la Russie est un passage d'une rare intensité. La rencontre de ces deux fortes personnalités est une occasion unique pour de Gaulle de faire remonter la France sur la scène internationale et d'assurer ses propres positions en France face à ses opposants politiques. Mais que nous révèle cet épisode sur la vision qu'a de Gaulle de la Russie et de son « Tsar «, ainsi que sur sa propre personnalité ?

« soumettre les pays slaves qu'à les unir.Ce « tsar » s'impose aussi comme chef autoritaire et incontesté, n'obéissant qu'à lui-même.

Il est tout puissant enRussie, régnant par la terreur, avec le gouvernement et le peuple soumis, à ses pieds.

Il semble continuellement allerd'un extrême à l'autre : parfois obstiné, avec des idées arrêtées, parfois changeant brusquement d'avis.

Ainsi, ilreste intraitable sur le fait que la Pologne doive être gouvernée par le Comité de Lublin, mais décide que l'accorddoit se faire exclusivement entre la France et la Russie au milieu de la discussion alors même qu'il soutenaitauparavant un accord tripartite avec l'Angleterre.

Ces changements brusques renforcent son aspect étrange etimprévisible.De Gaulle admire la grandeur de Staline autant qu'il se méfie de son côté imprévisible et menaçant.

Il le respectepour son ½uvre mais il le voit toutefois comme un personnage exubérant. Enfin, cet épisode nous montre quelques caractéristiques fortement ancrées dans la personnalité du général deGaulle.La plus remarquable tout au long des négociations pour la signature du traité franco-russe est sa fermeté et soninsoumission.

Face à la politique de chantage menée par Staline, qui entreprend d'obtenir ce qu'il veut (c'est-à-direla reconnaissance du Comité de Lublin par la France) contre la signature du traité, de Gaulle reste fidèle à lui-mêmeet n'autorise pas la moindre concession.

On peut voir qu'il sait très exactement ce qu'il fait, en particulier lorsqu'ildécide de quitter la Russie après huit jours de discussions stériles.

Il montre alors clairement qu'il préfère ne passigner de traité plutôt que d'aller contre ses principes, tout en sachant qu'il a une chance pour que les Russescèdent, mettant en avant son talent stratégique.

Comprenant alors que la Russie a autant besoin de ces accordsque la France, il n'accepte plus la moindre des conditions posées par le gouvernement russe.

De même il ne se metpas en position d'infériorité à Staline et répond coup après coup avec habileté aux piques lancées par le chef russe.On note également que Charles de Gaulle, en tant que chef d'État, entretient une certaine admiration pour lagrandeur et la puissance et sait où les reconnaître.

Ainsi il perçoit l'entreprise de Staline comme gigantesque toutcomme il qualifie celle d'Hitler de « surhumaine et inhumaine ».

Par là même on voit qu'il est lucide dans cetteadmiration respectueuse : il sait que bien qu'impressionnant, Staline est comme possédé par un désir de puissancemalsain pour lequel il ne recule devant rien.

Il voit que Staline règne par la terreur et sacrifie le peuple russe à sacause en le maintenant dans la misère.

On perçoit de la part de de Gaulle une véritable compassion pour ce peuplequi souffre continuellement dans le silence.

Le général est donc un homme qui sait distinguer le vrai du faux et lebien du mal, sans être pour autant dans une vision manichéenne du monde.Pour achever le portrait de cet homme qu'est de Gaulle, l'épisode de sa visite en Russie révèle et affirme desprincipes politiques qu'il considère comme fondamentaux, notamment le droit des peuples à décider de la nominationde leurs chefs politiques.

C'est ce qui le mène à refuser toute forme de reconnaissance du Comité de Lublin commegouvernement officiel de la Pologne, sachant que celui-ci est influencé (voire contrôlé) par les soviétiques.

L'idée dela légitimité du contrôle du pouvoir, omniprésente dans le troisième tome des Mémoires de guerre, lui est très chèreet lui confère une méfiance naturelle à l'égard de Staline, arrivé au pouvoir après avoir « liquidé » tous sesopposants et donc dépourvu de toute légitimité dans sa tâche.

A l'inverse, de Gaulle se montre très soucieux desavoir si le peuple français le soutient, multipliant les plébiscites si nécessaire, ce qui lui valut plus tard de quitter legouvernement français.Ce passage du livre est donc révélateur des convictions profondes et des objectifs de Charles de Gaulle en tantqu'homme politique. La visite du général de Gaulle en Russie expose sa vision de cette nation et de Staline comme un pays plein degrandeur mais formaté par ce dernier.

Mais cet épisode montre surtout les principales qualités de Charles de Gaullequi font aussi parfois ses défauts, notamment sa rigidité et son obstination, qui causèrent sa chute en mai 1968.Toutefois on peut constater dans ce passage du livre (à mon avis le plus agréable à lire que de Gaulle est bien dotéde qualités d'écriture indéniables, que ce soit dans le portrait qu'il fait de Staline ou dans la tension qu'il réussit àretranscrire sur le papier.

Cette tension est d'ailleurs présente dans une grande part du livre puisque Le salutapporte toujours plus de conflits politiques après la victoire. Sujet désiré en échange : Qu'est-ce qu'un homme libre ?. »

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