Mort de François-Joseph (1 nov 1916): Le vieil empereur François-Joseph meurt
Publié le 22/02/2012
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L'Autriche, au nom de la solidarité monarchique, fit appel au tsar, dont les troupes, pénétrant en Hongrie, obligèrent l'armée hongroise à capituler.Les représailles furent affreuses : l'exécution de treize généraux (le bain de sang d'Arad) et l'établissement de la terreur dans le royaume reconquis.En même temps, l'ordre ancien était restauré en Allemagne et la Prusse contrainte d'accepter le rétablissement de l'ancienne Confédérationgermanique.
En Autriche, la Constitution de 1849 qui n'avait jamais été appliquée fut déclarée suspendue : “ Nous avons jeté toute constitutionpar-dessus bord et il n'y a plus qu'un maître en Autriche ”, écrivait François-Joseph à sa mère.
De ces événements, le jeune empereur allait-il retirer une leçon de despotisme ? Il retenait surtout la conviction quela puissance de l'Empire reposait sur l'armée.
Toute sa vie, il demeurerait soldat.
Mais c'était aussi parce qu'il croyaitles vertus militaires d'honneur, de fidélité, d'obéissance et de dévouement (vertus viriles par excellence) cellesmêmes qu'un souverain devait pratiquer pour le gouvernement de ses peuples.
Car si le souverain était maître, il nel'était que par une vocation, un devoir d'État et pour assurer le bonheur de ses sujets.
C'était l'ancienne ettraditionnelle conception de la monarchie et l'on peut écrire qu'à une époque où les souverains perdaient de plus enplus la foi dans leur mission, François-Joseph, qui la garda tout entière, fut peut-être le dernier roi de l'histoire.
Dansun ordre d'idée analogue, l'alliance séculaire de sa maison et de ses royaumes avec l'Église catholique l'obligeaitenvers celle-ci à une fidélité sans faille.
Ce qui ne devait pas s'entendre que son gouvernement serait clérical.
Niprêtres ni moines n'eurent d'influence directe sur sa politique.
Mais François-Joseph fut toute sa vie un catholiquepratiquant et ses convictions intimes allaient plus loin que les rites extérieurs, accomplis ponctuellement, lorsqu'ilsuivait à pied la procession du Saint-Sacrement ou lavait les pieds de douze pauvres, le jour du Vendredi Saint,comme l'avait fait avant lui le bon empereur Franz Ier, son aïeul.
Cet ensemble d'idées, servi par un caractère bienéquilibré, nullement accessible aux enthousiasmes ou à la fantaisie, apte, en revanche, à un travail méthodique etrégulier, le prédisposait à être conservateur, en le détournant du despotisme et de la griserie de puissance.
Il faut penser enfin qu'après les secousses de 1848, les guerres civiles, les années de répression policière, l'opinion publique souhaitait le retour àla tranquillité.
Le développement industriel s'annonçait.
Aussi bien les milieux de banque et d'affaires, représentés par les ministres qui furentaprès la mort de Schwarzenberg P2514 les conseillers du jeune empereur, un Bach, un von Bruck P1269 , que l'aristocratie, appuyée sur de grandes fortunes foncières, que la petite bourgeoisie et les paysans, libérés depuis 1848 des plus lourdes contraintes féodales, tous admettaient lanécessité d'un gouvernement fort pour assurer l'ordre et garantir le progrès économique.
A condition de se montrer efficace par ses résultats et dene pas étouffer toutes les libertés individuelles, un régime autoritaire semblait acceptable, au moins pour un certain temps.
D'autre part, l'Empire était formé de provinces ou plutôt d'anciens États historiques fiers de leurs traditions.
François-Joseph était sensible à cessouvenirs augustes.
Il avait laissé s'abattre sur la Hongrie rebelle et révolutionnaire un châtiment implacable, dont il n'avait pas mesuré tous lesdangers.
Mais il lui était possible de se réconcilier avec une Hongrie royale qui lui restituait, par le sacre, un prestige quasi religieux et luidemandait, par contrat, d'instaurer une monarchie parlementaire et moderne.
Un contrat qu'il respecterait désormais.
Près de lui, l'impératriceÉlisabeth P1533 se laissait séduire par les côtés chevaleresques de l'événement.
Il en apercevait aussi les aspects positifs et les garanties pour un avenir plus heureux de l'ensemble.
Dès 1860, la solution fédérale l'attirait, celle où “ des formes d'institutions, en développant la puissance unitaire de l'Empire, selon les exigencesdes temps modernes, laisseraient s'épanouir librement, selon l'esprit des traditions locales, les coutumes particulières de chaque race ”.
Après lecompromis avec la Hongrie, il rechercha l'entente avec la Bohême.
S'il avait eu plus de sagacité, il eût négocié parallèlement les deux accords.
Unepartie de l'aristocratie et de la bourgeoisie tchèques était prête à accepter, après le couronnement à Prague, une autonomie limitée.
Mais l'affaireéchoua sur l'intransigeance des Allemands de Bohême, des Autrichiens et des Hongrois.
Autant le droit d'État était une notion accessible àFrançois-Joseph, autant le déconcertait le problème des nationalités qui allait devenir le plus redoutable de la deuxième partie de son règne.
Tousses sujets devaient fidélité à l'Empire, pourquoi les Slaves et les Italiens lui auraient-ils été moins attachés que les Allemands ? Les loisconstitutionnelles de 1867 et de 1868 reconnaissaient à chaque rameau (Volksstamm) le droit d'employer sa langue à l'école, à l'église, au tribunal.Ne devait-on pas trouver le moyen de régler équitablement l'application du principe ? François-Joseph était exempt de tout préjugé racial, il avaitfait effort pour apprendre les différentes langues de ses peuples, avec une réussite inégale.
Mais il se sentait lui-même un prince allemand : “ Ichbin ein deutscher Fürst ”.
Il ne se dégageait pas facilement d'une tradition qui avait fait de ses ancêtres les empereurs du Saint Empire romaingermanique, de lui-même un membre influent de la Confédération.
La compétition, puis la lutte avec la Prusse, terminée par l'humiliante défaite deSadowa et l'éviction de l'Autriche hors du système allemand, lui avaient été plus cruelles que la guerre de 1859 avec le Piémont et la France qui luiavait coûté la Lombardie.
Les anciens souvenirs lui rendirent plus faciles la réconciliation et l'alliance de 1879 avec le nouvel Empire, dontplusieurs princes étaient ses parents ( Louis II de Bavière P2016 ) ou ses amis personnels ( Albert de Saxe P1061 ).
Rien de plus caractéristique à cet égard que l'hommage qui lui fut rendu à Schönbrunn, lors du soixantième anniversaire de son règne, par Guillaume II P126 , les princes souverains d'Allemagne et même le sénateur de Hambourg en costume Renaissance, comme au patriarche de l'Europe centrale.
La politique extérieure demeurait, en Autriche-Hongrie comme dans les autres pays d'Europe au XIXe siècle, le domaine particulier du chef del'État.
François-Joseph se le réserva jalousement.
Il revendiqua toujours la responsabilité de ce qu'exécutaient en son nom ses ministres desAffaires étrangères.
Avec la Russie, malgré le secours fourni en Hongrie en 1849 et la solidarité monarchique, l'Autriche-Hongrie se trouvait encompétition, pour redouter le panslavisme et craindre la trop forte immixtion de la Russie dans la péninsule balkanique.
Après Sadowa, François-Joseph inclinait à l'alliance avec Napoléon III P244 .
Mais rien ne fut conclu et, après Sedan, la garantie la plus sûre parut provenir d'Allemagne et même d'Italie.
Les guerres avaient été trop coûteuses pour que François-Joseph ne fût pas favorable au maintien de la paix européenne.
Durant de.
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