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MOSCOU (procès de)

Publié le 17/01/2022

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Les trois grands procès publics dits « de Moscou « jugeaient de hauts dignitaires bolcheviques de la première heure, dont Lev Kamenev, Grigori Zinoviev, Gueorgui Piatakov (1890-1937), Nicolas Boukharine, quatre des six principaux dirigeants bolcheviques cités par Lénine dans son Testament. Ils se déroulèrent dans la capitale soviétique en août 1936, janvier 1937 et mars 1938, et sont entrés dans l'histoire comme le prototype de la machination politique dans les régimes de type stalinien, montée par un dictateur avec l'aide d'une police politique toute-puissante. À la fin des années 1940 et au début des années 1950, ces parodies judiciaires bien rodées furent dupliquées dans les « démocraties populaires «. Fondés sur les seuls aveux des accusés, ces grands procès politiques, qui s'achevaient par la condamnation à mort des « traîtres « accusés des crimes imaginaires les plus abominables et les plus fantaisistes (avoir tenté de « restaurer le capitalisme en URSS «, ou de « démembrer le pays au profit de puissances étrangères «, voire « d'inoculer la peste bovine au cheptel soviétique «) ont été à la fois de gigantesques événements-spectacles et événements-écrans. Événements-spectacles, ces procès étaient l'occasion d'une exceptionnelle mobilisation idéologique, populaire et populiste, destinée à réaffirmer avec éclat l'union indéfectible du peuple avec son Guide. Parce qu'ils démasquaient le « complot «, figure centrale de l'idéologie stalinienne, explication de tous les échecs et de toutes les difficultés que connaissait le régime dans sa prétendue « construction du socialisme «, les grands procès politiques étaient un « formidable mécanisme de prophylaxie sociale « (selon la formule de l'historienne Annie Kriegel). Mais ces procès, face publique de la Grande Terreur stalinienne, ont aussi constitué des événements-écrans. En focalisant l'attention des contemporains, puis des historiens, sur les sensationnels et mystérieux aveux des « vieux-bolcheviks «, les procès de Moscou ont durablement occulté la face cachée de la terreur de masse, avec ses millions de victimes anonymes. Nicolas WERTH

« Procès de Moscou 159 confirmer aux accusés les délits dont les charge le réquisitoire.

C'est l'aveu du complot terroriste contre les dirigeants de l'URSS et notamment l'assassinat de Kirov (surtout au procès Zinoviev), ceux de Maxime Gorki et de son fils, de Kouibychev et de Menjinsky (aveux de lagoda), d'actes de sabotage (imputés surtout à Pia­ takov, Sokolnikov et autres dirigeants économiques), enfin -:- clef de voOte de l'accusation -d'activités d'espionnage et de trahison, visant à renverser le pouvoir soviétique au moyen de contacts avec Trotsky et aux « liaisons,.

de ce dernier avec les dirigeants hitlériens.

Si le rôle de Trotsky est évoqué dans les trois procès, on constate, d'un cas à l'autre, une pro­ gression aussi bien dans l'accusation que dans les aveux.

5 Cependant, par moments, certaines réticences ou dénégations des dépositions enregistrées lors de J'ins­ truction Interrompent ce déroulement d'aveux (cas de Krestinsky).

Mais, à la séance suivante, la capitulation remplace les velléités de révolte.

Plus que ces indices épisodiques, ce sont des contradictions, Invraisemblances et lacunes, mises en évidence par des analystes des procès, qui sèment le doute dans J'opinion déconcertée par tant d'aspects insolites de l'événement.

Les révé­ lations de Nikita Khrouchtchev, dans son " rapport secret " au xxe Congrès du PCUS (1956), y apporteront certaines explications.

Mais la lumière sur les procédés utilisés pour monter le scénario des " procès de Mos­ cou ,.

ne sera jetée qu'à la fin des années 60 par le livre d'Arthur London, " L'Aveu"· .

..,..

Voir aussi : Komintern, Rapport Khrouchtchev, • Zéro et l'Infini (Le) •·. »

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