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N° 408 L'Ami du peuple ou Le publiciste parisien Journal politique et impartial, Par M.

Publié le 23/10/2012

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N° 408 L'Ami du peuple ou Le publiciste parisien Journal politique et impartial, Par M. Marat, auteur de l'Offrande à la patrie, du Moniteur, du Plan de constitution, &c. Du Jeudi 23 Juin 1791 Le sommeil de la mort des Parisiens. Citoyens, je ne reviens pas sur ma parole, si aujourd'hui vous n'avez pas nommé un tribun militaire, non un hypocrite de la cour où un suppôt masqué de l'ancien régime, mais l'homme du peuple qui s'est le plus distingué par ses lumières, sa prévoyance, son dévouement à la patrie, sa fermeté dans les tems de crise ; et si vous le nommez pour autre chose que pour marcher à votre tête et vous marquer les traîtres à abattre, votre perte est assurée, et je n'ai plus rien à vous dire. En attendant que vous m'ayez réduit au silence par votre apathie invincible ; mes entrailles sont déchirées de douleur, et mon zèle pour votre salut me presse de faire un dernier effort en votre faveur. Hier au premier bruit de la fuite de la famille royale, on répétait de toutes parts que Mottié l'avait accompagné dans sa fuite, de même que tous ses mouchards de l'état-major, et les plus forcenés des pères conscrits conspirateurs. C'était le parti le plus naturel à imaginer : mais le traître est trop rusé pour l'avoir suivi. Sûr de l'assemblée nationale toute vendue au monarque, sûr d'une partie de la garde nationale, sûr des aristocrates qui dominent dans les sections, sûr de la municipalité prostituée aux ministres, sûr de quarante mille brigans déguisés, sûr de tous les suppôts de l'ancien régime, le scélérat s'est contenté de donner une escorte à la famille royale ; et il est resté dans vos murs pour faire l'étonné, le pleureur, pour faire désarmer les soldats de la patrie qui ont refusé de lui prêter serment d'obéissance aveugle, pour se faire nommer dictateur. Tandis qu'on se demande de tous côtés, comment est partie la famille royale ; Gouvion, d'Aumont et les autres mouchards de l'état-major, qui étaient de garde aux Tuileries, répètent et font répéter par leurs créatures qu'ils ne conçoivent pas par où elle a pu s'esquiver. Apprenez qu'elle s'est échappée dans la nuit sans aucune misère, qu'elle est montée tranquillement dans les voitures qui l'attendaient dans la cour des princes, accompagnée de trois cents chevaliers à poignard bien montés, et de deux cent scé...

« aucune misère, qu'elle est montée tranquillement dans les voitures qui l'attendaient dans la cour des princes, accompagnée de trois cents chevaliers à poignard bien montés, et de deux cent scélérats choisis dans la garde à cheval, auxquels se sont joints sur la place de Louis XV, un escadron des chasseurs de Lorraine, cantonnés dans les environs et quelques compagnies de la maréchaussée de l'Isle-de-France : cortège à la tête duquel étaient plusieurs aides-de-camp, et avec lequel la sacrée famille a gagné Compiègne : tels sont les renseignements qu'un habitué des Tuileries vient de me faire passer. Tandis que Mottié parcourait les rues à la tête de huit cent alguazils à cheval, en saluant de droite et de gauche, un mouchoir à la main dont il essuyait ses larmes, car il les fait couler à volonté comme une catin de cour ; les pères conscrits, inquiets sur leur propre compte, se mêlaient aux groupes qui remplissaient les Tuileries, et faisaient les bons apôtres, dans la vue de se faire pardonner leur ancienne défection en faveur de ces marques nouvelles de ferveur.

Dès qu'ils voient qu'ils n'ont rien à craindre des dispositions du peuple, ils s'acheminent vers le sénat où les noirs les plus décriés et les faux patriotes ne tardent pas à jouer une parade de fripons en foire, pour mieux leurer le peuple. Renaud de St-Jean-d'Angely, a débuté par demander « qu'il fut sur le champ décrété que le ministre de l'intérieur enverra des couriers sur toutes les routes portant ordre aux municipalités de faire arrêter toutes personnes sortant de France ». Je ne relèverai pas ici l'absurdité de..... ....

ger les ministres, ces complices du monarque, ces éternels ennemis du peuple, du soin de pourvoir à la sureté publique : mais j'observerai que cette mesure tardive, lorsque les légions nombreuses des ennemis de la révolution décidées au carnage sont rassemblées sur nos frontières et que le monarque s'est évadé, ne peut avoir d'autre but que d'empêcher qu'on ne se mit à sa poursuite, et que de zélés patriotes ne se rendissent sur les lieux pour suivre les mouvemens des ennemis. A peine la proposition de Renaud a-t-elle été décrété que Camus a demandé « que tous les ministres fussent sur le champ mandés à la barre pour recevoir et donner des instructions sur le parti qu'il convient de prendre dans la circonstance où se trouve l'empire.

». »

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