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Napoléon Ier

Publié le 27/02/2008

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" Il en est des États comme d'un bâtiment qui navigue et comme d'une armée : il faut de la froideur, de la modération, de la sagesse, de la raison dans la conception des ordres, commandements ou lois, et de l'énergie et de la vigueur dans leur exécution ", écrivait le général Bonaparte au gouvernement provisoire de la république ligurienne, le 11 novembre 1797.             Nul ne pouvait alors prévoir, en dépit de la justesse de ces vues, que le vainqueur de la campagne d'Italie deviendrait l'un des hommes d'État les plus célèbres du XIXe siècle et régnerait sur un empire englobant près de la moitié de l'Europe continentale.             Après Charlemagne et Louis XIV, Napoléon, au sortir de l'anarchie révolutionnaire, a porté en France la notion d'État à son apogée. Il fut tout à la fois le dernier des despotes éclairés et le premier des chefs d'État modernes. La République en partie discréditée par les excès qui avaient suivi la chute de Louis XVI, trois types de gouvernement s'offraient à Bonaparte après Brumaire : la monarchie parlementaire à l'anglaise, la monarchie absolue qui survivait dans les pays de l'Europe méridionale et la monarchie éclairée par la philosophie telle que l'avaient conçue et mise en pratique Catherine de Russie dans son empire, Joseph II en Autriche et Frédéric II le Grand en Prusse. Bonaparte connaissait mal l'Angleterre ; la restauration de la monarchie absolue était impossible en France au sortir de dix ans de révolution ; restait l'établissement d'un gouvernement autoritaire tempéré par les idées nouvelles. L'Empire fut en quelque sorte un compromis entre le despotisme d'un homme et les principes démocratiques hérités de la Révolution : suffrage universel, Assemblées, règles administratives fixes. Sans doute ces principes servirent-ils d'alibi à un système de centralisation à outrance, à l'absorption de tous les pouvoirs par un seul, ils n'en étaient pas moins proclamés par les constitutions.

« “ Il en est des États comme d'un bâtiment qui navigue et comme d'une armée : il faut de la froideur, de lamodération, de la sagesse, de la raison dans la conception des ordres, commandements ou lois, et de l'énergie et dela vigueur dans leur exécution ”, écrivait le général Bonaparte au gouvernement provisoire de la républiqueligurienne, le 11 novembre 1797.

Nul ne pouvait alors prévoir, en dépit de la justesse de ces vues, que le vainqueur de la campagne d'Italiedeviendrait l'un des hommes d'État les plus célèbres du XIXe siècle et régnerait sur un empire englobant près de lamoitié de l'Europe continentale.

Après Charlemagne et Louis XIV , Napoléon, au sortir de l'anarchie révolutionnaire, a porté en France la notion d'État à son apogée.

Il fut tout à la fois le dernier des despotes éclairés et le premier des chefs d'État modernes.

La République en partie discréditée par les excès qui avaient suivi lachute de Louis XVI , trois types de gouvernement s'offraient à Bonaparte après Brumaire : la monarchie parlementaire à l'anglaise, la monarchie absolue qui survivait dans les pays de l'Europe méridionale et la monarchie éclairée par la philosophie telle que l'avaient conçue et mise enpratique Catherine de Russie dans son empire, Joseph II en Autriche et Frédéric II le Grand en Prusse.

Bonaparte connaissait mal l'Angleterre ; la restauration de la monarchie absolue était impossible en France au sortir de dix ans de révolution ; restait l'établissement d'un gouvernementautoritaire tempéré par les idées nouvelles.

L'Empire fut en quelque sorte un compromis entre le despotisme d'un homme et les principesdémocratiques hérités de la Révolution : suffrage universel, Assemblées, règles administratives fixes.

Sans doute ces principes servirent-ils d'alibià un système de centralisation à outrance, à l'absorption de tous les pouvoirs par un seul, ils n'en étaient pas moins proclamés par lesconstitutions.

S'il est un monarque qui a marqué Napoléon, lui montrant la voie du despotisme éclairé KW061 , c'est sans nul doute Frédéric II P110 .

Le roi prussien a été le modèle que s'est assigné tout jeune Bonaparte.

En décembre 1788, alors qu'il approche de ses vingt ans, petit officier corse quis'ennuie dans sa garnison française, il consigne sur l'un de ses cahiers l'histoire du roi de Prusse d'après une vie en quatre volumes de Frédéric IIP110 que vient de publier un certain Laveaux.

Notes sèches, quelque peu décousues mais qu'il juge suffisamment précieuses pour les garder jusqu'en 1815, ne s'en séparant qu'au moment du départ pour Sainte-Hélène P243M3 .

Dans l'exil, il rêve encore au destin du Grand Frédéric.

Las Cases note dans le Mémorial : “ J'observerai qu'il est assez bizarre que le hasard ne m'ait jamais laissé entendre le nom du Grand Frédéric dans la bouche de Napoléon.

Toutefois, la grosse montre ou espèce de réveille-matin de ce prince emportée à Sainte-Hélène P243M3 et placée à la cheminée de l'Empereur, l'empressement avec lequel Napoléon à Potsdam s'élança sur l'épée du Grand Frédéric en s'écriant : “ Que d'autressaisissent d'autres dépouilles, voici pour moi qui est supérieur à tous les millions ! ” ; enfin, la contemplation longue et silencieuse de Napoléonau tombeau de Frédéric prouvent assez à quel haut rang ce prince était dans l'esprit de l'Empereur et combien il avait dû remuer son âme.

” Comme Frédéric, Napoléon a voulu unir le pouvoir politique et la gloire militaire.

La stratégie napoléonienne est fille des guerres frédériciennes ;l'écrasement des forces adverses et non l'occupation ou la défense du territoire, tel est son objectif.

Pour Napoléon, comme pour Frédéric II P110 , la guerre doit être courte et se jouer sur une ou deux batailles.

Certes, Napoléon n'a connu les campagnes de la Prusse qu'à travers Laveaux ouGuibert dont L'Essai général de tactique parut en 1772, mais les éléments réunis étaient suffisants pour lui donner l'idée d'un certain nombre de principes qui doivent diriger un chef de guerre : maintenir l'extrême mobilité de l'armée, ne pas la morceler mais faire manœuvrer sa masse entière,car c'est à la troupe la plus nombreuse que la victoire est assurée.

“ L'art de la guerre, constate Napoléon, ne demande pas de manœuvrescompliquées ; les plus simples sont préférables ; il faut surtout avoir du bon sens.

” Tel fut le secret des victoires d'Ulm, Austerlitz P269M2 et Iéna, que Napoléon avait tiré de l'étude des campagnes de Frédéric.

En 1814 encore, au moment des heures dramatiques de la campagne de France, nuldoute que l'Empereur, au bord du désespoir, n'ait trouvé d'ultimes ressources dans l'exemple de Frédéric II P110 vaincu et redressant finalement la situation.

L'imitation ne s'est pas limitée au domaine militaire.

Comme le roi de Prusse, Napoléon fut un travailleur acharné.

Levé tôt, épuisant ses secrétaires,du propre aveu des Bourrienne P1256 , Fain et Méneval, se tenant informé des moindres détails, voyant tout et décidant tout par lui-même, il était “ le ministre unique et universel ” de son empire.

Son activité ne se relâcha quelque peu qu'au moment de son mariage avec Marie-Louise P2089 . C'est qu'en effet l'Empire offrait le spectacle d'une monarchie centralisée à la manière de la Prusse de Frédéric II P110 ; mais, dépassant son modèle, Napoléon a enfermé la France dans la première armature administrative efficace et cohérente qu'ait connue un État autoritaire.

En maintenantl'abolition de la vénalité des offices décidée par la Révolution, il a disposé d'un corps de fonctionnaires nommés par lui et responsablesuniquement devant lui : préfets, sous-préfets, conseillers d'État, conseillers de préfecture, directeurs généraux, receveurs des contributionsdirectes, inspecteurs du Trésor, conseillers à la Cour des comptes...

Cadres si efficaces que la monarchie restaurée et les régimes qui luisuccédèrent eurent la prudence de les conserver.

Le dirigisme économique fut en revanche moins marqué dans la France napoléonienne que dans la Prussefrédéricienne.

Sans doute, les tendances dictatoriales de Napoléon se firent-elles jour dans ce domaine commeailleurs, mais elles se heurtèrent aux convictions libérales de la bourgeoisie, principal soutien du régime.

L'économie occupe dans la politique impériale une place de choix : n'assure-t-elle pas de bonnes finances et unedémographie en expansion, conditions essentielles du développement de toute puissance militaire ? Les idéeséconomiques de Napoléon sont bien connues.

Il plaçait dans l'ordre : “ 1° L'agriculture : l'âme, la base première del'Empire ; 2° L'industrie : l'aisance, le bonheur de la population ; 3° Le commerce extérieur : la surabondance, le bonemploi des deux autres.

” C'est le programme des despotes éclairés.

Comme eux, Napoléon reste un homme ducontinent, fermé aux innovations de l'Angleterre.

Il n'a pas compris les conditions financières nouvelles, notammentl'importance du crédit.

La brutale dépréciation de l'assignat pendant la Révolution l'a rendu à tout jamais méfiant àl'égard du papier-monnaie.

De là, une rigidité artificielle prétendant fixer une fois pour toutes le cours de la rente, lemontant de la dette publique et le prix de l'argent ; de là, l'exclusion de toute forme d'emprunt.

Peut-être l'Empereureut-il tort.

Du moins le régime traversa-t-il quinze années de guerre sans dévaluation.

Napoléon est encore un homme du XVIIIe siècle dans ses préoccupations sociales.

Il ne peut concevoir une société. »

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