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PACIFISME UTOPIQUE, ET PACIFISME ENGAGE: De la conférence de La Haye aux mouvements pacifistes du xxie siècle

Publié le 08/11/2018

Extrait du document

LA NON-VIOLENCE

 

La non-violence est à la fois proche et différente du pacifisme.

 

Le terme de « pacifisme » est le plus souvent employé à propos de la paix et de la guerre entre les nations,

 

du rôle des armées et de l'armement ; la non-violence s'étend plus largement aux rapports sociaux, idéologiques, religieux.

 

La différence entre pacifisme et non-violence dépend du sens que l'on donne au premier terme.

 

Si l'on définit le pacifisme comme le contraire du bellicisme, alors non-violence et pacifisme sont proches. Ils ne se distinguent que par la recherche de propositions concrètes pour défendre une situation autrement que par les armes.

 

Si l'on entend par pacifisme

 

le refus de toute forme de résistance armée, la différence avec la non-violence est plus marquée, puisque la notion de résistance est centrale dans la non-violence.

 

Le pacifisme serait l’engagement de garantir la paix par des moyens non agressifs. Sur le plan individuel, il s'agit du refus de combattre

 

ou de porter les armes ; sur le plan politique, c'est d'une opposition totale à la guerre et la promotion de moyens respectueux de la vie pour résoudre des conflits internationaux.

 

La doctrine de la non-violence

 

- terme introduit par Gandhi en 1921 - recommande d’éviter le recours à la force en toutes circonstances.

 

Sont considérés comme non-violents le mouvement de Martin Luther King contre la ségrégation raciale, ceux de Lech Walesa et Vadav Havel contre

• En 1917, sur le plateau de Craonne et sur le Chemin des Dames, en Champagne, des soldats refusent de combattre.

• Ces mutins ne sont pas des déserteurs. Ils se révoltent contre les lourdes pertes

- sacrifice inutile selon eux -occasionnées par les offensives

les régimes communistes de leurs pays ou encore l'action des paysans français contre l'extension du camp militaire du Larzac (1971-1981).

De l'Antiquité A la Renaissance

« La guerre est mère de toutes choses, reine de toutes choses

et elle fait apparaître les uns comme dieux, les autres comme hommes et elle fait les uns libres et les autres esclaves », dit Héradite.

Les questions de guerre et de paix intéressent les philosophes de l'Antiquité, comme Aristote ou Platon.

Les pragmatiques Romains affirment Si vis pacem, para bellum - « Si tu veux la paix, prépare la guerre ».

 

Les grandes religions ont aussi influé sur la diffusion du pacifisme, le christianisme en particulier,

 

qui enjoint à ses fidèles de tendre l'autre joue à celui qui les frappe.

 

Dans la légende indienne des Bhagavad Gitâ qui fonde l'hindouisme, Arjuna est déchiré entre son horreur de la guerre et la nécessité de la faire.

 

Au Moyen Âge, on distingue entre bellum hostile, la guerre caractérisée par la retenue, et bellum romanum, la guerre où l'ennemi est massacré.

 

• Machiavel (1469-1527), à son tour, s'interroge sur les moyens de pacifier les relations entre les hommes.

LES MUTINERIES DE 1917

lancées par le général Nivelle.

Pendant les trois premières années de la guerre, les mutineries ont été très rares. À partir d'avril 1917 et pendant plusieurs mois, près de 40 000 soldats français se mutinent, parfois des unités entières, surtout dans l'infanterie.

Le refus de monter en ligne s'accompagne de très rares violences physiques. Quelques groupes de mutins se rendent à Paris pour faire entendre leurs voix auprès de la Chambre des députés.

Contrairement à ce qu'affirme la hiérarchie

Les xviiie et xixe siècles

Les premiers mouvements pacifistes se développent véritablement avec l'avènement des États-nations, dont ils dénoncent la nature belliciste liée à la volonté d'assurer leur prépondérance.

Les philosophes des Lumières se posent eux aussi, la question de la guerre et de la paix.

Le Hollandais Grotius (1583-1645) ouvre la voie avec De jure belli ocpacis.

Montesquieu (1689-1755), en

France, puis Kant (1724-1804), en Allemagne, cherchent à édifier des théories de la paix, non pas une paix d'équilibre entre États qui se menaceraient mais une « paix éternelle ». La fédération européenne leur apparaît comme un remède aux guerres.

 

La Révolution française et les guerres qu'elle entraîne enterrent pour longtemps l'idée philosophique d'une Europe unie dans la paix.

•       Au xixe siècle, l'État-nation devient la norme et le nationalisme un fléau dénoncé par le mouvement ouvrier naissant.

L'idée que seuls l'internationalisme et une révolution peuvent mettre fin à l'accroissement des conflits entre nations se fait jour : c'est l'alliance entre pacifisme et mouvements révolutionnaires.

Toutefois, le courant révolutionnaire, héritier de Blanqui et de Marx,

militaire, il n'y aucune tentative organisée de mutinerie, que ce soit de la part des mouvements pacifistes, de la gauche ou des syndicats.

La plupart de ceux qui refusent le combat sont d'extraction paysanne et sans réelle culture politique ou syndicale.

Au total, la justice militaire prononça 3 500 arrêts suivis de 554 condamnations à mort, de 1 381 condamnations

aux travaux forcés et de 1 492 peines plus légères.

On estime entre 50 et 70

le nombre des soldats exécutés pour mutinerie.

Conférence Création Doctrine de Mutineries Création Appel de Manifeste de Tribunal Russell

de La Haye du prix Nobel l'action non violente du Chemin du Mouvement Stockholm contre Russell et Einstein avec J.-P. Sartre

de la paix de Gandhi des Dames pour la paix l'arme atomique

 

L’ONU, prix Nobel de la paix

Manifestations contre la guerre en Irak

« • La prise du pouvoir par les nazis en 1933 change la donne : la gauche socialiste et communiste, pacifiste depuis la Révolution russe, se demande si le pacifisme est la bonne stratégie contre Hitler ; la droite, qui était belliciste, devient quant à elle peu à peu pacifiste tant elle espère que l'Allemagne nazie sera un frein suffisant à la progression du communisme.

• Les pacifistes les plus radicaux ne perçoivent pas la spécificité du régime hitlérien et les dangers qu'il fait courir au monde :ain si, ils n'admettent pas qu~ l'on entre en guerre au nom de la lutte contre le nazisme.

• Après les accords de Munich (septembre 1938 ) qui consacrent l'abdication des démocraties face aux revendications d 'Hitler , la revue Esprit parle de « pacifisme bêlant ».

LA GUERRE FROIDE • La France sort de la Seconde Guerre ·mondiale très profondément marquée par les conséquences de la politique de collaboration appliquée par ses dirigeants durant le conflit : le « Plus jamais Munich ! » remplace le «Plus jamais la guerre ! » d'après 1918 .

• Auréolé s des victoires de l'URSS face aux armées allemandes, les communistes instrumen ­ talisent l'idéal pacifiste dans l'espoir d'en faire un mouvement de mas se susceptible de peser dans la « guerre froide » qui se profile .

• Créé en 1949, le Mouvement pour la paix, est la plus active des organisations pacifistes qui apparaissent alors.

Des artistes et des intellectuels, comme Pablo Picasso LE MANIFESTE EINSTEIN-RUSSELL • En juillet 1955, à Londres, une conférence de presse rend public un manifeste signé par le physicien d'origine allemande Albm Eltlsteln et le logicien britannique Bertrand Russell.

D'autres scientifiques, comme le physicien français Frédéric Joliot-Curie, apportent leur soutien.

• Leur inquiétude prem ière porte sur le danger de laisser se développer les armes de destruction massive comme la bombe atomique.

• Deux ans plus tard , une première conférence est réunie sur ce thème à Pugwash , en Nouvelle-Écosse (Canada).

• En 1995 , le physicien britannique Joseph Rotblat reçoit au nom de Pugwash le prix Nobel de la paix .

ou Louis Aragon , se font les chantre s de ce mouvement pour lequel le premier dessine sa célèbre colombe.

• En 1950 , le physicien français Frédéric Joliot-Curie est le premier signataire de l'appel de Stockholm -autre initiative d 'inspiration communiste -qui exige l'interdiction de l'arme atomique.

• Au début des années 1950 , l'opposition à l'exéc ution des époux Ethel et Juliu s Rosenberg, accu sés d'avoir livré des secrets atomiques à l'URSS , constituent le point culminant de la mobilisation pacifiste en Amérique et en Europe .

• En France , c'est la guerre d'Algérie, à partir de 1954, qui cristallise les aspirations pacifistes.

Des appelés du contingent refu sent de participer ~~~~lli~~~ à cette« guerre sans nom ».

,._.,..,..._.~WII il De rares LA PAIX EN ALGERIE officiers, comme le général Jacque s Paris de Bollardière , héros de la Résistance , s'élève nt contre les torture s pratiqu ées par l'armée française .

·Toutefoi s , durant la période, l'équilibre de la terreur créé par les arsenaux nucléaires soviétique et américain contribue certainement plus au maintien d 'une paix relative dans le monde que l'action des mouvements pacifi stes.

• l.'instrumentalisation du pacifisme par l'URSS s'effondre en 1956 avec les révélations sur les crimes de Staline par Khrouchtchev lors du XX' Congrè s du PCUS et l'intervention en Hongrie .

• Aux États-Unis , le pacifisme trouve un regain de vivacité dans les années 1960, quand la génération hippie du « Flower Power » dénonce la guerre au Vietnam.

• Il faut attendre l'installation par les Soviétiques des missiles SS 20, dans les années 1980 , pour voir renaître un mouvement pacifiste en Europe occidentale.

Face aux manifestations , le président Françoi s Mitterrand déclare : « Les pacifistes sont à l'Oues t , mais les missiles sont à l'E st », stigmatisant ainsi les partisans d 'un désarmement unilatéral.

LES GUERRES DU GOLFE • Depui s les années 1990, l'adhésion aux thèses pacifistes dépend plus des circonstances que d'une position de principe.

• Après l'invasion du Koweït par l'Irak en août 1990, l'ONU donne son feu vert à une intervention militaire , après que toutes les médiations diplomatique s ont échoué.

L'intervention des forces coalisées placées sous la bannière des Nation s unies fait l'unanimité dans le monde , y compris dans les pays arabes.

• Dans le cadre d'une intervention sous l'égide de l'ONU destinée à faire respecter le droit international, les voix pacifi stes ont peu d'échos.

• Le contexte est différent en 2003.

L'Irak s'est plié aux exigences de l'ONU en acceptant les inspections d'une mission de désar mement sur son sol.

• Sans mandat de l'ONU, et contre son avis, les États-Unis prennent la tête d'une coalition et renversent le régime de Saddam Hussein.

• Aux quatre coins du monde , des millions de personnes manifestent contre laguerre.

Mais ces manifestants , ne sont pas tous pacifi stes.

Beaucoup manifestent contre la politique unilatéraliste des États -Unis.

• Si les mouvements pacifistes renaissent à chaque nouvelle guerre, leur poids varie en fonction des circonstances, un poids qui reste difficile à évaluer.

• Enfin , quelques mouvements internationaux connaissent .

une certaine audience : le Mouvement international de la Réconciliation, le Pèlerinage international pour la Paix , les Brigades de paix internationales ; en France le Mouvement pour une alternative non -violente , le Mouvement de la Paix, l'Arche de Lanza del Vasto .

FIGURES DE LA NON -VIOLENCE MOHANDAS GANDHI (1869·1948) • Né en Inde dans une famille de riche s commerçants, Mohandas Karamchand lil~....,;r;;:;..,~r l'!l Mahatma -la « grande âme » en sanskrit­ Gandhi est le père fondateur de l 'Inde indépendante.

• Pour libérer son pays du joug britannique , il se fit le promoteur de la non-violence comme moyen d'action à travers le principe de la Satyagraha -la « voie de la vérité » - qui inspirera des générations d'activistes démocrate s et antiracistes.

• Après des études de droit en Angleterre , Gandhi entame une carrière d 'avocat à Bombay puis en Afrique du Sud où il défend l'importante communauté hindoue .

• Gandhi a été influ encé par léon Tolstoï dont il a traduit la Lettre à un Hindou, dans laquelle l'écrivain russe stigmatise la violence des nationalistes indien s pour se défaire du joug colonial ; les deux h ommes ont correspondu jusqu'à la mort de Tolstoï en 1910 .

• Durant le premier conflit mondial, Gandhi se rapproche du mouvement pour l 'indépendance de l'Inde .

• Il acquiert une renommée mondiale en promouvant une politique de désobéissance civile e t l'utilisation du jeûne comme forme de protestation .

• Il conduit ainsi l'Inde sur la voie de l'indépend ance en évitant les bains de sang.

BERTRAND RUSSELL (1871·1970) • Épistémologue , mathématicien et philosophe, Bertrand Russell est ----= ,...-- ..

antimilitariste et pacifi ste dès la Première Guerre mondiale, ce qui lui vaut une condamnation à six mois de prison et la perte de son poste d'enseignant à Cambridge .

• Proche des socialistes, mais critique à l'égar d de la Révolution russe dès 1920 , il souligne les danger s du nationalisme et reste longtemp s pacifiste avant de reconna ître à l'orée de la Seconde Guerre mondiale la nécessité de lutter contre Hitler.

• En 1955 , il rédige avec Albert Einstein un manifeste dénonçant la prolifération des armes nucléaire s qui est à la base de la Fondation Pugwa sh.

• En 1961, c'est avec Jean-Paul Sartre qu'il constitue le« tribunal Russell » destiné à juger les crimes de guerre américains au Vietnam.

LANZA DEL VASTO (1901-1981) • Né dans une famille de la noble sse sicilienne, le philosophe et poète Lanza del Vasto fut le principal disciple chrétien du Mahatma Gandhi en Occident.

• Grand voyageur et homme de terrain , il prône l'urgence du dialogue interreligieux, l'action écologique et la non-violence .

•Il fonde plusieurs communautés dont celle de l'Arche.

NELSON MANDELA (Nt EN 1918) • En 1942 , Nelson Mandela rejoint le Congrès national africain (ANC ) en lutte contre l'apartheid imposé par la minorité blanche en Afrique du Sud.

• D'abord partisan de la non-violence , il se résout à la lutte armée.

• Arrêté en 1962 , condamné à la prison à perpétuit é, le plus vieux prisonnier politique dans le monde est libéré en lévrier 1990 .

• Après la fin du régime d 'apartheid , et un prix Nobel de la paix qu'il partage avec le chef de l'État, Frederik De Klerk, il devient en 1994 le premier président noir de l 'Afrique du Sud, poste qu'il abandonne en 1999.

• Figure morale hautement respecté, il continue de lutter pour la paix, effectuant de nombreuses médiations et dénonçant notamment la guerre contre l'Irak en 2003.

MARTIN LUTHER KING (1919·1968) • En 1955 , une jeune femme noire , Rosa Parks, est condamnée pour avoir refu sé de laisser son siège à un passager blanc dans un bus de Montgomery, dans l'Alabama .

• Pasteur baptiste de la ville, le révérend Martin Luther King s'engage dans la résistance non violente en organisant le boycott des bus de la ville.

Son combat aboutira à la décis ion de l a Cour suprême déclar ant inconstitut ionnelle la ségréga tion raciale dans les transports.

• Martin Luther King organise et dirige ensuite des marches pacifiques pour la reconnai ssance des droits civiques élémentaires dont étaient jusque-là privés les Afro-Américains.

• Son action est récompensée par l'adop tion en 1964 du Civil Rights Act qui abolit toute forme de ségrégation.

• L'auteur du fameux discours d'aoû t 1963, « 1 have a dream »-« Je fais un rêve » -, obtient le prix Nobel de la paix en 1964.

Il est assass iné quatre ans plus tard.

VACLAV HAVEL (NtE EN 1936) • Écrivain et dramaturge tchèque, Vaclav Havel part icipe en 1977 à la rédaction de la Charte 77, qui exige l'applicati on des libertés démocratiques et le respect des droits de l'homme dans la Tchéco slova quie communiste reprise en main par l'URSS à la suite du Printemps de Prague (1968 ).

• Son action lui vaut quatre ans de prison, entre 1979 et 1983.

• Après la « révolution de velours » de 1989 , qui voit la Tchécoslovaquie sorti r du communisme sans violence, il est le premier président démocratiquement élu de la République tchèque.

D~SERTION, INSOUMISSION ET OBJECTION DE CONSCIENCE • De tous temps, les hommes ont cherché à se soustraire aux aléas de la guerre.

Nombreux sont ceux, au cours des âges, qui ont préféré l'automutilation à l'enrôlement.

Le rachat de son inscription sur le rôle a profité aux plus fortunés à l'époque où cette pratique était en usage .

La désertion, quoique sévèrement punie, a séduit plus d 'un soldat des armées du monde entier, en temps de guerre comme en temps de paix .

L'exil, choisi par de nombreux jeunes Américains qui se sont réfugiés au Canada au moment de la guerre du Vietnam constitue une autre forme du rejet de la violence meurtrière des nations .

• Ce refus de servir sous les drapeaux a parfois pris une forme plus engagée, insoumission -c'est­ à-dire refus d'exécuter un ordre­ ou mutinerie -qui est une expression collective de l'attitude précédente.

les mutins anglais du Bounty en 1789, les soldats fraternisant avec les Communards en 1870, les marins russes du Pote•khle en 1905, la « chair à canon » du Chemin des Dames en 1917 s'ajoutent à tous ceux qui ont mis « la crosse en l'air», refusant de tirer sur des manifestants , comme lors des grèves viticoles du languedoc en 1907.

les derniers en date , au XXI' siècle, sont ces militaires israéliens de réserve qui, affirmant avoir « reçu des ordres et directives qui n'avaient rien à voir avec la sécurité de [leur] pays », ont refusé de servir dans les territoires occupés.

• Reconnue par divers pays dans le monde, l 'objection de conscience constitue une forme légale du refus d'effectuer le service militaire , en raison de considérations religieuses ou philosophiques.

L'objecteur s'engage à effectuer un service civil.. »

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