Philippe le Bel et la Flandre : La convention de Marquette
Publié le 04/09/2013
Extrait du document

Plutôt que de prolonger les hostilités contre la Flandre, Philippe IV le Bel préfère une fois de plus négocier. Malgré l'avis de la majorité des membres de son Conseil, il fait le choix de la paix et décide de tenter de mettre un terme à un conflit qui s'éternise depuis bientôt dix ans. Quelques jours vont suffire pour trouver les bases d'un accord, qui sera scellé le
3 septembre 1314 par la convention de Marquette.
U
ne séance houleuse s'ou-vre au Conseil du roi, pro-visoirement installé à Orchies, pour décider de la poursuite ou de l'arrêt de la guerre contre les Flamands. Louis de Navar¬re, le futur Louis X le Hutin, fils aîné de Philippe 1V le Bel, et Charles de Valois, frère du roi, tous deux ardents combattants et amateurs de prouesses che-valeresques, soutiennent que la bataille doit être livrée et la victoire acquise avant de trai¬ter. Leur faisant face, un autre frère du roi, Louis d'Évreux, plus diplomate, et le chambel¬lan Enguerrand de Marigny

«
préfèrent accepter l'offre de
paix de Jean de Namur , frère
cadet du comte de Flandre Ro
bert de Béthune.
Malgré l'avis
de la majorité des membres du
Conseil, Philippe le Bel décide
de négocier.
Un accord
vite trouvé
Le roi est hanté par le souvenir
de la défaite de Courtrai, en
juillet 1302, et ne veut pas
prendre le risque de subir un
autre échec aussi cuisant .
li
espère que ses récentes dé
monstrations militaires suffi
ront à intimider les Flamands,
tout en lui évitant de les re
pousser dans leurs derniers
retranchements.
A la fin
du mois d'août 1314, il
envoie ses plénipotentiaires,
Louis d'Évreux, Guy de Saint
Pol
et Enguerrand de Marigny,
rejoindre Jean de Namur près
de Tournai.
Les bases d'un
nouvel accord sont trouvées en
quelques jours .
Le comte de
Flandre et son fils, le comte
Louis de Nevers, acceptent de
s'en remettre à la merci du roi,
qui de son côté lève les sen
tences d'excommunication lan
cées contre eux et leur rend
son amitié.
A l'avenir, la paix
sera
garantie par Robert de
Béthune qui proclamera Louis
de Nevers son héritier pour le
comté de Flandre .
Celui-ci
devra aussitôt prêter hommage
et foi au roi et ratifier sans arriè
re-pensée
le traité de Pontoise
de juillet 1 312 ; en gage de sa
loyauté , il enverra son fils aîné ,
Louis
de Crécy , en otage à la
Cour
de France .
Louis
de Nevers confirme ces
accords
à Marquette, près de
Lille , le 3 septembre .
Charles
de Valois en fait autant à Tour
nai.
Enfin, le roi ratifie à son
tour la convention de Marquet
te le 10 octobre à Saint-Denis .
Un accord
qui
déçoit
Mais la convention de Mar
quette suscite maintes protes
tations .
La noblesse française,
oubliant la défaite de Courtrai,
ne se
souvient que de la victoi
re remportée deux ans plus
tard à Mons-en-Pévèle : les
jeunes chevaliers de l'ost
auraient voulu poursuivre le
combat contre les Flamands et
n'acceptent pas de voir ainsi
leur échapper une occasion de
se couvrir de gloire.
Les contri
buables , eux, ne peuvent
admettre que le sacrifice con
senti pour payer l'impôt de
guerre n' ait servi à rien .
« Sans
rien faire,
ils furent déboutés à
eux en revenir non glorieux et
sans honneur », résument les
Grandes Chroniques de France.
Mais, comme le sage Louis d'ɭ
vreux, le roi a parfaitement
compris qu 'une victoire militai
re, aussi décisive soit-elle, ne
saurait régler un conflit qui
s'éternise depuis bientôt dix
ans.
De plus, l'accord est fort
avantageux pour lui : il rede
vient maître de Courtrai et se
voit confirmer la possession de
Lille, Douai et Béthune .
Certes,
Louis de Nevers récupère ses
comtés de Rethel et de Ne
vers , et son fils gardé en otage
à la Cour sera rapidement relâ-
lf2BilbED ITIONS IWl! ATLAS
ché .
Cependant, la convention
de Marquette a l'avantage de
garantir l'exécution du traité de
Pontoise et du « transport de
Flandre » de juillet 1 312 : « Le
troisième article obligeait à
ratifier le transport au roi des
châtellenies de Lille , Douai et
Béthune .
A cela nous ne nous
résoudrons jamais .
Ce serait
créer
d'interminables difficul
tés .
Ce serait morceler la Flan
dre », note Louis d 'Évreux
dans ses commentaires ren
dant compte des pourparlers .
L.:accord suscite une certaine
déception chez les Français
comme chez les Flamands, et
son exécution repose un peu
trop sur la bonne volonté de
Louis de Nevers, qui n'en fera
pas
toujours preuve .
Mais Phi
lippe le Bel a fait le bon choix
de la paix, trop longtemps res- ·
tée en suspens .
DE LOURDES
CONSÉQUENCES
POUR MARIGNY
Le chambellan Enguerrand de Marigny est devenu la cible
de tous les mécontents.
N'est
ce pas lui qui a conseillé au roi de négocier avec Louis
de Nevers ? On l'accuse d'être « vendu » aux Flamands :
le comte de Nevers lui aurait
donné deux cent mille livres pour empêcher la victoire que
tous attendaient.
D'ailleurs,
on a bien vu des charrettes entrer dans son château
d'Écouis, chargées de beaux
draps de Flandre , sans nul
doute la récompense de sa
trahison ...
En fait, Marigny
s '
est démené pour que les
foires d'Écouis , qu'il a créées
l'année précédente pour son
plus grand profit, soient
bien approvisionnées en toiles
et puissent se tenir comme
prévu en septembre.
Ces accusations sont balayées
d'un revers de main par
Philippe IV le Bel, qui garde
toute sa confiance à son
conseiller , mais elles pèseront
lourd après la mort du roi..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Philippe le Bel et la Flandre Le traité d'Athis-sur-Orge
- Philippe le Bel et la Flandre Une expédition avortée
- 1302 Les " Matines " de Bruges Outrés par la déloyauté de Philippe le Bel qui retient prisonnier le comte de Flandre, Gui de Dampierre, les Flamands massacrent dans Bruges quelque trois mille Français.
- 1302 Les " Matines " de Bruges Outrés par la déloyauté de Philippe le Bel qui retient prisonnier le comte de Flandre, Gui de Dampierre, les Flamands massacrent dans Bruges quelque trois mille Français.
- Philippe le Bel et la Flandre : La revanche française de Mons-en-Pévèle