Philippines de 1995 à 1999 : Histoire
Publié le 24/12/2018
Extrait du document
Moins touchées par la crise de 1997 que les autres pays d’Asie, les Philippines voient leur économie régresser légèrement. Le taux de croissance du produit intérieur brut, tout en restant largement positif, diminue. Tous les secteurs de l’économie sont touchés, et les résultats mitigés obtenus dans les
secteurs agricole, industriel et des services sont dus notamment à la méfiance des investisseurs nationaux et internationaux à l’égard des économies asiatiques. Mais, en regard des autres membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ANSEA), le pays réussit mieux à tirer son épingle du jeu. En effet, son
économie est en pleine restructuration sous l’égide du Fonds monétaire international et, à partir de 1997, le déficit de la balance commerciale régresse. Mais certains goulets d’étranglement subsistent : l’épargne et les rendements fiscaux restent insuffisants pour financer l’économie et le pays est dans l'obligation de faire
«
appel
aux acteurs étrangers pour
financer ses programmes
d'investissements.
L'insuffisance des
infrastructures et la répartition inégale
des richesses, malgré une amélioration
sensible du niveau de vie, sont
créatrices de tensions sociales.
Plus de
30 % de la population vit encore
au-dessous du seuil de pauvreté,
et Je taux de croissance après 1997
est trop bas pour combler ces
inégalités.
En septembre 1997, une
manifestation imposante de plus de
500 000 personnes se déroule dans la
capitale Manille, avec l'appui de la
hiérarchie catholique (Je cardinal Sin)
et de Coraz6n Aquino, pour empêcher
Je président Fidel Ramos, au pouvoir
depuis juin 1992, de réformer la
Constitution dans Je but de briguer un
second mandat.
Devant J'ampleur de
la contestation, Je président, dont la
popularité ne cesse de baisser, renonce
à se présenter en 1998.
Pourtant, le
bilan de sa politique est positif : outre
les résultats économiques plutôt
satisfaisants, des pourparlers ont été
ouverts avec la guérilla communiste
de la Nouvelle armée du peuple
(NAP), et un accord de cessez-le-feu a
été signé en septembre 1996 avec le Front
de libération nationale Moro
(FLNM), l'un des mouvements
séparatistes musulmans de Mindanao.
Sur les six candidats à la présidence,
le vice-président des Philippines,
Joseph Estrada, un ancien acteur de
cinéma, est donné favori.
En mai
1998, après une campagne électorale
menée sur le thème de la lutte contre
la pauvreté et la criminalité, il est élu,
avec près de 40 % des suffrages,
devant José de Venicia, candidat favori
du président sortant, qui obtient moins
de 16 %.
Cependant, le même jour,
l'alliance Lakas («Pouvoir du
peuple »)-Union nationale des
chrétiens-démocrates, conduite par
Raul Manglapus, remporte 101 sièges
à 1 'Assemblée devant la coalition
menée par Edgardo Angara et Joseph
Estrada, qui n'en obtient que 62.
Dès
son arrivée au pouvoir, le nouveau
président, peu familier de la gestion
économique et des dossiers
internationaux, va créer la surprise.
Il
s'allie par exemple avec des
personnalités proches de J'ancien
dictateur ou encore accorde une
amnistie fiscale à certains hommes
d'affaires et à la famille de Marcos.
Sous sa direction, le pays connaît un
ralentissement de J'activité économique
et une détérioration de la
situation sociale.
«L'ami des pauvres
» -c'est ainsi qu'il se présentait -n'a
pu ni ramener Je taux de sous-emploi
à moins
de 20% ni maintenir l'équilibre
budgétaire.
De plus, les pratiques en
vigueur à l'époque du dictateur
Ferdinand Marcos -corruption,
népotisme et violations des droits de
l'homme- resurgissent.
En aoOt 1999,
des milliers de personnes manifestent
à 1' appel de Coraz6n Aquino et de
l'archevêque Sin pour protester contre
le projet de réforme constitutionnelle
du président qui est soupçonné de
vouloir par ce biais renforcer ses
pouvoirs, ce qu'il nie en avançant que
son seul motif est de lever les
obstacles légaux aux investissements
étrangers.
Concernant Je retour à la paix civile,
Je gouvernement et Je Front islamique
de libération Moro (FILM), qui se bat
toujours en faveur de l'indépendance
de Mindanao, décident en octobre
1999 d'ouvrir des négociations.
En
revanche, la guérilla communiste
reprend, plusieurs militaires sont
enlevés et les pourparlers, engagés
depuis 1995, sont suspendus sine die..
»
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