Prusse
Publié le 04/03/2012
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Ancien Etat de l'Allemagne, capitale Berlin, 300 000 km².
Formé au bord de la mer Baltique, le pays fut ensuite colonisé par les Allemands qui l'urbanisèrent et rattachèrent les villes ainsi créées à la Hanse. Au XVIe siècle, la Prusse devient un duché héréditaire sous la souveraineté de la Pologne. A la suite de la guerre de Trente Ans, naît l'Etat prussien sous l'autorité de Frédéric-Guillaume. Ses successeurs, Frédéric Ier, Frédéric-Guillaume Ier et surtout Frédéric II (1740-1786) donnent à la Prusse une pleine autonomie, une véritable administration et une armée très puissante.
Les règnes de Frédéric-Guillaume II et Frédéric-Guillaume III marquent un premier déclin du pays, accentué par la défaite de Iéna (1806) face à Napoléon Ier. Après le congrès de Vienne, le roi de Prusse prépare l'unification des Etats allemands qui aboutira en 1870 avec la nomination en tant qu'empereur d'Allemagne de Guillaume Ier.
La Prusse conserve une autonomie au sein de l'Allemagne jusqu'en 1935, date à laquelle elle est annexée par Hitler au IIIe Reich. Elle perd après la Seconde Guerre mondiale ses territoires situés à l'est de l'Oder.

«
dominant , la puissance prussienne est déjà considérable , et la Prusse est le royaume le plus étendu de l'Allemagne divisée : entre 1740 et 1786, il est passé de 120 000 à 200 000 km'.
LA PlUSSE DANS LA TOUIMENTE le règne des deux successeurs de Frédéric le Grand s'inscrit dans une période troublée, celle des guerres de la Révolution française puis de Napoléon 1".
Frédéric-Guillaume Il (1786 -1797), neveu de Frédéric Il, laisse ses ministres gouverner le pays .
Sous son règne, si la Prusse s 'engage dans la lutte contre la France révolutionnaire , elle le fait toutefois dans une moindre mesure que l'Autriche : d'une part les élites prussiennes sont beaucoup moins hostiles que les classes dirigeantes autrichiennes (aristocratie et clergé) à l'idéologie révolutionnaire ; d 'autre part , les intérêts du gouvernement prussien sont surtout orientés vers l'Europe orientale et le 3' partage de la Pologne (avec l'Autriche et la Russie en 1795) .
Frédéric-G11111•11•e Ill (1797-1840) trouve à son avènement un royaume considérablement agrandi (près du double) sous le règne précédent et
question du Hanovre, convoité par Frédéric Guillaume Ill mais occupé par les troupes françaises , envenime les relations entre les deux pays .
la Prusse finit par entrer en guerre et somme Napoléon , le 1" octobre 1806 , d 'évacuer l'Allemagne à l 'est du Rhin .
la riposte ne se fait guère attendre, sous la forme d'une double bata ille,
le 14 octobre, à léH et Auerstedt où l'armée prussienne est totalement vaincue .
la capitale, Berlin, est occupée; le pays est presque entièrement envahi, à l 'exception de la Prusse orientale , où le souverain se réfugie .
la paix signée à Tilsit (9 juillet 1807) enlève à la Prusse la moitié de son territoire.
Soumis à une lourde contribution, occupé militairement l'État prussien semble pour longtemps hors du jeu européen.
LE IENOUVUU Toutefois , c'est au moment même où la Prusse subit le plus lourdement le joug français que prend corps chez les élites rêve d'un grand · national.
fort mouvement
abolition du servage ; création , en 1810 , de l'université de Berlin (foyer du nationalisme allemand); réorganisation de l'armée (limitée par Napoléon à 42 000 hommes) ...
la désastreuse campagne française en Russie sonne le réveil des forces germaniques .
la Prusse prend alors la t ête des États allemands dans la guerre de libération contre l'Empire napoléonien, qui aboutit aux victoires de 1813 (dont celle de leipzig en octobre) .
l'armée prussienne entre à Paris aux côtés des Russes et des Autrichiens le 31 mars 1814 .
Si la Prusse semble incarner un temps le rêve des nationalistes allemands , cet espoir est annih ilé par les artisans du congrès de Vienne (1814 -1815), qui restaurent la plupart des princes dans leurs prérogatives, conservant toutefois la structure politique simplifiée mise en place par Napoléon, soit une confédérat ion de trente-huit États dotés chacun d 'une grande autonomie.
Cette Confédération germanique est placée sous l'autorité des Habsbourg.
mais il s'agit d'une présidence honorifique : les souverains de Vienne ne portent plus désormais que le titre d'empereur d 'Autriche .
la Prusse de 1815 diffère sensiblement de celle de 1795 .
Elle perd , au profit de la Russie, une partie de ses provinces polonaises , et ce qu'elle acquiert dans la région du Rhin (Düsseldorf, Cologne, Aix-la-Chapelle , Trèves, Coblence) modifie l'équilibre du royaume, qui voit son centre de gravité se déplacer vers l 'ouest.
Par ailleurs, la diminution de la superficie (de quelque 20000 km') est largement compensée par l 'accroissement de la population (qui passe de 8 ,7 à 11 millions ) et surtout par la valeur économique des nouveau x territoires .
Si Frédéric-Guillaume Ill a déçu les patriotes allemands (qui aspiraient à un régime libéral) en refusant la perspective de l'unité et en restant attaché aux valeurs conservatrices , les dernières années de son règne sont loin d 'être négatives pour l'avenir du pays .
D'une part, une armée forte de 150000 hommes en temps de paix est restaurée; d'autre part, une unité douanière (Zollverein) se réalise par étapes à partir de 1816 .
Elle englobe successivement les différentes provinces pruss iennes , les États minuscules enclavés dans le territoire prussien , la majeure partie des États allemands du Centre, de l'Ouest et du Sud.
À partir de 1834 , c'est donc un véritable marché commun de quelque 25 millions de personnes qui commence à fonctionner sous l'égide de la Prusse (qui compte alors 14 millions d'habitants) .
Une active politique de construction de chemins de fer consolide cet état de fait.
PIEMIEIS ESPOIIS DiÇVS Cette «Petite Allemagne » économique formée autour de la Prusse susc ite à nouveaux les espoirs des partisans de l'unité .
Par ailleurs, en 1840 , l'arrivée au pouvoir du nouveau roi, Frédéric-Guillaume IV, cristallise les espoirs de la bourgeoisie libérale face à l'Autriche de Metternich , figée dans son conservatisme .
Développement des idées libérales inspirées de la Révolution française , progrés de l'idéologie nationaliste ,
effets de la dépression économique : tout cela précipite la révolution de 1848, qui contraint presque tous les États allemands à faire des concessions .
En Prusse , après des émeutes à Berlin en mars, le roi nomme un min istre libéral et finit même par octroyer une Constitution en décembre 1848 .
Toutefois, dans l'atmosphère de réaction qui règne ensuite dans toute l'Allemagne, un nouveau texte rétablit la prédominance de l'autorité royale sur le Parlement.
le ,.,rlement de Fr•ncfot1, est élue au suffrage universel par tous les Allemands (y compris ceux d 'Autriche et de Bohême) .
Chargée de donner une Constitution au pays, elle pose le principe d'une «Grande Allemagne », rejetant les territoires non allemands de l'empire d 'Autriche .
Cependant, cette Assemblée se heurte aux divisions au sein du mouvement révolutionnaire , à la résistance des États , et notamment à l 'opposition obstinée de la Prusse conservatrice : le roi Frédéric-Guillaume IV refuse (avril1849) d'être le monarque constitutionnel de l'Allemagne unifiée, car cette proposition émane d'une instance (celle de Frandort) issue du suffrage universel.
Finalement l'Autriche , après la dispersion du Parlement (juin 1849).
oblige , l'année suivante, la Prusse à rentrer dans le rang et à revenir à la situation d'avant 1848 .
La Confédération germanique est maintenue.
C'est ce que l'on appelle la cc reculade d'Olmütz» (29 novembre 1850) .
LA "GRANDE PRUSSE 11 (1850-1871)
LA VICTOIIE CONTIE L' AIITIICHE l'humiliation d'Olmütz assombrit la fin du règne de Frédéric·G•III••.eiV .
le roi, qui souffre de troubles mentaux à partir de 1854, doit en 1858 céder le pouvoir à son frère Guillaume , qui devient roi en 1861 .
l'année s uivante , le souverain nomme le prince Otto von Bismarck (1815-1898 ) chancelier .
Celui -ci impose à l'assemblée prussienne, le Landtag , des crédits miliaires importants pour moderniser l'armée .
l'objectif est clair : profiter du potentiel industriel de la Prusse pour forger une puissance
capable de vaincre l'empire d'Autriche , principal obstacle à l 'unité allemande .
Dans un premier temps , Bismarck entraine les Autrichiens dans la guer re des Duchés (1864) contre le Danemark .
Ce dernier , vaincu , doit céder deux duchés habités en grande partie par des Allemands : le Schleswig à la Prusse et le Holstein à l'Autriche.
Puis , afin de créer une situation de tension avec Vienne, Bismarck dénonce la mauvaise administration du Holstein.
Après s'être assuré de la neutralité de la France, il lance l'armée prussienne
contre l'Autriche, qui est vaincue à S.dow• .
le 3 juillet 1866 .
la guerre n'a duré que quelques jours , et la victoire est totale .
la Prusse annexe le Hanovre, la Hesse-Cassel, le Holstein et Frandort .
Elle dissout la Confédération germanique, remplacée par la Confédération de l'Allemagne du Nord, présidée par le roi de Prusse et gouvernée par
Bu•tdr.
En outre, l'Autriche doit céder la Vénétie qui revient au nouveau royaume d'Italie .
LA GUEIIE CONTIE LA fiANCE la Confédération de l'Allemagne du Nord matérialise l'hégémonie prussienne mais uniquement dans l 'Allemagne septentrionale protestante .
les États catholiques du Sud sont encore hésitants .
les souverains de Bavière, du Wurtemberg et du pays de Bade sont méfiants à l 'égard du militarisme prussien et regardent plutôt vers les Habsbourg.
catholiques comme eux.
Mais, en même temps , leur intérêt économique est de rester dans le Zollverein , dominé par la Prusse .
Bismarck voit alors l'intérêt d'une guerre contre la France, qui cimenterait dans le sang l'unité de tous les Allemands autour de la Prusse .
Il profite des maladresses de Napoléon Ill, qui réclame la rive gauche du Rhin ou le luxembourg comme «compensations » de la neutralité française en 1866 .
Bismarck refuse d'accorder à la France ce qu'il appelle dédaigneusement des «pourboires».
la tension est à son comble en 1870 lorsque la France, non contente d'obtenir le renoncement de la famille des Hohenzollern au trône d'Espagne, exige de Guillaume 1" l'assurance qu'il n 'autorisera pas, à l 'avenir, une telle candidature .
le roi de Prusse refuse de s'y engager et, de la ville d 'Ems où il se repose, il adresse à Bismarck une dépêche où il raconte comment il a rejeté la demande .
le 13 juillet, le chancelier prussien fait
publier cette dépêche par la presse .
le texte, jugé blessant déchalne une forte émotion en France .
Napoléon 111.
le 19 juillet déclare la guerre à la Prusse .
la Prusse réunit contre la France tous les États allemands, y compris ceux
LA PUISSANCE DOMINANTE DU REICH
le nouveau Reich est une confédération où les États gardent certains attributs (la Bavière , par exemple , a droit à une armée) , mais où le vrai pouvoir émane de la Prusse dont la capitale, Berlin, devient celle du nouvel empire .
Guillaume l" et ses successeurs Frédéric Ill (1888 ) et GIIH/n.e Il (1888 -1918) portent le double titre
1890) est aussi Premier ministre prussien.
Par ailleurs , les autres États pésent peu face à la Prusse , tant en superficie {348000 km' sur 540000 km' pour tout l'Empire) et en nombre d'habitants (37, 3 millions sur 60,7 millions en 1905) qu'en économie (l'industrialisation de l'Allemagne favorise la Prusse , riche en bassins houillers et en grands centres sidérurgiques) .
Vus LA DISPAimON DE LA PlUSSE Après la délaite allemande en 1918 , Guillaume Il doi t déposer et la couronne impériale et celle de Prusse (qu'il avait espéré pouvoir conserver) .
la Prusse devient une république et un Land de la république de Weimar .
Bien qu'amputée de plus de 50000 km', elle reste le plus étendu des Liinder allemands.
l'arrivée de Hitler au pouvoir met toutefois fin à son existence officielle {1933 -1934) .
En février 1947, les Alliés décident de ne pas ressusciter l'État de Prusse .
Sa partie orientale est partagée entre la Pologne et l 'URSS..
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