Renaud de Châtillon, seigneur d'outre-Jourdain
Publié le 26/06/2013
Extrait du document
En 1184, les chrétiens négocient une nouvelle trêve : ils ont besoin de temps pour restaurer leurs forces, demander des renforts et des subsides en Occident. Avec la mort de Baudouin IV de Jérusalem, en mars 1185, celle de son jeune successeur jeune Baudouin V, en septembre 1186, et l'avènement de Gui de Lusignan, les divisions entre les Francs s'accentuent dramatiquement, et l'unité des États latins est sévèrement menacée.
«
UNE INSOLENCE
DE TROP
La caravane dont Renaud de ChâtiUon s'empare
fln 1186 ou début 1187
transporte une quantité
considérable de
marchandises.
Après avoir
massacré les hommes armés, le selgneur~brigand s'empare
d'un butin immense et fait jeter marchands et pèlerins
dans les oubliettes de sa
forteresse du krak de
Moab.
Saladin s'efforce de
temporiser et envoie ses
émissaires demander la libération des captifs et la
restitution
de leurs biens.
Renaud de Châtillon refusant
de les recevoir, les
négociateurs du sultan vont
à Jérusalem pour s'en remettre à Gui de Lusignan.
Si Saladin entre en guerre,
ce n'est pas tant à cause de
l'impuissance du roi de
Jérusalem à faire plier son
vassal, mals parce qu'Il a
juré de tuer Renaud
de Châtillon de ses propres mains.
Lorsque les
prisonniers de la caravane ont Invoqué la trêve
permettant aux marchands
et aux pèlerins de voyager en toute sécurité, leur geôlier leur a lancé : « Que votre Mahomet vienne donc vous délivrer ! »
Une insolence de trop ...
Le sultan va relever le défi et, au lendemain de la
bataille d'Hattin , en juillet 1187, se chargera lui~même de décapiter cet ennemi peu
respectueux.
relâcher ses prisonniers, de
restituer son butin et de faire
amende honorable devant Sa~
ladin .
Le seigneur Renaud re~
fuse d' obtempérer .
En novem ~
bre, sa forteresse du krak de
Moab est assiégée par les
musulmans et il ne doit son
salut
qu'à l'arrivée des renforts
envoyés
par Baudouin IV.
Au cours de l'hiver 1182 , Châ ~
tillon se lance dans une folle
entreprise : il fait transporter à
dos
de dromadaires plusieurs
navires jusqu'au port d'Eilat,
au
fond du golfe d'Akaba.
De
là, il longe les côtes de la mer
Rouge, pillant les ports égyp·
tiens et arabes.
« Tout le
monde était pris par surprise,
car les gens
de ces régions
n'avaient jamais connu
un seul
Franc,
ni commerçant, ni· guer
rier » , rapporte le chroniqueur
de Mossoul Ibn al-Athir.
une nouvelle rupture en s'atta·
quant à une caravane excep
tionnellement riche.
Saladin ,
qui le somme de restituer le
considérable butin dont il
Non content de s'enrichir, le
chevalier-pirate forme le pro· ~
jet de marcher sur Médine, la "'
ville sainte de l'islam, avec le ]
double dessein de couper la a.
route des caravanes et de por
ter ainsi un coup décisif au
monde musulman.
Saladin ri~
poste en envoyant son frère ,
al-Adel, à la
tête d'une forte
escadre égyptienne,
qui dé
truit les galères franques .
Les
pirates capturés
reçoivent un
châtiment exemplaire : ils sont
conduits à La Mecque et déca
pités en public .
Mais Renaud
de Châtillon, qui a repris la
route
du nord peu de temps
auparavant, échappe à la vin
dicte de Saladin .
· s'est emparé, essuie un refus
brutal et en appelle à Gui de
Lusignan .
Les supplications du
souverain sont vaines : son
vassal reste catégorique
et se
dit « pas moins maître de sa
seigneurie que le roi de la
sienne ».
Saladin perd
patience
En 1 184, les chrétiens négo
cient une nouvelle trêve : ils
ont besoin de temps pour res
taurer leurs forces, demander
des renforts et des subsides
en Occident.
Avec la
mort de
Baudouin IV de Jérusalem, en
mars
1185, celle de son jeune
successeur jeune Baudouin V,
en
septembre 1186, et l'avène
ment de Gui de Lusignan, les
divisions entre les Francs s'ac
centuent dramatiquement, et
l'unité des États latins est sé
vèrement menacée.
Tandis
que les barons francs
se déchirent pour le pouvoir,
Renaud
de Châtillon continue
à se livrer au pillage .
Fin 1186
ou début 1187 , il provoque
~ EDITIONS ~ATLAS
Las de voir bafouer l'honneur
et les promesses, Saladin se
résout
à la guerre ; d' autant
qu'il est au faîte de sa puissan·
ce et ne peut prendre le ris·
que de laisser le seigneur
d'outre -Jourdain couper son
empire en deux.
En mai 1187,
pour neutraliser Renaud de
Châtillon, il fait assiéger les
forteresses
du krak de Moab et
de Montréal.
En juin, il décide
d'envahir le royaume de Jéru
salem et met le siège devant
Tibériade.
En juillet, ce conflit
provoqué par la rapacité et la
suffisance
de Renaud de Châ·
tillon se soldera par la bataille
d'Hattin et l'anéantissement
de l'armée des Francs.
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