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Russie de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

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Les années 1995-1999 resteront marquées par une instabilité politique croissante, l’effacement répété du président en raison de ses problèmes de santé, la mise à l'écart de la Russie sur la scène internationale, la montée de la criminalité et le délabrement économique.

 

Un gouvernement sans gouvernail La « démocratie russe » repose sur un pouvoir présidentiel fort, qui a atteint son apogée en juillet 1996 avec la réélection au suffrage universel de Boris Eltsine, mais qui commence à décliner après 1998. Lors du renouvellement de la Douma (Parlement) en décembre 1995, les courants « démocrates » et

 

Sergueï Kirienko (à gauche), l'un des nombreux « fusibles » utilisés par le président Boris Eltsine.

 

© RPG-Sygma

« libéraux » marquent le pas ; le Parti communiste de Guennadi Ziouganov obtient un score élevé (plus de 22 % des voix et plus d’un tiers des sièges) et le discours nationaliste et conservateur resurgit avec vigueur. Au premier tour de l'élection présidentielle, l'année suivante, le président, avec plus de 35 % des voix, devance Guennadi Ziouganov (32 % des suffrages). C’est le général Alexandre Lebed qui, avec près de 15 % des suffrages, va arbitrer le second tour au profit d’Eltsine, d’autant que ce dernier lui propose le poste de secrétaire du Conseil de sécurité. De 1997 à 1999, Boris Eltsine procède à de nombreux remaniements ministériels. Viktor Tchernomyrdine, désigné en juillet 1996, est reconduit en mars 1997 puis remplacé l’année suivante par Sergueï Kirienko, le jeune ministre libéral de l’Énergie. Mais celui-ci est limogé à son tour en août. Et Tchernomyrdine, présente par Boris Eltsine comme devant « assurer la continuité du pouvoir en l’an 2000 », est rappelé.

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« Les communistes russes manifestent contre les bombardements de la Serbie par les forces de l'OTAN.

IC> Vladimir Suvorov-Reuters­ MaxPPP qui sépare marchés financiers et économie réelle.

Faute d'avoir réussi à améliorer les rentrées fiscales et à faire adopter par la Douma ses budgets ainsi que le nouveau code fiscal, le gouvernement doit recourir aux emprunts et aux obligations d'État à court terme (GKO) pour couvrir ses dépenses -dont les arriérés de salaires, de retraites et de pensions.

En attirant surtout les capitaux spéculatifs internationaux, les GKO fragilisent le marché russe, car les investissements sont accaparés par la sphère non productive et n'entraînent pas la diminution des contributions de 1 'État : le remboursement des GKO représente en effet une charge grandissante Gusqu'à 7% du produit intérieur brut).

Après la pause de 1996, les privatisations sont relancées dans plusieurs secteurs - télécommunications, nickel et pétrole, notamment -, mais les conditions de leur mise en œuvre restent opaques et génèrent des tensions : l'attribution de certaines actions est contestée ; la première mise en vente de Rosneft, dernier géant du pétrole étatisé est un échec ; les grands groupes financiers et les industriels (Onexim, Gazprom, Menatep, Logo VAZ, Mostgroup) se livrent une bataille sans précédent.

Ces conglomérats se partagent, dans l'opacité, des marchés qui vont au-delà des secteurs de la finance et de l'industrie pour englober les médias, et agissent ouvertement sur la scène politique.

Le président Eltsine officialise d'ailleurs ce rôle en invitant à plusieurs reprises les représentants des dix principaux groupes à une concertation politique au plus haut niveau, ou en faisant nommer l'un des plus en vue, Boris Berezovski, secrétaire général de la CEl.

Dans le secteur vital des hydrocarbures, des restructurations, fusions et participations font intervenir non seulement les groupes russes (Loukoil, Sidanko, Joukos et Sibneft), mais aussi des majors occidentales (British Petroleum, Elf Aquitaine, Royal Dutch/Schell).

Le géant Gazprom, qui détient un quasi­ monopole sur la production et la distribution du gaz, mène une politique très active à 1 'étranger, en Europe centrale, dans les Balkans, en Turquie, en Chine.

Il rachète ou échange, contre les dettes accumulées, des actifs d'entreprises de certains pays de la CEl (Moldavie, Ukraine, Biélorussie).

Mais en 1998, en succombant à la tourmente frnancière venue d'Asie, la Russie, exclue des flux financiers mondiaux, s'installe dans un cycle de récession, d 'hyperinflation et de graves pénuries alimentaires.

Alors que l'opposition accuse les« ultra­ libéraux » de Washington d'avoir sciemment détruit! 'héritière de l'URSS en lui imposant les règles du FMI et une politique de régression sociale, les libéraux russes considèrent que les réformes ne sont pas à l'origine de la crise, mais que c'est l'inconséquence des dirigeants et leur manque de volonté et d'honnêteté pour les appliquer qui génèrent la crise, mettant ainsi en accusation le gouvernement « antimonétariste » d'Evgueni Primakov.

Dans ce contexte de crise politique, financière et sociale majeure, et d'extension de la corruption, le Premier ministre tente de maintenir un minimum de cohésion politique, à défaut d'orthodoxie financière.

Dans l'incapacité de payer la totalité des échéances de ses dettes, la Russie ne peut plus compter, avant longtemps, sur des crédits extérieurs.

Elle doit recourir, par conséquent, à l'émission de monnaie (pour Je paiement des retards de salaires, de retraites et de pensions, et pour sauver une partie du secteur bancaire, notamment les dix­ huit banques « stratégiques >> qui détiennent environ 40 % des dépôts de la pop\llation), mais cela dans des proportions limitées, pour éviter de tomber dans le cycle de 1 ' hy perinflation .

La Russie reste néanmoins « !"homme malade » du continent européen.

D'autant que le pouvoir, de plus en plus instable, est aussi éclaboussé par l'éclatement de scandales politico­ financiers à l'origine des enquêtes menées, en 1999, sur le blanchiment d'argent russe par la Bank of New York (15 milliards de dollars) ainsi que sur de multiples affaires de corruption et de détournements de fonds vers la Suisse.

Dans un premier temps, le Kremlin adopte un profil bas : aucune déclaration officielle ne vient endiguer le flot des révélations sur l'implication directe de membres du gouvernement et de la famille du président.

Ce dernier tente de contrôler la seule institution sur laquelle il a prise, la justice russe : suspensions, nominations et promotions se succèdent à la tête du parquet général de Russie et du ministère de la Justice pour tenter d'étouffer les enquêtes sensibles.

Le nouveau procureur général, Vladimir .

Oustinov, annonce l'ouverture d'« enquêtes criminelles >> sur les affaires Mabetex et Andava-Aeroflot, dans lesquelles sont impliqués Pavel Borodine, chef de la Direction des affaires du Kremlin, et Boris Berezovski, suspecté du détournement d'une partie des recettes en devises de la compagnie aérienne dirigée par le gendre de Boris Eltsine.

Dans le même temps, la police fiscale annonce sa décision de collaborer avec les enquêteurs internationaux (américains, notamment), et la Commission fédérale de sécurité décide de vérifier les comptes de trente-trois sociétés russes ayant travaillé avec la Bank of New York, parmi lesquelles des com pagnies .contrôlées par Boris Berezovski.

Une ambiance de fin de règne Le premier président élu de la Russie « démocratique », isolé, semble surtout préocc upé par la seule défense des intérêts de son clan.

Les attentats meurtriers de la fin de l'été 1999, attribués aux islamistes daghestanais, sont le prétexte d'une nouvelle intervention brutale de l'armée en Tchétchénie et au Daghestan.

Présentée comme une simple opération de police, cette agression semble surtout motivée par la préparation des échéances électorales de 1999- 2000.

Jugé, lors de sa nomination, comme « le plus apte» à mener la poursuite des réformes, l'éphémère chef du gouvernement Sergueï Stepachine est limogé le 9 août 1999, après seulement trois mois d'exercice: selon la presse, il n'a pas su constituer avec les gouverneurs des régions de la Fédération un front électoral capable, aux législatives de décembre, de battre. »

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