Semailles et moissons dans la vallée du Nil

« et, poussés à coups de fouet, piétinent le sol afin d'y en­ fouir le grain .

En attendant que les céréa­ les lèvent, le paysan n'a plus qu'à ronger son frein et à protéger sa récolte des nom­ breuses calamités qui la me­ nacent.

Contre les invasions de sauterelles ou la grêle, il ne peut qu'invoquer les dieux .

Mais il met toute son énergie à écarter de ses terres les voraces hippopo­ tames, les oiseaux picoreurs de graines, le bétail de voi­ sins malintentionnés, les sou­ ris, les rats et, lorsque les épis sont à maturité, les voleurs, pauvres hères affamés .

Les faucilles : des mâchoires d'hippopotame L a moisson commence dans les derniers jours du mois d'epiphi (vers le 10 juin).

Les moissonneurs sont équipés de courtes faucilles, mandibules d'hippopotame LE SCRIBE.

UNE CALAMITÉ OFFICIELLE Qu'il soit petit tenancier ou corvéable au sein d'une équipe au service d'un propriétaire fonci~r ou du domaine d'un temple, le paysan ne recueille qu'une maigre part des fruits de son dur ~ab .eur.

Toute la production céréalière, richesse principale de /'Égypte, est monopole d'État.

L'administration centrale intervient à toutes les étapes du cycle des semailles et des moissons et en surveille scrupuleuse­ ment le déroulement.

Les parcelles emblavées sont marquées par des bornes.

Lors des se"!ailles, .

le scribe du blé note attentivement combien de fois chaque semeur ref!Jplit son petit couffin en éco.rce ou en papyrus tressé.

Eternellement soupçonneux, 1/ garde en permanence un œil sur les éventuels resquilleurs.

Quand les épis sont presque mûrs, on procède à une estimation des redevances de fermage en évaluant les récoltes sur pied et en mesurant au cordeau les zones à moissonner.Le plus redouté de tous est sans doute le scribe des champs, chargé de collecter /a taxe sur la moisson.

Accompagné de gardes armés de bâtons, installé à l'ombre de branches de palmier portées par des Nubiens, il mesure au boisseau /~ quan­ tité de grain récoltée, dont 10 % seulement ;ev1enn.ent au petit tenancier, avec quelques sacs supplementaJres constituant la semence pour l'année suivante.

Malheur au paysan qui a dissimulé une pa~ie de ~a r~colte.

Un~ sévère bastonnade lui apprendra a se plier a la volante de /'implacable administration.

dont les dents ont été rem­ placées par des éclats de si­ lex.

Ils coupent régulière­ ment les épis, qui atteignent souvent la taille d'un hom­ me, au niveau du genou .

Un joueur de flûte donne la ca­ dence et soutient le rythme.

A l'ombre d'un sycomore, le maître du domaine , debout sur son char, s'assure que le chef d'équipe mène ses ou-. »