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SOCIÉTÉ MONDIALE ET Balkanisation de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

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histoire

Si l’espérance de voir émerger un nouvel ordre international fut forte au lendemain de la chute du mur de Berlin, le climat, moins de dix ans plus tard, a profondément changé. La multiplication des conflits régionaux, l’impuissance de l’ONU à les prévenir, des catastrophes humanitaires et plusieurs purifications ethniques ont assombri les prédictions les plus optimistes. Apparus au début des années quatre-vingt-dix, deux phénomènes ont connu un essor très important en cette fin de XX' siècle : la globalisation et le repli identitaire, qui ont entraîné une remise en cause du rôle des États, sur lesquels reposaient jusqu’alors les rapports internationaux.

 

De L’INTERNATIONALISATION

 

À LA GLOBALISATION

 

Évolution majeure de la décennie, la mondialisation a entraîné une « accélération » des relations internationales, mais plus encore l’émergence d’une « société mondiale » reposant sur deux grands principes, l'un politique, la démocratie libérale, l'autre économique, le libre marché. En effet, si seulement quatorze États avaient une constitution démocratique en 1914, ils sont 91 en 1999, dont 37 depuis la fin de la guerre froide. Dans le même temps, un plus grand nombre de pays encore s’est rallié aux lois du marché. On assiste au passage d’un système économique international à un système économique global qui s’appuie sur des connexions entre des économies régionales, souvent très éloignées, et reliées entre elles par des échanges complexes. Cette plus grande ouverture au monde s’est accompagnée de la remise en cause de la souveraineté des États. Plusieurs pays, tels le Mexique ou la Bulgarie, ont dû accepter, pour sortir de la grave crise économique qui les frappait, de voir leur système bancaire placé sous la tutelle d'un organisme international. À cette ingérence économique a répondu la volonté des États de s'insérer dans des ensembles régionaux viables afin de faire face à une compétition accrue. Le choix d'une interdépendance des économies comme moyen d’ouvrir à leurs entreprises des marchés au-delà des frontières nationales, apparu au début des années quatre-vingt-dix, s’est renforcé dans la deuxième moitié de la décennie. L'Union européenne s'est ouverte à l’Autriche, la Suède et la Finlande en 1995 ; l'ALENA (Association de libre-échange nord-américaine) est entrée en vigueur en 1994 et le Mercosur (marché commun du cône sud-américain), auquel le Chili et la Bolivie se sont associés, en 1995 ; le Viêt Nam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge ont rejoint l’ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique). Un même souci d’organisation de la globalisation qui prend en compte l’inadaptation du cadre étatique à la nouvelle situation apparaît dans le domaine politique, avec les efforts d’élaboration d’un nouveau droit international. L'ouverture des premiers procès devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI), en 1996, et devant celui pour le Rwanda (TPR) en 1997, a été suivie, le 17 juillet 1998, par l’adoption d'un traité, signé par 160 pays, jetant les fondations d’une Cour criminelle internationale. Malgré les nombreuses limites de cet accord, notamment le droit de veto accordé aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, la création de cette Cour, qui devra juger des crimes contre l’humanité, des crimes d’agression, de guerre et de génocide commis dans le monde, marque un tournant dans la perception des relations internationales en ce qu’elle tente de donner un soubassement juridique à la notion d'ingérence. La souveraineté des États pourrait ainsi être remise en cause au nom de la justice. L’ONU, qui est à l'origine de cette initiative, a également enregistré

histoire

« quelques succès dans le domaine du désarmement : prorogation pour une durée indéfinie du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en mai 1995 ; signature, en septembre 1996, d'un traité d'interdiction complète des essais nucléaires par les cinq principales puissances nucléaires.

De mème.

le rôle essentiel joué !)ar Kofi Annan dans la plus importante crise entre l'Irak et les États-Unis, en février 1998, a pu redonner un certain prestige aux Nations unies.

Mais les espoirs suscités par cette organisation au lendemain de la guerre du Golfe n'ont pas survécu aux crises soma­ lienne (1992) et moins encore bosniaque (1992-1994), rwandaise (1994), kosovar (1999) et timoraise (1999).

Gênée par un fonction­ nement bureaucratique, impuissante à faire aboutir toute réforme de ses structures, l'ONU n'a pu prévenir les conflits.

Ses ambitions sont limitées également par une situation financière alarmante qui a conduit à la diminution du nombre de Casques bleus déployés dans le monde, de 70 000 en 1993 à 15 000 cinq ans plus tard.

Cette cri­ se financière est largement due au non-paiement de leur dette par les États-Unis.

LE LEADERSHIP AMÉRICAIN Le bras de fer engagé entre l'ONU et Washington révèle la prépondérance des Etats-Unis dans les relations internationales depuis la chute du Mur.

Face aux échecs essuyés par les Nations unies dans le règlement des conflits, les États-Unis sont apparus comme les gendarmes du monde.

Leur aide à l'offensive militaire de la Croatie, qui.

en 1995.

a constitué un tournant dans le conflit en ex- Yougoslavie, l'intervention des forces de l'OTAN sous leur commandement et la promesse d'envoi de troupes américaines ont seules permis la sig.nature en 1995 à Dayton d'un accord de paix en Bosnie.

De même, les pressions américaines sur le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

ont abouti aux accords de Wye River entre 1 raël et les Palestiniens en octobre 1998.

Ce parraina­ ge d'accords de paix s'est aussi manifesté en Irlande du Nord.

Cependant, promus au rang de seule superpuissance, les États-Unis ont mené une politique étrangère tout autant guidée par le souci de leurs intérêts que par la volonté de contribuer à la mise en place d'un nouvel ordre international.

Malgré une tendance persistante à l'isolationnisme, manifestée notamment en 1999 par le refus du Sénat de ratifier le traité sur l'interdiction des essais nucléaires, deux axes principaux ont dominé l'action de Washington.

Le pre­ mier, accordant la priorité à la diplomatie.

au commerce ct à l'ou­ verture des marchés extérieurs, a amené Bill Clinton à faire de nom­ breux voyages, notamment en Amérique du Sud ct en Afrique.

L'autre principe directeur a été de prévenir l'émergence de tout adversaire pouvant remettre en cause le leadership de Washington.

Cette attitude a été particulièrement visible à l'égard de la Russie.

Trop occupée à régler ses problèmes intérieurs.

tant économiques que politiques, enlisée dans la multiplication des conflits dans le Caucase (Tchétchénie, Daghestan), la Russie a subi un affaiblisse­ ment à la fois rapide et important qui a constitué un des principaux bouleversements géopolitiques de la décennie.

Mais si Washing10n a soutenu Boris Eltsine, considérant qu'il était le plus sûr garant de la consolidation de la démocratie russe.

les États-Unis, tablant sur une renaissance prochaine de la puissance russe, ont multiplié les intrusions dans les zones d'influence traditionnelles des Russes.

Effective au Kazakhstan et dans les pays riverains de la mer Caspienne, où l'importance des gisements pétroliers a aiguisé les intérêts américains_, et favorisant le passage à terme de cene région dans l'orbite des Etats-Unis, cette concurrence de Washington est encore plus affirmée en Europe de l'Est, où la Russie n'a pu empê­ cher l'élargissement de l'OTAN à la Pologne, la Hongrie et la République tchèque.

L'UNION EUROPÉENNE, UNE ALTERNATIVE À L'ORDRE AMÉRICAIN ? La mutation ct le renforcement de l'OTAN révèlent aussi les ambiguïtés des relations entre l'Amérique et l'Europe.

En effet, la revalorisation de l'organisation atlantique telle que la conçoivent les États-Unis -au détriment de l'ONU ct de I'OSCE (Organisa­ tion de sécurité et de coopération curopénne) -montre que les Américains cherchent à instrumentaliser l'OTAN pour en faire une SOCIÉTÉ MONDIALE ET BALKANISATION.

La céMbration en 1995 des cinquame ans d'existence de l'ONU est l'occasion de dresser wr bilan de l'action de l'Organisati01r des Na rions unies en matière de prévemion des conjlirs er de déstrrmemem.

Ainsi, les Érars doil·em tirer les leçons des échecs en Somalie, au Rwanda ou en Bosnie tandis que les traités de désarmemelll pourraiem être remis en cause par de nom·eatu projers tle défense ami-misstles élaborés par les États-Un is.

désormais seule superpuissance mondiale.

©AFP organisation de sécurité quasi autonome, qui pourrait décider seule des opérations militaires à mener, le cas échéant, en dehors de la zone Euro-Pacifique.

Décidée et conduite par Washington, 1' inter­ vention au Kosovo, en l'absence de tout mandat des Nations unies, symbolise cette évolution.

Surtout, le refus américain de voir l'OTAN s'européaniser (octroi de commandements aux Européens, interventions européennes utilisant la logistique de l'OTAN) montre la faiblesse de I'UE en matière de défense.

Tirant les leçons de leur impuissance dans les crises bosniaque et kosovar, les Quinze ont manifesté leur souci de faire de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) -organisation militaire qui regroupe une dizaine de pays de I'UE -le pilier d'une défense proprement européenne.

De même la nomination de Javier Solana, ex-secrétaire général de l'OTAN, comme haut responsable pour la politique extérieure et de sécurité commune (PESC) souligne la volonté des Quinze de progresser en direction d'une identité européenne de sécurité ct de défense.

L'alternative est la suivante : soit un. »

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