Villiers et Jollois, une amitié égyptienne

« sembler « six crayons, quatre mains de papier et des bâ­ tons de colle à bouche.

» Voilà leurs outils ! Contourner l'autorité L es sites antiques exercent d'emblée un attrait irré­ sistible sur Villiers et Jollois.

lis expédient au plus vite les relevés du Nil pour se lancer à la découverte des ruines d'Antinopolis.

Les deux amis décident de mettre au point un plan d'étude méthodique des antiquités et des hypo ­ gées, souvent sans en avertir leur supérieur et au mépris des plus élémentaires consi-gnes de prudence .

Galvanisés par le retentissement des dé­ couvertes que Vivant Denon vient de faire à Thèbes, Vil­ liers et Jollois n'ont de cesse de le surpasser par l'abon­ dance et la précision de leurs propres productions.

Le gé­ néra! Girard, qui seconde Menou, a du mal à freiner l'impétuosité des jeunes in­ génieurs ; pour calmer leur fougue, il va même, à la suite d'une querelle particulière­ ment vive, jusqu'à prendre une mesure disciplinaire, en envoyant Dubois-Aymé au bord de la mer Rouge.

Le général Belliard, qui suit également le travail effectué par les bouillants jeunes gens, se montre plus compré­ hensif et autorise l'étude de certains sites sous escorte.

Mais la passion de Villiers et Jollois est telle qu'ils vont jus­ qu'à se passer des soldats .

C'est ainsi qu'ils découvrent le site de Denderah .

Les jeu­ nes gens, éblouis, en rendent compte en ces termes : « On découvre le grand temple qui forme le fond du plus magnifique des tableaux.

Il serait difficile de décrire tout ce que fait exprimer de sen­ sations diverses l'aspect de ces figures colossales d'Isis qui portent l'entablement du portique.

Il semble que l'on ait été transporté tout à coup dans un lieu de féerie et d'enchantement.

» Dès lors, Devilliers et Jollois n'auront de cesse de mettre leur enthousiasme au service d'un travail de fouilles qu'ils entendent mener scientifi­ quement -il s'agit de mesu­ rer, dessiner, décrire, analyser - afin de dévoiler au public l'une des plus impression­ nantes civilisations du monde antique.

Malgré l'anxiété provoquée par des nouvelles souvent tragiques de certains de leurs camarades, blessés ou tués dans les combats, et malgré la résistance de leurs supé­ rieurs, les deux amis se consa­ crent presque entièrement à cette tâche jusqu'à leur re­ tour au Caire.. »