L’ANCIEN FRANÇAIS EN 25 LEÇONS
Publié le 15/02/2023
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«
MÉTHODE
L’ANCIEN FRANÇAIS
EN 25 LEÇONS
Pascal Picard
-1-
REMERCIEMENTS
Je remercie…
-2-
PROLÉGOMÈNES
1.
PLAN DE LA MÉTHODE
La présente méthode d’ancien français comporte 25 leçons, incluant :
♦
Un texte d’application, dont le but est de mettre en situation le vocabulaire et les
règles de grammaire abordés dans la leçon ; ce texte est situé en page (i) de la
leçon ;
♦
La prononciation du texte d’application, située au bas de la page (i) de la leçon ;
l’alphabet phonétique international est utilisé pour cela.
Le lecteur trouvera la
description de cet alphabet en Annexe I du présent ouvrage ;
♦
La traduction du texte : nous avons fait régulièrement le choix de privilégier la
précision de la traduction à son élégance ; c’est pourquoi le lecteur pourra
s’étonner parfois du tour maladroit de certains phrases traduites ; la traduction
du texte d’application est située en page (ii) de la leçon ;
♦
La grammaire de la leçon : chaque leçon fera l’objet du développement d’un ou
plusieurs thèmes grammaticaux ; l’accent y sera mis plus particulièrement sur
les règles grammaticales qui distinguent l’ancien français du français moderne ;
la grammaire de la leçon est indiquée en pages (iii) et (iv) de la leçon ;
♦
Un commentaire sur le vocabulaire de la leçon, comprenant la liste des
nouveaux mots et leur traduction ; le vocabulaire de la leçon est situé en page
(ii) de la leçon ;
En annexe du cours, on trouvera :
♦
Un rappel de la signification et de la prononciation des symboles de l’alphabet
phonétique international qui sont employés dans cette méthode ;
♦
Un appendice grammatical, rappelant l’essentiel des usages qui distinguent
l’ancien français du français moderne, avec des exemples tirés de la littérature
de l’ancien français ;
♦
Un récapitulatif du lexique utilisé dans les leçons, indexé du français moderne
en ancien français, et de l’ancien français en français moderne.
-3-
2.
UTILISATION DE LA MÉTHODE
Les 25 leçons ont été conçues pour être étudiées à raison d’une semaine par leçon.
Le
programme complet de la méthode s’étend donc sur une période d’environ 6 mois.
Le lecteur devra respecter la progression des leçons, en suivant la méthode de travail
ci-après :
♦
Lire en page (i) le texte en ancien français, à haute voix, en respectant les
indications de prononciation portées en bas de page ;
♦
Chaque fois que cela est nécessaire, se reporter en page (ii) de la leçon, pour
vérifier la traduction et le vocabulaire de la leçon ;
♦
Consulter les notes de grammaire de la leçon en page (iii) et relire le texte
d’application en observation de l’application faite des règles de grammaire
apprises ;
♦
Apprendre le vocabulaire de la leçon, en prenant bien soin d’en retenir le genre
et les déclinaisons lorsqu’il y a lieu ;
♦
Ne jamais passer à la leçon suivante, sans que la leçon de la semaine soit
entièrement comprise ; ne pas hésiter à faire des retours en arrière, si cela
s’avère nécessaire, afin d’assimiler le vocabulaire ou la grammaire.
-4-
LEÇON 1 – Li rois Artus
(i)
A.
Texte d’application
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
Li rois Artus est vertuex.
Yguerne est bele et cortoise.
L’amor est grante.
Loth est preuz et saiges.
Artus est el chastel.
Jovanciax est granz.
Artus est mout gloriex.
Li baron sont el chastel.
Uther est an Escoce.
Li cuens de Cornoaille est orguillex.
Li conte sont an Bretaigne.
Li chevaliers est orguillex et saiges.
Yguerne est de grant paraige.
B.
Prononciation
1.
li ras artus st v rtu us
3.
lamr st grãnt
2.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
iu rn st b l t krtaz
lt st pr udz t saj s
artus st l tʃast l
ovãnsiaus st grãndz
artus st mut glrj us
li barõn sõnt l tʃastel
ut r st ãn sks
10.
li ku ns də krnaj st rguij us
11.
li kõnt sõnt ãn bretaj)
12.
li tʃevalj rs st rguij us t saj s
13.
igu rn st də grãnt paraj
-5-
LEÇON 1 – Li rois Artus
(ii)
C.
Traduction
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
Le roi Arthur est vertueux.
Yguerne est belle et courtoise.
L’amour est grand.
Loth est preux et avisé.
Arthur est dans le château.
Le jeune homme est grand.
Arthur est très glorieux.
Les barons sont dans le château.
Uther est en Écosse.
Le comte de Cornouaille est téméraire.
Les comtes sont en Bretagne.
Le chevalier est téméraire et avisé.
Il est de grande naissance.
D.
Vocabulaire
Li
Rois
Vertuex
Amor
Chastel
Grant
Orguillex
Paraige
Mout
Le
Roi
Vertueux (On remarquera le –x, qui est une abréviation de –
us, et donc prononcé comme tel)
Amour (Il s’agit d’un nom féminin en ancien français ; on en
retrouve la trace dans son pluriel qui est féminin en français
moderne, dans la langue soutenue)
Château (On remarque l’accent circonflexe qui remplace le –
s- avant le –t- de l’ancien français)
Grand (On voit la terminaison en –t, qui au cas sujet, donne –
ts, laquelle est transformée en –z.
Cette règle est générale à
tous les mots terminés en –t)
Téméraire
Naissance
Très (On reconnaît ici le « moult » du français moderne,
utilisé surtout en langue littéraire)
On notera plus généralement que l’orthographe de la plupart des mots communs à
l’ancien français et au français moderne diffère.
Par ailleurs, on constatera que
l’orthographe de l’ancien français n’était guère figée, et on pouvait trouver plusieurs
orthographes différentes à un même mot dans un texte.
-6-
LEÇON 1 – Li rois Artus
(iii)
E.
Grammaire
♦
En grammaire de l’ancien français, on distingue deux cas :
♦
♦
Le cas sujet, correspondant au nominatif du latin, et utilisé pour le sujet
d’une proposition ;
Le cas régime, correspondant à toutes les autres situations.
♦
Les noms masculins de la première déclinaison se caractérisent par le fait qu’ils
portent un –s final au cas sujet singulier.
On trouve en première déclinaison des
noms masculins, ceux finissant par une consonne ou un –e muet.
♦
Les noms féminins de la première déclinaison se caractérisent par le fait qu’ils
portent un –s final au pluriel.
On trouve en première déclinaison des noms
féminins, ceux finissant par un –e muet.
Masculin (chevalier)
Féminin (fille)
♦
Singulier
Pluriel
li chevaliers
la fille
li chevalier
les filles
L’article défini au cas sujet est :
Masculin
Féminin
Singulier
Pluriel
li
la
li
les
♦
L’article peut être élidé devant une voyelle.
Par exemple, dans l’amor.
♦
On peut faire l’enclise d’un article avec un autre mot.
Ainsi par exemple, dans el
chastel, qui se décompose : en le chastel.
♦
Il est à noter que le genre des mots de l’ancien français n’est pas toujours celui
du français moderne.
Ainsi, par exemple, amor est féminin.
♦
Les noms se terminant par –s ou –z sont invariables.
♦
Le verbe estre à la troisième personne se conjugue :
Estre (être)
Singulier
Pluriel
3ème personne
Est
Sont
-7-
LEÇON 1 – Li rois Artus
(iv)
-8-
LEÇON 2 – Dedanz la cité
(i)
A.
Texte d’application
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
Sire, tu es dedanz la cité.
A Verolam sui.
Li pere est devant le mur.
Li mere et li pere sont hors de la cité.
Vos estes Yguerne.
Il sont en Escoce.
Nos somes hors de Bretaigne.
La cis est devant le mur.
Ele est bele.
Li murs est desriere la cité.
B.
Prononciation
1.
sir tu s dedãndz la sit
3.
li p r st devãnt lə mur
2.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
a v rolam sui
li m r t li p r sõnt d la sit
vs st s igu rn
il sõnt ãn sks
ns sm s r də bretaj)
la sis st devãnt lə mur
l st b l
10.
li mur st d srj r la sit
-9-
LEÇON 2 – Dedanz la cité
(ii)
C.
Traduction
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
Seigneur, tu es à l’intérieur de la cité.
Je suis à Vérolam.
Le père est devant le mur.
La mère et le père sont en dehors de la cité.
Vous, vous êtes Yguerne.
Eux, ils sont en Écosse.
Nous, nous sommes en dehors de la Bretagne.
La cité est devant le mur.
Elle est belle.
Le mur est derrière la cité.
D.
Vocabulaire
Dorénavant, nous indiquerons la déclinaison des noms dans le vocabulaire.
Dedanz
Cis, cité
Hors de
Il
Ele
Desriere
A l’intérieur
Cité, ville
En dehors de
Ils
Elle
Derrière
- 10 -
LEÇON 2 – Dedanz la cité
(iii)
E.
Grammaire
♦
Le verbe être se conjugue comme suit au présent de l’indicatif :
Je
Tu
Il
Nos
Vos
Il
sui
es
est
somes
estes
sont
♦
Le pronom personnel sujet est peu employé, car les désinences du verbe
suffisent en général à déterminer la personne.
♦
Toutefois, le pronom personnel sujet est utilisé dans les apostrophes et en début
de phrase ; en effet, l’ancien français évite de placer le verbe en début de phrase.
♦
Les noms masculins de la deuxième déclinaison se caractérisent par le fait qu’ils
ne portent pas de –s final au cas sujet singulier.
On trouve en deuxième
déclinaison des noms masculins, ceux qui finissent par un –e muet, dérivés des
noms latins en –er.
♦
Les noms féminins de la deuxième déclinaison se caractérisent par le fait qu’ils
portent un –s final au cas sujet singulier.
On y trouve les noms féminins
terminés par une consonne ou une voyelle accentuée.
Masculin (père)
Féminin (fleur)
Singulier
Pluriel
li pere
la flors
li pere
les flors
♦
Les noms masculins de la première déclinaison au cas régime portent un –s au
pluriel.
♦
Les noms féminins de la première déclinaison au cas régime sont déclinés
comme au cas sujet.
♦
Récapitulatif de la première déclinaison :
Masculin
Cas sujet
Cas régime
Féminin
Cas sujet
Cas régime
Singulier
Pluriel
li murs
le mur
li mur
les murs
Singulier
Pluriel
la fille
la fille
les filles
les filles
- 11 -
LEÇON 2 – Dedanz la cité
(iv)
- 12 -
LEÇON 3 – Merlin
A.
Texte d’application
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
Merlin mande Urfin.
Li rois anbrace Yguerne.
Li Breton desdaignent le roi.
Est li rois, non pas Merlin.
Li Breton ne desdaignent le roi.
Ne mande point Urfin.
Ne desdaigne mie les Bretons.
Il mande le pere.
Li ber desdaigne les Bretons.
Li baron mandent Artu.
Li sans chauz cole.
B.
Prononciation
1.
m rlin mãnd urfin
3.
li brətõn d sdaj) nt lə ra
2.
4.
(i)
li ras ãnbras igu rn
st li ras, nn pas m rlin
5.
li brətõn ne d sdaj) nt lə ra
7.
nə d sdaj) mi l s brətõns
6.
8.
9.
nə mãnd pint urfin
il mãnd lə p r
li b r d sdaj) l s brətõns
10.
li barõn mãnd nt artu
11.
li sãns ʃaudz cl
- 13 -
LEÇON 3 – Merlin
(ii)
C.
Traduction
1.
2.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
Merlin interroge Urfin.
Le roi embrasse Yguerne.
Les Bretons dédaignent le roi.
C’est le roi, pas Merlin.
Les Bretons ne dédaignent pas le roi.
Il n’interroge pas Urfin.
Il ne dédaigne jamais les Bretons.
Il interroge le père.
Le baron dédaigne les Bretons.
Les barons interrogent Arthur.
Le sang chaud coule.
D.
Vocabulaire
Mander
Anbracier
Desdaigner
Mie
Pere, pere
Ber, baron
Sanc, sans
Chaut, chauz
Coler
Interroger
Embrasser
Dédaigner
Jamais
Père
Baron
Sang
Chaud
Couler
- 14 -
LEÇON 3 – Merlin
(iii)
E.
Grammaire
♦
La première conjugaison est celle des verbes en –er et en –ier.
Mander
Je
Tu
Il
Nos
Vos
Il
♦
(Interroger)
Anbracier (Embrasser)
Je anbrace
Tu anbraces
Il anbrace
Nos anbracions
Vos anbraciez
Il anbracent
mand
mandes
mande
mandons
mandez
mandent
Non est utilisé lorsque la phrase requiert un élément tonique à la place d’un
verbe.
Est li rois, non pas Merlin.
♦
Non....
»
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