1995: Jünger, romancier controversé
Publié le 21/03/2019
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Jünger, romancier controversé
Ernst Jünger a cent ans. C'est l'un des auteurs allemands les plus controversés de ce siècle. Il n'aura eu de cesse d'idéaliser la guerre et la violence qu'il considère comme inhérentes à la condition humaine.
Le 29 mars 1995, l'écrivain allemand fête son centième anniversaire. Il est une figure marquante de la littérature allemande depuis soixante-quinze ans. Pourtant, les hommages que l'on réserve habituellement à ce genre d'événement sont extrêmement discrets, voire franchement désapprobateurs. De nombreux critiques, y compris ceux qui vénèrent le talent de l'écrivain, reconnaissent éprouver un malaise face à son « regard froid », et sont troublés par l'esthétique de la guerre et de la violence qui dominent ses œuvres les plus célèbres.
Ernst Jünger dans les années 40
Ce qu'on lui reproche avant tout, c'est d'avoir glorifié le «guerrier», cautionnant ainsi la militarisation de la vie politique dans les années 20, l'éducation guerrière et la déstabilisation spirituelle de la République deWeimar.
Le premier ouvrage de Jünger, Orages d'acier, paraît en 1920. Ce «Journal du commandant d'une troupe de choc», tel que le précise le sous-titre, dépeint les batailles de
la Première Guerre mondiale auxquelles Jünger a participé sur le front ouest. La guerre est représentée comme une force naturelle purificatrice. Sans se préoccuper des motifs politiques de la guerre, sans poser de problématique morale à propos des morts, Jünger décrit le quotidien du soldat, univers dominé par «la soif de sang» et l'envie de détruire, la camaraderie et le principe de commandement. Deux ans plus tard, il confère une dimension mythologique à la guerre dans
«
mondiale,
Jünger, blessé à plusieurs
repris es, est un des officiers les plus
décorés parmi les héros allemands.
Les expériences de guerre marquent
son «nihili sme héroï que» et fondent
le mythe d'un homme nouvea u.
Malgr é son mépris pour la démo
cratie, associé à une idéal isation de
la gue rre, l'écriva in ne se lais sera
jamais récupérer par le régime nazi.
En 1939, il publie son roman
pr émoni toire, Sur les falaises de
mar bre, un règlemen t de compte
déguisé avec le national- socialisme.
Jünger
participe à la Seconde Guerre
mondiale en tant qu'offi cier en
France.
Les différents tomes de son
Journal, dans lequel il rel ate les
expérie nces qu'i 1 a vécu es, sont
éd ités entre 1942 et 1958.
Après la gue rre, Jünger se lance
dans l'écriture de romans d'antici
pation tels que Héliopolis (1949) et
Abei lles d'acier (1957).
Il se consacre
aussi à sa passion pour l'étude des
in sectes.
Ses travaux scientifiques lui
valent une renommée mondiale en
tant qu'entomologiste.
Écrivains
sympathisants
au nazisme
1859-1952
Knut Hamsun
Prix Nobel de littérature en
1920, cet écrivain norvégien
ne cache pas sa sympa thie
pour le national -socialisme
allemand.
Le soutien sincère
qu'il apporte au prem ier
minis tre norvégien Vidkun
Quisling, qui collabore avec
l'occupant allemand, vaudra à
Hamsun d'être condamné en
19 45 à verser une forte
somme pour haute trahison.
18 63-1938
Gabriele D'Annunzio
Il est l'un des poètes les plus
représentatifs de la poésie
décadente italienne du début
du siècle.
Activiste politique, il
tente en 1914 de pousser
l'Italie à la guerre.
En 1918 , il
largue au-dessus de Vienne
des tracts anti-allemands et
proclame à la fin de la
Premièr e Guerre mondiale un
É tat autonome de courte
durée à Fiume.
Il croit en une
phi losophie du surhomme
que lui inspire Nietzsche, et à
un national-socialisme agres
sif.
Lorsque le fascisme arrive
au pouvoir en Italie, il y
ad hère à la fois plein
d' enthousiasme et
de
réticence.
1893-1 945
Pierre Drieu La Rochelle
Partisan d'une Europe forte
(Le Jeune Européen, 1927), il
dé nonce la décadenc e
maté rialiste de la démo
cratie , saluan t dans le
fascisme un recours contre le
déses poir et la méd iocrité
(Socialisme fasciste, 1934).
Sous l'occupation, il est
dir ecte ur de La Nouvelle
Revue Française.
Le 15 mars
19 44, accusé de collabo
ration avec l'ennemi, il se
suicide.
1909-1 945
Robert Brasillach
Auteur d'exce llents essais
(V irgile, 1931 ; Corneille,
19 38), il évoque dans ses
romans la jeunesse et le Paris
populaire de l'avant-guerre
(L' Enf ant de la nuit, 1934; Les
Sept couleur s, 1939).
Ses
articles pro-allemand s, durant
la guerr e, lui valent d'être
condamné à mort, à la Libéra
tion, et exécuté, malgré
l'in tervention de nombreux
écriva ins.
Il a évoqué ses
derniers jours dans Poèmes de
Fresnes (publiés en 1949).
19
95.
»
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