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A quelle occasion Gargantua fait-il la connaissance de Frère Jean ? Quel est le premier précepteur de Gargantua ?

Publié le 02/04/2012

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Gargantua fait venir Frère Jean au festin donné par son père.

Lorsque Grandgousier raconte l’exploit accompli par le moine dans le clos de l’abbaye de Seuillé, Gargantua veut aussitôt avoir l’avis de Frère Jean sur la suite des opérations. Pourtant, il ne sera aucunement question de stratégie dans le reste du chapitre, qui offre au lecteur l’occasion de mieux faire connaissance avec le moine. Personnage très pittoresque, grand mangeur, grand buveur (il veut garder son froc pour conserver son bel appétit et son... 

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« 2 – Quel est le premier précepteur de Gargantua ? C’est Maître Thubal Holoferne. Impressionné par l’intelligence de son fils, à la suite de la conversation qu’il a eue avec lui au sujet de son invention, Grandgousier décide de lui faire donner la meilleure instruction possible.

Un mauvais conseil lui est donné, conseil si peu judicieux que le romancier emploie un indéfini : « on lui recommanda un grand docteur sophiste ».

Le terme de « sophiste », présent dans le titre du chapitre, qui ne précise pas encore le nom de ce personnage, suffit à dire ce qu’il faut penser de lui.

Ce mot remplace celui de « théologien » des premières éditions, non pas par prudence, comme on pourrait le penser, car les sorbonistes étaient souvent appelés ainsi, mais pour condamner le formalisme vide de sens du personnage, dans l’esprit de Platon qui, dans ses dialogues, a raillé les sophistes qu’il plaçait en face de Socrate.

Une autre appellation est encore plus explicite dans la suite de ce même chapitre : le successeur de Thubal Holoferne, de même acabit que lui, est qualifié d’ « autre vieux tousseux », vieillard cacochyme.

Au reste, les noms propres complètent les noms communs dans la satire : Tubal, en hébreu, signifie « confusion » ; Holoferne est, dans la Bible, un personnage détestable : persécuteur des Hébreux, il est, en outre, ivrogne et lubrique (Rabelais fait mourir son Thubal Holoferne de la vérole ; quant au nom de Jobelin Bridé, successeur de Thubal Holoferne auprès de Gargantua, il exprime l’idée d’une grande sottise. Ces deux précepteurs incarnent l’ancienne éducation, dans ce qu’elle a de plus ridicule, mais aussi de plus inutile et, pis, de plus nuisible pour un jeune esprit comme celui de Gargantua. La satire rabelaisienne s’en donne à c œ ur joie.

L’auteur fait se côtoyer dans ce chapitre des titres et des auteurs moqués par d’autres humanistes avant lui (par exemple, Hugutio et Hebrard avaient été qualifiés de « très ineptes » par Erasme dans une lettre à Cornélius Gerard, en 1489, soit près d’un demi-siècle avant Gargantua) et des noms d’auteurs inventés plaisamment.

Au reste, Rabelais mentionne ici des ouvrages passés d’usage depuis longtemps : sa critique n’a donc rien de novateur, elle vient seulement, à son tour, et avec la puissance de diffusion du roman, accabler, voire achever, des œ uvres incompatibles avec la renaissance des lettres.

Ce que Rabelais, rejette, en effet, c’est un enseignement formaliste, qui, du savoir, n’a que l’apparence sans en offrir l’essentiel, c’est-à-dire la source féconde de l’esprit.

Aussi la satire rabelaisienne s’accompagne –t- elle de multiples détails qui soulignent la stupidité de l’ancienne éducation : la saisissante lenteur des apprentissages, indiquée avec une extrême précision comique (cinq ans et trois mois ; treize ans, six mois et deux semaines ; plus de dix-huit ans et onze mois ; seize ans et deux mois), l’effarante pesanteur de l’écritoire et de son étui, de l’encrier et des chaînes auxquelles il est suspendu, mais aussi la stupidité de la récitation de l’abécédaire (par c œ ur et à l’envers, détail donné à deux reprises) ou encore les caractères d’écriture, gothiques (c’est à la Renaissance qu’on se mit à ne plus utiliser ces caractères plus difficiles à lire ; l’adjectif « gothique » lui-même est péjoratif pour les humanistes).. »

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