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ACTE II - DOM JUAN DE MOLIERE (analyse)

Publié le 03/05/2011

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Un acte de farce.

Le premier acte frôlait par moments la tragédie et Sganarelle avait beaucoup de peine à l'empêcher d'y tomber. En parfait technicien du théâtre, Molière place ici un acte de farce, alors que nous nous attendions à un romanesque mouvementé. Les scènes se déroulent au bord de la mer, près d'un village campagnard, en Sicile, s'il faut en croire Molière. Mais cette Sicile ressemble autant à la France que la Séville de Beaumarchais. L'auteur ne se donne même pas la peine de parsemer son texte de quelques mots faisant couleur locale : pas de noms de ville... Les noms propres sont français : Pierrot, Charlotte, Mathurine, Lucas. Molière connaît la puissance des conventions théâtrales et en joue, au lieu de chercher naïvement à « faire vrai «, comme tant de ses successeurs, il sait que le public du théâtre est disposé à ne pas se formaliser de l'invraisemblable (cf. Ionesco), mais à en rire. Nous apprenons que l'expédition de Don Juan a tourné court... « Alexandre « a fait naufrage. Dans cet acte, où éclate la virtuosité de Molière, on ne trouve pas l'équivalent des scènes si riches et souvent si profondes de l'acte I. Il s'y rencontre d'émouvants passages : la conception de l'amour chez Pierrot (I. 100-135), le dialogue Don Juan-Charlotte (scène 2).

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« Dans les LETTRES PERSANES (lettre 99) Montesquieu raille les caprices de la mode à Paris.

Pour amuser, il procèdecomme Molière : Molière présentait l'élégance de Don Juan à travers les réflexions naïves de Pierrot (II, 1).Montesquieu, lui, utilise l'ignorance (feinte) de deux Persans venus à Paris.« Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants.

Ils ont oublié comment ils étaient habillés cetété; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver : mais surtout on ne saurait croire combien il en coûte àun mari pour mettre sa femme à la mode.

Que me servirait de te faire une description exacte de leur habillement etde leurs parures? Une mode nouvelle viendrait détruire tout mon ouvrage, comme celui de leurs ouvriers; et avantque tu eusses reçu ma lettre, tout serait changé.Une femme qui quitte Paris pour aller passer six mois à la campagne, en revient aussi antique que si elle s'y étaitoubliée trente ans.

Le fils méconnaît le portrait de sa mère, tant l'habit avec lequel elle est peinte lui paraît étranger: il s'imagine que c'est quelque Américaine qui y est représentée, ou que le peintre a voulu exprimer quelqu'une deses fantaisies.Quelquefois les coiffures montent insensiblement, et une révolution les fait descendre tout à coup.

Il a été un tempsque leur hauteur immense mettait le visage d'une femme au milieu d'elle-même; dans un autre, c'étaient les pieds quioccupaient cette place : les talons faisaient un piédestal qui les tenait en l'air.

Qui pourrait le croire? Lesarchitectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser et d'élargir leurs portes, selon que les parures desfemmes exigeaient d'eux ce changement; et les règles de leur art ont été asservies à ces caprices.

On voitquelquefois sur un visage une prodigieuse quantité de mouches, et elles disparaissent toutes le lendemain.

Autrefoisles femmes avaient de la taille et des dents : aujourd'hui il n'en est pas question.

Dans cette changeante nation,quoi qu'en dise le critique, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères.

» SCÈNE 2 : Don Juan séducteur. Nous avions appris (1, 1 et 2) que Don Juan réussissait d'innombrables conquêtes.

Molière va maintenant nous lemontrer en train de séduire.

Alors que ses prédécesseurs avaient multiplié les aventures, Molière se limite à uneseule, qu'il nous présente comme exemplaire.

Ainsi, on peut considérer que l'exposition continue et continuerajusqu'au dénouement, ce qui montre bien que Don Juan est plus proche du drame que de la conception classique del'intrigue. La stratégie du séducteur.• Elle est banale (l'opposer à celle de Valmont dans Les Liaisons dangereuses : voir document).— Vous êtes mieux que votre milieu...— Eloge des beautés de Charlotte.— Vous mériteriez d'être reine.— Je vous aime bien rapidement, mais l'amour peut naître d'un regard...• Elle se teinte de condescendance : Don Juan sait qu'il intimide, et en use.• Elle est vulgaire : véritable comportement de maquignon ou de marchand d'esclaves (l.

31-42).Molière ne montre pas son personnage sous un beau jour dans cette scène et d'ailleurs dans tout cet acte.

Cesentreprises amoureuses avilissent quelque peu Don Juan, que nous imaginons fait plus pour tenir l'épée que pours'attaquer à de pauvres hères et les frapper, comme il le fera bientôt.Charlotte.

Rôle d'ingénue assez agréable, superficielle, mais pas méchante.

Sa naïveté fait naître un comiquediscret, comme celui de Marivaux.Sganarelle commente plaisamment pour le public les paroles de son maître. Document : Un habile séducteur : Valmont. Dans LES LIAISONS DANGEREUSES, roman par lettres paru en 1782, Laclos nous présente le vicomte de Valmontdécidé à séduire la dévote présidente de Tourvel.

Voici des extraits des lettres XI et XXI.

La Lettre XI nous révèleque Valmont, qui a été dépeint à Mme de Tourvel comme un séducteur dangereux, s'abstient soigneusement de luiparler d'amour.La présidente de Tourvel à Mme de Volanges.« Votre lettre sévère m'aurait effrayée, Madame, si, par bonheur, je n'avais trouvé ici plus de motifs de sécurité quevous ne m'en donnez de crainte.

Ce redoutable M.

de Valmont, qui doit être la terreur de toutes les femmes, paraîtavoir déposé ses armes meurtrières avant d'entrer dans ce château.

Loin d'y former des projets, il n'y a pas mêmeporté de prétentions; et la qualité d'homme aimable que ses ennemis mêmes lui accordent, disparaît presque ici,pour ne lui laisser que celle de bon enfant.

C'est apparemment l'air de la campagne qui a produit ce miracle.

Ce queje vous puis assurer, c'est qu'étant sans cesse avec moi, paraissant même s'y plaire, il ne lui est pas échappé unmot qui ressemble à l'amour, pas une de ces phrases que tous les hommes se permettent, sans avoir, comme lui, cequ'il faut pour les justifier.

Jamais il n'oblige à cette réserve dans lequelle toute femme qui se respecte est forcée dese tenir aujourd'hui pour contenir les hommes qui l'entourent.

Il sait ne point abuser de la gaieté qu'il inspire.

Il estpeut-être un peu louangeur; mais c'est avec tant de délicatesse qu'il accoutumerait la modestie même à l'éloge.Enfin, si j'avais un frère, je désirerais qu'il fût tel que M.

de Valmont se montre ici.

Peut-être beaucoup de femmeslui désireraient une galanterie plus marquée; et j'avoue que je lui sais un gré infini d'avoir su me juger assez bienpour ne pas me confondre avec elles...

». »

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