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AIMARD Gustave : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/11/2018

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AIMARD Gustave, pseudonyme d'Olivier Gloux (1818-1883). Auteur de nombreux romans d’aventures et adaptateur en France d’un genre dont Fenimore Cooper fut l'inventeur, G. Aimard a eu lui-même une vie picaresque. Il s’engage comme mousse et passe sa jeunesse en Amérique du Sud; là, s’il faut en croire sa légende, il vit « de la vie des nomades au milieu des fauves, côte à côte avec les Indiens, fils adoptif d’une de leurs puissantes nations (...), le rifle d’une main et le machette de l’autre »! Attaché deux fois au poteau de torture par les Apaches, esclave des Patagons, il est chasseur, trappeur, peut-être même un peu bandit. Plus tard, revenu en Europe, il poursuit ses voyages en Turquie et dans le Caucase avant de revenir à Paris. En 1848, le voici officier de la Garde mobile avant de repartir aux Amériques où on le retrouve dans l’aventure de la Sonora, avec le comte de Raousset-Boulbon, improbable condottiere qui veut se tailler un royaume au Mexique.

 

De retour en France, Aimard commence vraiment à écrire : utilisant ses aventures passées, il donne une pièce (les Flibustiers de la Sonora, 1864, en collab.) et surtout des romans publiés en feuilletons dans les grands journaux de l’époque (le Moniteur, la Presse, la Liberté). Le premier est peut-être le plus célèbre (les Trappeurs de l'Arkansas, 1858, réédité très souvent, notamment dans des collections populaires et enfantines), mais des dizaines d'autres suivront : parfois écrits en collaboration (Jules-B. d’Auriac et un nommé Crisafulli), ils exploitent toujours la même veine, et parfois jusqu’à l'autoplagiat! En 1870, Aimard, très patriote, part pour la guerre dans un corps de francs-tireurs, avant de retrouver Paris où il continue à se battre. Il meurt à Sainte-Anne, atteint d’une sorte de folie des grandeurs.

 

Les titres de Gustave Aimard se ressemblent souvent et indiquent bien les deux pôles de cette œuvre assez monotone : l’aventure et l’exotisme, combinés par exemple dans les Trappeurs de l'Arkansas, les Forestiers du Michigan (1867), les Outlaws du Missouri (1868) ou les Bandits de l'Arizona (1882). On pourrait aussi rapprocher les Pirates des prairies ( 1858) des Rôdeurs de fron

« tières (1861), des Chasseurs d'abeilles (1864) ou des Coupeurs de routes (1 879).

Même chose avec le Cher­ cheur de pistes (1858), l'Éclaireur (1859) et leurs suc­ cesseurs, avec aussi l'exotisme linguistique et le my�tère du Grand Chef des Aucas (1858), de Curumilla ( 1860), de I'Araucan (1864), des Gambucinos (1866) ...

En dehors de ce qu' Aimard appelle les «Drames du Nou­ veau Monde», on aurait enfin d'autres volumes où l'Océan et la grande ville sont un peu les équivalents des grandes plaines du Far West : des romans de pirates (la série des Rois de l'Océan, 1863-77) ou sur les bas-fonds parisiens (les Invisibles de Paris, 1867-68, et les Vau­ riens du Pont-Neuf, 1878, deux séries).

La couverture de ces volumes brochés évoque certai­ nes gravures à la Jules Verne : dans une forêt tropicale, dans un fouillis de palmiers et de lianes, des Indiens ti rent leurs flèches, entourés d'aigles, de serpents et de fauves.

Source de dangers et de découvertes, ce décor de nature sauvage ouvre d'emblée un champ infini à l'aventure et au fantasme : savanes immenses, monta­ gnes escarpées, arbres remplis de miel, ours, castors, jaguars ...

Les Indiens sont cependant la curiosité princi­ pale et le ressort dramatique essentiel des romans d'Ai­ mard, plus encore que les Mexicains ou les bandits.

Le regard porté sur ces Indiens est double, échappant ainsi au manichéisme des films qui succédèrent à toute cette littérature.

Certes, les Peaux-Rouges sont les adversaires irréductibles de « la race blanche » et ils pratiquent avec un art consommé Je scalp et le poteau de torture.

Ces scènes de cruauté reviennent d'ailleurs avec une belle régularité, faisant souvent figure de morceaux de bra­ voure et rachetant les facilités ou les grincements du scénario.

D'un autre côté cependant.

ces Indiens sont aussi vic­ times d'une colonisation menée par des brutes et des trafiquants, par ces « outlaws » sans foi ni loi qui sont, eux, les vrais méchants.

Et cette colonisation est en fait un vol, la rupture aussi d'un univers harmonieux et bon.

Car les Indiens ont à leur manière une sorte de morale, de sens chevaleresque qui leur fait respecter la parole donnée et l'adversaire malheureux.

Malgré quelques pages « ethnologiques » ou didactiques, on est alors dans le registre de l'épopée avec grandes scènes et grands héros, au risque du stéréotype! Est-ce une illusion, cependant, que de découvrir chez Aimard de la poésie? Évocation d'un autre monde, ces romans grisaient leurs lecteurs d'aventure, d'espace et de liberté: peut-être les Peaux-Rouges d'Ai mard ont-ils inspiré ceux de Rim­ baud, clouant nus aux poteaux de couleurs tous les haleurs du Bateau ivre ...

[voir aussi ENFANCE ET JEUNESSE].

BIBLIOGRAPHIE Daniel-Henri Pageaux, «l'Univers romanesque de Gustave Aimard », Richesses du roman populaire, Centre de recherches sur le roman pop ula ir e de Nancy n, 1986.

A.

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