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ALAIN-FOURNIER : sa vie et son oeuvre

Publié le 14/11/2018

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ALAIN-FOURNIER, pseudonyme d’Henri Alban Fournier (1886-1914). Sa trop brève existence interdit peut-être autant à Alain-Fournier d’accéder à la plénitude de son art qu’elle conforte, par son imprévisible fulgurance, les mythologies dans lesquelles l’auteur du Grand Meaulnes va égarer sa vérité, sur les traces d’un personnage à qui, prétend-on, il ne devait pas survivre. Tombé au feu à vingt-huit ans (on retrouvera son corps presque 80 ans plus tard), quelques jours après Péguy, le lieutenant Fournier semble prouver par le martyre de sa chair l’impossibilité de vivre un besoin d’absolu égal à celui de Meaulnes, dont plusieurs générations sacraliseront l’intransigeante raideur, l’inaptitude fondamentale au bonheur.

 

Peu de vies, cependant, paraissent moins riches en aventures que ce destin à peine ébauché, franchissant tout juste les bornes paisibles et normatives de l’enfance et des éludes. Henri Fournier aura grandi dans le microcosme d’une école communale où vivent et enseignent ses parents, instituteurs dont les affectations contiennent les errances dans les sages limites du Berry et de la Sologne. Ils n’ambitionnent pour leur fils d’autre prouesse qu’une brillante carrière universitaire.

 

La préparation du concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure apporte à l’adolescent les passions tranquilles d’une amitié durable : celle de Jacques Rivière, son futur beau-frère, dont la correspondance avec l’écrivain fera en quelque sorte le dépositaire de sa mémoire. Un double échec sanctionnant ses trois années de « khâgne », Henri Fournier n’a que le temps d’essayer sa plume à des projets encore chaotiques et d’éprouver, en de furtives rencontres ou en des liaisons décevantes, les premiers émois d’une vie sentimentale impuissante à définir ses objets. Les fragments, essais ou poèmes (Miracles, publiés par Jacques Rivière en 1924) qu’il nous laisse, l’unique roman qu’il achève révèlent un homme encore en proie à tous ses doutes, n’ayant choisi aucun de ses possibles à la veille de disparaître.

 

 Le Grand Meaulnes, itinéraire magique?

 

Parce qu’il est à la fois un roman d’amour et un roman d’enfance, histoire du désir et de l'innocence, quête de l’enfant exalté par la passion, mais aussi parole native d’un écrivain, plus dépendant d’un univers fantasma-

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« tique, que d'un système esthétique qui reste à définir, le Grand Meaulnes vaut en premier lieu par le poids des troubles enjeux qui structurent sa trame imaginaire.

Curieuse recherche, en vérité, que celle de Meaulnes, de Seure! et de Frantz.

Elle s'effectue sous le signe d'un épais mystère, d'une étrangeté radicale.

Sur elle pèse un tel secret que la conscience individuelle ne peut à elle seule le porter.

mais qu'elle doit en faire partager le murmure enfiévré par d'incessants et nécessaires aveux, qu' i 1 faut toujours arracher à son frère d'aventure, avant que le silence ne le consume.

Là réside le fondement de cet éclatement de la per­ sonne dont le roman fait sa première loi.

En se fragmen­ tant dans les multiples présences de narrateurs et de héros, mais également de leurs doubles (François/ Meaulnes, Meaulnes/Frantz, Yvonne/Valentine ...

), le sujet romanesque exprime confusément et sa peur et son refus d'assumer les errements de son discours en une parole unique et transparente.

Conte initiatique où se révèlent les passions non dites, où veulent s'épancher les révoltes contenues, où cherchent à se commettre les infractions rêvées contre les normes du vécu, le Grand Meaulnes n'autorise la transgression des interdits, dans l'école, la famille ou l'affect, qu'au prix des alibis com­ modes offerts par la métamorphose en l'autre, le déguise­ ment (motif r. »

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