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ALEXIS Jacques Stephen : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/11/2018

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ALEXIS Jacques Stephen (1922-1961). Médecin et romancier, Alexis est ne aux Gonaïves (au N.-O. d’Haïti) l’année où l’armée d’occupation des États-Unis écrasait le mouvement de résistance des paysans pauvres dirigé par Charlemagne Péralte. Son père, Stephen Alexis, d’abord avocat, enseignant, puis historien (Vie de Toussaint Louverture), romancier (le Nègre masqué, 1933) et diplomate, et qui mourra en exil en 1962, avait été arrêté pour sa participation à cette insurrection et avait passé deux ans en prison. La crise nationaliste provoquée par l’occupation américaine se traduisit pour de nombreux intellectuels haïtiens par l’éclosion d’un mouvement, l’« indigénisme ». Dénonçant à cette époque une conception élitiste de la culture soumise aux canons européens bourgeois, ses défenseurs prônaient la recherche systématique et la réhabilitation des éléments d’origine indienne et africaine qui modèlent profondément la vie quotidienne des paysans et ouvriers haïtiens.

 

Après des études secondaires commencées à Paris, puis poursuivies à Port-au-Prince, Alexis s’inscrivit à la faculté de médecine d’Haïti. Ayant adhéré en 1938 au parti communiste haïtien, fondé par J. Roumain et interdit depuis 1936, il poursuivra après la mort de ce dernier la lutte syndicale et politique; les grèves de janvier 1946, qui amenèrent la chute du régime proaméricain et antipopulaire de Lescot, ne permirent toutefois pas, faute d’une mobilisation suffisante des travailleurs, l’émergence d’un régime démocratique. Alexis participa alors avec, entre autres, René Depestre à la création d’une organisation marxiste; cette dernière, selon Depestre, décida fin 1946 leur départ pour la France afin qu’ils y poursuivent leurs études. Devenu médecin, Alexis, militant communiste, soutint en 1957 la candidature de Louis Dejoie, adversaire de François Duvalier à l’élection présidentielle. Opposant à la dictature duvaliériste, il fonda en 1959 le parti de l’Entente populaire, d’inspiration marxiste-léniniste. Après avoir visité la République populaire de Chine, il se rendit à Cuba, qu’il quitta en avril 1961 pour débarquer clandestinement au nord-est d’Haïti, avec un petit groupe de compatriotes; arrêtés par les forces duvaliéristes, Alexis et ses compagnons furent torturés puis exécutés.

« Mais il ne s'agit pas pour lui d'encourager le mysti­ cisme : >.

Rejetant l'humanisme verbal, oratoire, il insiste sur la nécessité d'associer raison et sensibilité pour mieux participer« aux grandes luttes libératrices de notre temps >>.

A sa mort brutale et tragique, Alexis avait publié trois romans, qui, sauf le premier, n'ont pas été réédités depuis plus de vingt ans : Compère général Soleil, Galli­ mard, 1955-réimprimé en 1982 -,les Arbres musi­ ciens, Gallimard, 1957, et l'Espace d'un cillement, Galli­ mard, 1959, premier tome d'une trilogie qu'il n'a pu achever.

Sa dernière publication fut un recueil de nouvel­ les et de contes : Romancero aux étoiles, Gallimard, 1960.

11 a laissé néanmoins de nombreuses œuvres encore inédites : deux romans, l'Églantine et Étoile absinthe, une pièce de théâtre, les Dollars, et deux essais, De la création artistique et Chine miraculeuse.

En situant la lutte des classes au cœur de son œuvre, Alexis a su dépasser l'antinomie race/classe que les idéo­ logues haïtiens de la négritude considéraient comme fon­ damentale.

Poëte et romancier révolutionnaire, il peut être considéré à juste titre comme un des plus grands écrivains antillais contemporains.

[Voir aussi CARAlBES ET GUYANE].

BIBLIOGRAPHIE Outre les œuvres signalées plus haut, on lira avec intérêt son intervention au l" Congrès des écrivains et artistes noirs : .

Présence africaine, n• 8-9- 10, juin-novembre 1956.

On pourra consulter aussi : «Jacques Stephen Alexis et la littérature d'Haïti».

Europe, n• 501, janvier 1971, dans lequel figure un texte d'Alexis : « la Belle Amour humaine 1957 "· p.

20-27 ain si que le livre de M.

Seonnet, J.-S.

Alexis ou le voyageur vers la lune de la " Belle Amour humaine », aux Éditions Pierres héréliques, 1983.

N.

MÊDJIGBODO. »

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