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Analyse des imprécations de Camille.

Publié le 09/02/2012

Extrait du document

 

 

Introduction. - Pour bien comprendre et pour justifier ces sauvages apostrophes, ces malédictions endiablées, il importe d'en rappeler les antécédents et de définir les caractères tels que la tragédie les a précédemment révélés.

CARACTÈRE ET CONDUITE ANTÉRIEURE D'HORACE. - Horace, n'écoutant que son patriotisme aussi naïf qu'intransigeant, avant de partir pour le champ de bataille a stipulé les clauses suivantes : ....

« LEs IMPRÉCATIONS : couronnement d'une action, achèvement d'un carac­ tère.

- Dans ces imprécations, nous.

trouvons l'aboutissement normal d'une action, l'achèvement logique d'un caractère.

Depuis le début de la pièce, le nom de Rome retentit aux oreilles de cette· infortunée.

On l'exhorte à mettre l'intérêt de Rome au-dessus de son amour.

Cela lui est impossible : Curiace n'a démérité en rien à ses yeux.

Une querelle fratricide n'est pas suffisante à son cœur pour légitimer une rupture, une infidélité.

Les démons­ trations les plus enflammées du patriotisme romain glissent sur une passion pareille.

L'obstacle qui se dresse à l'encontre de son bonheur, l'ennemie qui s'interpose entre elle et son amant, elle en a la conscience nette avant le combat, c'est Rome, Rome seule.

Et voici qu'à l'issue de la lutte, le nom maudit la poursuit comme une obsession : Quoi? Rome enfin triomphe? ...

s'écrie le vieil Horace.

Et Valère, dès qu'il a narré la mort de Curiace, de conclure: Et son trépas de Rome assure la puissance ...

...

Vertu digne de Rome! ...

s'exclame le vieillard, glorifiant l'assassin.

Puis, croyant calmer la douleur de sa fille, il l'exaspère, il profère les mots irréparables : Rome triomphe d'Albe, et c'est assez pour nous! ...

A son frère victorieux, Camille ne sait offrir ·que des pleurs : Rome n'en veut point .voir, après de tels exploits, riposte le vainqueur.

Il renchérit là-dessus, et, après plusieurs réponses ...

Préfère au moins au souvenir d'un homme Ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome.

C'en est trop; Camille, muée en furie, se rue sur ce mot, le piétine, le déchire, le voudrait anéantir et, par quatre fois, revient à la charge avec acharnement.

Dans cette tirade, qui semble jaillir comme la lave brûlante d'un volcan, se manifestent à la fois la logique véhémente d'une âme pas­ sionnée et l'art sublime de Corneille.

La fureur en son paroxysme ne saurait s'exprimer avec plus de lucidité et de force.

.

Il y a comme deux phases dans cette éruption, deux P-arties bien distinctes, offrant chacune une gradation savante.

Dans la première, Camille répond à son frère.

Non, elle ne peut prendre les intérêts de Rome : tout lui commande de la haïr.

Dans la seconde, sa haine appelle la vengeance sur lu ville abominée.

Après avoir ramassé en un vers toute sa colère : Rome, l'unique objet de mon ressentiment ...

elle énumère ses griefs, en suivant un ordre croissant.

Elle lui rept oche : d'avoir causé la mort de son amant; d'avoir donné le jour à un barbare; d'avoir mis au cœur d'Horace un culte féroce; de combler d'honneurs le meurtrier rle Curiace.

Puis viennent les horribles souhaits qui, eux aussi, vont croissant : guerre étrangère, guerre civile, fléaux du ciel, aboutissant à la mine totale, définitive.

Et elle termine comme elle avait commencé, par un vers synthétique, beaucoup plus fort que le premier : Moi seule en être cause, et mourir de plaisir! ...

Elle obéit jusqu'au bout à la logique de sa passion : « Puisque Rome est l'unique cause de ma douleur, je veux être l'unique cause de sa ruine; et puis, satisfaite, m'en aller rejoindre dans la mort celui qu'elle m'a ravi.

» Le coup d'épée d'Horace est imminent; l'action vient de faire un bond énorme ...

et normal à la fois.

BEAUTÉS DE DÉTAIL.

- Telle est l'économie générale de ce brillant mor­ ceau.

Mais pour le mieux goûter encore, il faut l'examiner dans le détail.

Reprenons-le ve~~ :par, vers, .Presque Jl!Ot .Par.

mot_, tant il est dense.

Souli­ gnons d'abord l epithete unzque, appliquee a obJet de mon ressentiment.

Camille, nous l'avons déjà dit, a très bien vu : derrière les hommes, les événements, Rome est là, inspirant un patriotisme aux exigences tyranni­ ques, toujours invisible, partout présente, force occulte qui mène tout.

Et nous songeons à cette autre furie clairvoyante : Athalie.

Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit! .... »

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