Analyse des œuvres : l’Etranger d’Albert Camus, et L’histoire comique de Francion, de Charles Sorel.

« 1.

L’histoire comique de Francion est un roman comique.

Comique s’oppose au tragique, à l’exceptionnel des événements, à la tournure singulière d’une intrigue tragique.

Il faut entendre que “comique” dépasse le caractère burlesque des péripéties, car, si elles ne sont pas dans le merveilleux, elles s’ancrent dans la vraisemblance de l’ordinaire tout en mêlant un certain décalage.

Le quotidien banal du personnage de Francion représente son environnement jusqu’aux réalités les plus basses et sans aucune idéalisation de l’univers des individus du XVIIe siècle.

En s’opposant au romanesque héroïque et aux histoires tragiques, l’histoire relève du comique comme “ une peinture naïve de toutes les diverses humeurs des hommes” (Polyandre) qui symboliserait l’imprévisible quasi-illogique d’une vie, et de ses aléas. 2.

La volonté de Charles Sorel n’est pas de peindre à l’exactitude la société du XVIIe siècle, il souhaite que son œuvre soit d’abord un divertissement satirique de certains archétypes, mais surtout une représentation des passions qui menaçent chaque être. Placere et docere, malgré le penchant libertin de Sorel, l’écrivain est “attiré et hésitant”.

Il souhaite qu’à travers le personnage de Francion, le lecteur puisse rire de sa fourberie et de sa finesse, mais qu’il puisse également prendre conscience des risques d’un excès de passion.

L’histoire comique de Francion représente également, et indirectement, les normes de l’écriture du XVIIe siècle.

Car Francion est un homme de lettres, qui compose et s’entoure parfois de cuistres, tel Hortensius, parfois d’intellectuels, comme Clérante.

“Révolte de l’esprit gaulois contre le bel esprit”, l’auteur l’auteur concède son utilisation du style “tel qu’il convenait au sujet et à la mode du temps” : la simplicité de ce style illustre non seulement une réalité sociale, mais aussi une réalité artistique, car cette authenticité n’est pas encore une norme dans la littérature. 3.

Une mosaïque est un assemblage de pièces singulières qui, toutes rassemblées, forment une œuvre.

Dans ce roman, de très nombreux récits s’entremêlent.

Que ce soit l’intrigue principale de Francion-qui occupe finalement une place mineure-, le récit d’Agathe ou la réminiscence de son enfance au gentilhomme, le lecteur peut se perdre dans toutes ses aventures.

La “mosaïque” va encore plus loin, nous traversons la quasi-totalité des degrés de l’échelle sociale du XVIIe siècle, cette satire traverse le monde pastoral et paysan, mais aussi l’univers religieux, pour atteindre la haute-société bourgeoise jusqu’au roi.

Les personnages participent également à cette “mosaïque”, car celle-ci ne s’arrête pas aux degrés de.... »