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analyse d'un extrait d'Un balcon en forêt, de J. Gracq

Publié le 02/05/2023

Extrait du document

« Éléments de correction Un Balcon en forêt, de J.

Gracq Prose poétique – extrait de J.

Gracq « un balcon en forêt » 1.

Depuis que son train avait passé les faubourgs et les fumées de Charleville, il semblait à l’aspirant Grange que la laideur du monde se dissipait : il s’aperçut qu’il n’y avait plus en vue une seule maison.

Le train, qui suivait la rivière lente, s’était enfoncé d’abord entre de médiocres épaulements de collines couverts de fougères et d’ajoncs.

Puis à chaque coude de la rivière, la vallée s’était 5.

creusée, pendant que le ferraillement du train dans la solitude rebondissait contre les falaises, et qu’un vent cru, déjà coupant dans la fin d’après-midi d’automne, lui lavait le visage quand il passait la tête par la portière.

La voie changeait de rive capricieusement, passait la Meuse sur des ponts faits d’une seule travée de poutrages de fer, s’enfonçait par instants dans un bref tunnel à travers le col d’un méandre.

Quand la vallée reparaissait, toute étincelante de trembles sous la 10.

lumière dorée, chaque fois la Meuse semblait plus lente et plus sombre, comme si elle eût coulé sur un lit de feuilles pourries.

Le train était vide; on eut dit qu’il desservait ces solitudes pour le seul plaisir de courir dans le soir frais, entre les versants de forêts jaunes qui mordaient de plus en plus haut sur le bleu très pur de l’après-midi d’octobre; le long de la rivière, les arbres dégageaient seulement un étroit ruban de prairie, aussi nette qu’une pelouse anglaise. 15.

“C’est un train pour le Domaine d’Arnhem” pensa l’aspirant, grand lecteur d’Edgar Poe, et, allumant une cigarette, il renversa la tête contre le capiton de sergé pour suivre du regard très haut au-dessus de lui la crête des falaises chevelues qui se profilaient en gloire contre le soleil bas.

Dans les échappées de vue des gorges affluentes, les lointains feuillus se perdaient derrière le bleu cendré de la fumée de cigare; on sentait que la terre ici crêpelait sous cette forêt drue et noueuse aussi 20.

naturellement qu’une tête de nègre.

Pourtant la laideur ne se laissait pas complètement oublier : de temps en temps le train stoppait dans de lépreuses petites gares, couleur de minerai de fer, qui s’accrochaient en remblai entre la rivière et la falaise : contre le bleu de guerres des vitres déjà délavé, des soldats en kaki somnolaient assis en califourchon sur les chariots de la poste – puis la vallée verte devenait un instant comme teigneuse : on dépassait de lugubres maisons jaunes, taillées 25.

dans l’ocre, qui semblaient secourer sur la verdure, tout autour la poussière des carrières à plâtre – et, quand l’oeil désenchanté revenait vers la Meuse, il discernait maintenant de place en place les petites casemates toutes fraîches de brique et de béton, d’un travail pauvre, et le long de la berge les réseaux de barbelés où une crue de la rivière avait pendu des fanes d’herbes pourrie : avant même le premier coup de canon, la rouille, les ronces de la guerre, son odeur de terre écorchée, son 30.

abandon de terrain vague, déshonorait déjà ce canton encore intact de la Gaule chevelue. Julien Gracq : extrait de « Un balcon en forêt » (1958) I.

Le long du chemin Le thème du train, annoncé dès la première ligne, ponctue le texte et en recrée le rythme du voyage : « train » (l.

3, 5, 11 et 15).

Ce parcours est visible dans l’utilisation des connecteurs temporels qui marquent la succession de tableaux : « depuis que » (l.

1), « d’abord » (l.

3), « puis » (l.

4), « quand » (l.

9), « de temps en temps » (l.

21), « puis », (l.

23), « maintenant » (l.

26), « quand »(l.

26).

Il y a de réels changements, bien marqués par l’usage de l’imparfait descriptif et les oppositions (emploi de « ne … plus » l.

2 ; « maintenant » l.

26) ou simple modifications (« changeait » l.

7, les adverbes de comparaison : « plus lente et plus sombre ».... »

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