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APOSTROPHES: émission télévisée

Publié le 14/02/2019

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APOSTROPHES, émission télévisée hebdomadaire consacrée aux livres sur la deuxième chaîne (Antenne 2) de la télévision française. Fondée le 6 janvier 1975 par Bernard Pivot, elle prenait la suite d'Ouvrez les guillemets (1973-74), animée, sur la première chaîne, par B. Pivot, Gilles Lapouge et André Bourin. Si Pivot n'a pas créé le genre (dans Lectures pour tous, Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes dialoguaient déjà avec des écrivains français ou francophones, tandis que Max-Pol Fouchet présentait les textes étrangers), il a imposé un style en rompant avec la tonalité intimiste de ce type d'émission. L'échange culturel prend la forme d'un débat, plus ou moins large, où les rôles sont soigneusement distribués et scrupuleusement tenus : autour d'un même thème sont réunis des auteurs très divers (historiens, romanciers, scientifiques, journalistes, etc.) ; de cette diversité jaillit souvent l'étincelle, sinon toujours la lumière. C'est aujourd'hui la forme la plus importante de la critique littéraire : l'émission bénéficie, suivant les sujets abordés, de 5 à 12 d'audience (soit de 2 à 4,5 millions de téléspectateurs), et, selon une enquête du Syndicat de l'édition (1980), elle est responsable de 26 p. 100 des achats de livres, tandis qu'un livre présenté voit ses ventes s'accroître de 30 p. 100 au moins.

 

Certains (Régis Debray, le Pouvoir intellectuel en France, 1979) lui reprochent d'être un ferment de désagrégation de la conscience professionnelle des intellectuels, qui atteindrait, avec la télévision, un nouveau palier dans la déchéance : après l'« âge professoral », puis l'« âge éditorial » de l'entre-deux-guerres (dictature de Gallimard et Grasset), on aurait atteint l'« âge médiati-

« que », oîl l'œuvre est jugée non sur son contenu, mais sur la « télégénie » de son auteur.

Éditeurs et écrivains se battent pour « Aposlrophes " comme on se battait naguère pour l'Académie.

En réalité, cene émission « injuste mais honnête», selon l'expression même de son animateur, a fait connaitre (et ache­ ter) à un vaste public des œuvres aussi sérieuses que celles des historiens Le Roy Ladurie (notamment son Montail ­ lou), Jacques Le Goff ou Georges Duby et fait découvrir les travaux de so cio lo ­ gues.

de biologistes.

etc., qui jusque-là ne dépassaient pas l'audience des spé cia ­ listes.

L'injustice jouerait surtout contre les auteurs de fiction : il est plus difficile de « faire voir » son recueil de poèmes ou son roman que d'exposer l'objet et les méthodes de sa recherche d'historien, de zoologiste ou d'aslrophysicien, voire sa cible de pamphlétaire.

L'auteur doit s'effacer devant l'interprète, l'écrit devant la parole.

« Apostrophes >> prend ainsi place dans le vieux débat qui dissocie le fond et la forme et force l'écrivain soit à prendre des allures de salonnard, soit à aller jusqu'au bout de son happening, pour en finir, comme Artaud, avec tous les jugements, de Dieu ou du « peuple >> -puisque c'est du silence de ce grand absent qu'on s'auto­ rise pour justifier tous les choix et tous les refus.. »

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