Après avoir lu le poème de Victor Hugo, les Pauvres gens, dégagez les élémènts d'émotion et par conséquent de lyrisme qui le constituent

« thèmes capables d'inspirer le poète, Dieu, la ~ature, l'Amour ...

Hugo, moins pul.'ement romantique que ses prédécesseurs, mais d'imagination plus féconde, sachant regarder davantage autour de lui, a dégagé, de la peinture de la réalité, des émotions d'ordre plus objectif, plus général, mais tout aussi vives et susceptibles de faire naître une ardente poésie.

Le cas est fréquent dans la Légende des siècles, d'où nous tirons ce poème des Pauvres gens; d'une idée, d'un fait, Hugo fait apparaître le mythe, c'est-à-dire une sorte d'idée-image qui se transforme en symbole.

Le poète ne peut pas ne pas être ému par ces grandes évocations historiques, philosophiques ou sociales, et il .en fait comme une nouvelle source du lyrisme.

Les Pauvres gens forment un tabJ.eau beaucoup plus humble, beaucoup plus modeste, et d'une tonalité assez rare d'ailleurs dans l'ensemble de la Légende des siècles.

Ge caractère différent est voulu par l'auteur qui a t·enu à C·e que cette scène de pathétique populaire exprimât vraiment les traits dominants de notr·e époque, correspondant ainsi à l'idée qu'il se faisait de la poésie épique.

!ais ce tableau cc épique '' est aussi profondément cc lyrique "• puis­ que le poète en dégage des émotions qu'il sait nous communiquer.

C'est d'abord l'émotion de l'attente, de cette vie mêlée d'espoir et d'angoisse qui est la vie des f.emmes de marins.

C'est la ten­ dresse qui se devine dans ce pauvre intérieur, riche seulement de dévouement .et de courage.

Puis c'est une émotion plus doulou­ reuse, par conséquent plus forte, qui nous étreint devant le lit de mort de la malheureuse voisine, devant les pauvres petits enfants qu'•elle-avait couverts avant de mourir, cc afin qu'ils eus­ sent chaud pendant qu'elle aurait froid "· C'est tout le lyrisme pro­ fond qui naît de la pensée de la mort, parce que c'est l'émotion la plus poignante au cœur de l'homme.

C'est le lyrisme de Villon, de Bossuet ....

Il s'y ajoute ici un sentiment de pitié pour la femme morte après avoir tant souffert, et qui nous montre cc ce qui reste du pauvre après un long combat ''· Près d'elle, les orphelins nous émeuvent par leur innocence et leur malheur.

Mais l'émotion (et par conséquent la source du thème lyrique) qui domine tout le poème, c'est celle qui est suscitée par la bonté· de Jeanine, par la générosité plus grande encore de son mari, par son abnégation toute spontanée, par l'héroïsme si simple, si natu­ rel dont font preuve ces pauvres gens, par le grand souffle de fra­ ternité humaine qui les soulève, et qui nous soulève nous aussi, gr✠au talent pu poète.

Ainsi l·es thèmes épiques se transforment souvent, chez Hugo, .en émotions lyriques.

Il veut n'être que peintre descriptif, mais mal­ gré lui, ce qu'il décrit suscite en lui les émo tians de la sensibilité créatriœs de poésie.

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