Devoir de Philosophie

AUGIÉRAS François : sa vie et son oeuvre

Publié le 15/11/2018

Extrait du document

AUGIÉRAS François (1925-1971). Écrivain et peintre, né à Rochester (U.S.A.) en 1925, d’un père français et d’une mère polonaise, mort à Périgueux en 1971. Il passe sa jeunesse en Périgord, où il est venu après le décès de son père. En 1950, alors qu’il est en Afrique du Nord après avoir été réformé de la marine nationale, il envoie à plusieurs écrivains français (dont Gide) de curieux petits fascicules qu’il a lui-même confectionnés, qu’il intitule le Vieillard et l'Enfant et qu’il signe Abdallah Chaamba (texte publié par les Éditions de Minuit en 1952, modifié par Augiéras en 1953 et 1954). Sorti de l’anonymat, il fera paraître plusieurs récits mais ne renoncera jamais à une vie nomade et misérable, avant de s’éteindre dans un hospice.

Augiéras François (1925-1971). Auteur méconnu né à Rochester (États-Unis), il passe sa jeunesse à Périgueux avant d’être envoyé comme méhariste dans le Sahara. C’est d’Algérie qu’en 1950 il adresse à plusieurs écrivains, dont Gide, d’étonnants fascicules aux pages de couleur grossièrement reliées racontant, en une « tapisserie de mots », l’histoire pathétique d’un enfant esclave du plaisir d’un vieux militaire. Le Vieillard et l’enfant, qui signe la « découverte panique d’une écriture hantée par Dieu », est livré au public dans sa version intégrale en 1954 aux Éditions de Minuit sous le pseudonyme d’Abdallah Chaamba (nouv. éd., Éditions de Minuit, 1977). Commence une existence nomade et marginale au cours de laquelle se multiplient les errances en Afrique et sur le pourtour méditerranéen. Zirara (1958), Le Voyage des morts (1959), L 'Apprenti sorcier {1964), Une adolescence au temps du maréchal (1968, rééd. Fata Morgana, 1989), Un voyage au mont Athos (1970) célèbrent l’imminence d’une union de l’homme avec les forces naturelles. Saturée de références païennes, animée d’un élan panthéiste, tendue vers la récupération d’énergies cosmiques perdues, l’œuvre d’Augiéras reste suspendue au bord d’une révélation qui ne vient pas et qui seule donnerait un sens nouveau à l’aventure humaine. La prose poétique, au diapason du « pur dialogue des arbres avec les astres », est l’espace sacré d’un vagabondage spirituel : le poète, en ce monde oublieux du mystère, officie secrètement afin de renouer avec l’inconnu. Egalement peintre, Augiéras réalise des fresques empreintes d’une religiosité terrienne et des scènes allégoriques sur bois, papier ou étoffe, qu’il qualifie d’« icônes modernes ».
En 1966, malade et indigent, il se retire à Domme, dans le Périgord, dans une grotte qu’il transforme en sanctuaire. Là, il se proclame le précurseur d’une nouvelle race aux pouvoirs psychiques illimités, dont l’avènement, devant coïncider avec la fin des philosophies et des religions, est annoncé dans Domme ou l’essai d’occupation, sa dernière œuvre, en forme de confession (posth., 1982, rééd. Le Rocher, 1990). Ce « passager des mots » (Jacques Lacarrière), qui se voulait médium et pour qui tout grand art était nécessairement un « art d’apparition », est mort à 46 ans d’un infarctus, à l’hospice. Les Noces avec l’Occident, poème-prose, et Les Barbares d’Occident, tous deux inédits, seront publiés en 1981 et 1990 par les Éditions Fata Morgana.

-► Marcel Loth, Cahiers de Bospicat, nos 12 et 13. — Masques, n° 13, 1982. — Christian Rodier et Georges Monti, François Augiéras, Le Temps qu’il fait, 1984. — Paul Placet, François Augiéras, un barbare en Occident, Périgueux, Pierre Fanlac, 1988. —Pour François Augiéras, Bibliothèque municipale de Lyon-Le Temps qu’il fait, 1990 ; Les Cahiers du Théâtre du Port de la Lune, Bordeaux, W. Blake and Co, 1990.

Liens utiles