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AYMÉ (Marcel)

Publié le 15/02/2019

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AYMÉ (Marcel), écrivain français (Joi-gny 1902 - Paris 1967). Marcel Aymé a passé une bonne partie de sa vie et de son œuvre à être et à faire ce que l'on n'attendait pas de lui, moyennant quoi il a fini par occuper un ministère parfaitement reconnu, celui de l’ironie politique et de l'inconfort intellectuel. La grippe espagnole avait, à l'automne 1919, tué dans l'œuf sa carrière de candidat à Polytechnique et ses premiers récits, de Brûlebois (1926) à la Table-aux-Crevés (prix Renaudot 1929), en passant par Aller-retour (1927) et les Jumeaux du Diable (1928), annonçaient une sorte de populisme paysan : souvenirs de son enfance orpheline dans les prés du Jura et des vexations que la jeunesse bien-pensante faisait subir à ce petit-fils de républicain anticlérical. Mais, en 1933, la Jument verte soulève, dans la critique et le public, une double vague d'indignation pincée et d'éclat de rire rabelaisien : Marcel Aymé y gagne la réputation d'un auteur comique un peu licencieux et sa signature apparaît dans des périodiques politiques et littéraires, plus ou moins satiriques, comme Marianne ou Gringoire.

 

À peine s'est-il montré sous le masque d'un moraliste de la vie urbaine (Maison basse, 1935) qu'il réapparaît en philosophe champêtre (le Moulin de la Sour

 

dine, 1936 ; Gustalin, 1938 ; la Vouivre, 1943) : sur des terrains différents, il poursuit la même entreprise de salubrité mentale dans une tonalité très originale — au plus fort de ses indignations, il reste toujours accessible à la pitié et à l'émerveillement. D'où le désenchantement qui perce sous la critique féroce de tous les snobismes et de toutes les attitudes inauthentiques, qu'il les pourchasse dans les manifestations les plus matérielles de la société bourgeoise (le Bœuf clandestin, 1939) ou dans ses prétentions intellectuelles (Travelingue, 1941). D'où aussi cette évasion permanente vers la fantaisie, voire le fantastique, dans ses nouvelles et dans ses contes, dont le rythme épouse mieux la sensibilité d'écorché de ce faux impassible (le Nain, 1934; le Passe-Muraille,

 

1943) . Rien d'étonnant donc qu'il ait trouvé un sujet sur mesure dans la France de l'Occupation, la génération du système D et du marché noir, des dénonciateurs zélés et des patriotes tardifs, des vrais trafics et des faux combats (les Vaches, 1942 ; le Chemin des écoliers, 1946; le Vin de Paris, 1947; Uranus, 1948). À la Libération, Marcel Aymé, qui a publié des articles dans Je suis partout. Aujourd'hui et les Nouveaux Temps, reçoit un blâme pour avoir vendu à une firme allemande le scénario du Club des soupirants (1941). Mais c'est à lui que Louis Daquin avait demandé les dialogues du film Nous les gosses ( 1941 ), qui exaltait l'esprit de résistance. Marcel Aymé en tire la conclusion qu'il est difficile d'être libre (Vogue la galère,

 

1944) et que l'écrivain doit être la conscience sans complaisance de son époque (le Confort intellectuel, 1949). C'est sur le théâtre qu'il choisit alors de porter sa guérilla contre les conformismes, variant la hargne de ses assauts, de la banderille légère (Lucienne et le boucher, 1948 ; les Oiseaux de lune, 1956 ; les Maxibules, 1961) à la cruauté vengeresse (Clérambard, 1950; la Tête des autres, 1952). Et pourtant, lui qui fut si proche de son temps qu'il en restera comme une des illustrations les plus fidèles et comme un témoignage quasi ethnographique, il est destiné à survivre par les petites « histoires simples, sans

« amour et sans argent » de deux petites paysannes imagjnaires, les Contes du chat perché (1934-1958) écrits pour les enfants « de quatre à soixante-quinze ans».

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