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Bagatelles — Robert Desnos La Prairie du revenez-y dans Destinée arbitraire

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

 

Revenez-y les vieilles allez-y les jeunes Les arbres grandissent jusqu’à la lune Les arbres vieillisent comme les jeunes Et meurent comme les vieilles Ainsi va la vie les vieilles ! ainsi va la vie les jeunes Les joues d’abricots se rideront Les joues se rideront comme les joues des vieilles Et les larmes sur elles couleront. ainsi vont les baisers les vieilles ainsi vont les baisers les jeunes L’éclair des beaux yeux s’éteindra Comme s’éteint la flamme des bougies vieilles Et la cire comme les larmes coule. Mais jamais ne mourra l’amour Ô ! vieilles Jamais l’amour ne mourra au cœur des jeunes Toujours l’éclair rayera n’importe quel orage La flamme de la vie et de l’amour Toujours rayonnera dans les profondes ténèbres Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai Jamais ne mourra la couleur de vos joues Pousse le blé le bluet et l’ivraie Et la rougeur des baisers à vos cous Rien ne meurt la mort n’est pas vraie.

 

  • La répétition exprime dans les deux cas le regret et la mélancolie. Chez Desnos, elle est renforcée par une allitération en [v].
  • L'emploi répété du futur de l'indicatif montre le caractère inexorable du temps : «se rideront« (v. 7 et 8), « couleront « (v. 9), « s'éteindra « (v. 12). Il s'y ajoute un présent de l'indicatif à valeur intemporelle (« grandissent «, y. 3; « Ainsi va«,

 

« v.

5, etc.). Les ravages de la vieillesse sont peints : «Les joues se rideront» (v.

8). 2.

La mort Le champ lexical de la mort est omniprésent.

Le verbe « mourir » apparaît cinq fois, au présent ou au futur : « meurent » (v.

4), « meurt » (v.

24), « mourra » (v.

15, 16, 21). On retrouve quelques images universelles. Ex.

: le y.

12 : « L'éclair des beaux yeux s'éteindra » rappelle le geste de fermer les yeux des morts.

Le regard estsymbole de la vie.

Cf Ronsard : « En essuyant mes yeux par la mort endormis » (Derniers vers, sonnet « Je n'ai plus que les os»). Ex.

: la flamme qui s'éteint, symbole de la mort (v.

13) comme les «profondes ténèbres» (v.

19).

On dit parfois quequelqu'un s'est « éteint » pour dire qu'il est mort.

C'est une métaphore. B.

La fragilité des femmes( et de l'amour 1.

La dégradation de la beauté Parce qu'elles représentent la beauté et la jeunesse, qui se perdent plus rapidement encore chez elles quechez les hommes, les femmes vieillissantes émeuvent.

C'est chez elles que les atteintes de l'âge paraissent lesplus spectaculaires et les plus tristes.

Desnos évoque trois éléments particuliers : la texture et la couleur desjoues, les beaux yeux, les larmes. Ex.

: les «joues d'abricots» (v.

7 et 8) se flétriront.

La douceur de pêche des peaux féminines a souvent étécélébrée, comme leur couleur rose.

Malheureusement, comme le fruit, elles se rident et perdent leur couleur.

Cf. Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose...

», où l'image de la fleur joue le même rôle que l'abricot. Ex.

: avec la vieillesse viennent les larmes de regret de la jeunesse passée (v.

9 et 14).

Une allitération en [l] imiteleur lente course sur le visage (v.

13). 2.

La disparition des sentiments La femme symbolise aussi l'amour, présent ici par les baisers (v.

10-11 et 23), la flamme de la passion (v.

18)et «l'amour [...] au coeur des jeunes» (v.

16). Desnos esquisse ici une scène pleine de sensualité. L'amour est lui aussi menacé de disparition, comme la vie.

Ex.

: parallélisme des vers 5-6 : «Ainsi va la vie...

»et 10-1 1 : «Ainsi vont les baisers...

» Transition : Bien qu'il s'inscrive ainsi dans une longue lignée littéraire, qui se poursuivra d'ailleurs après lui, Desnos modernise le thème par la liberté des vers et un ton à la fois populaire et finalement optimiste. II.

Le renouvellement poétique A.

Une versification et un ton plus libres 1.

Une métrique qui respecte peu les règles Irrégularité des strophes (5 vers sauf pour la première) et du nombre de syllabes dans les vers (vers pairs ouimpairs, allant de 6 à 13 syllabes). Fantaisie des rimes, qui ne sont vraiment régulières que dans le dernier quintil (a b a b a, c'est-à-dire des rimescroisées).Quasi-absence de la ponctuation et fantaisie des majuscules en début de vers.Desnos utilise ici des procédés inaugurés notamment par Guillaume Apollinaire, et qui visent à s'affranchir desrègles de la prosodie pour donner au poème le rythme choisi par le lecteur. 2.

Des images empruntées à la vie quotidienne qui s'enchaînent par associations d'idées. Comme Louis Aragon ou Paul Éluard, Robert Desnos reprend des images anciennes et qui appartiennent à la viequotidienne ou à l'observation de la nature, mais les change légèrement. Ex.

: l'abricot remplace la rose, lieu commun employé au Moyen Âge puis dans les siècles suivants pour célébrer lafemme, et remplace également l'expression banale «teint de pêche».. »

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