Devoir de Philosophie

Barbey d'Aurevilly (Jules Amédée)

Publié le 16/02/2019

Extrait du document

barbey

Barbey d'Aurevilly (Jules Amédée), écrivain français (Saint-Sauveur-le-Vicomte 1808-Paris 1889). Son enfance se déroula dans une atmosphère bien faite pour fonder le tempérament passionné de l'homme et pour exalter son imagination. L'ascension sociale de sa famille d'origine paysanne, anoblie récemment, fut interrompue par la Révolution. Barbey apprit très jeune à vivre dans un passé embelli par la nostalgie de ce milieu royaliste et janséniste. À Caen, où il fait son droit, il rencontre le libraire Trébutien, avec qui il correspondra longtemps. Auteur de deux nouvelles (le Cachet d'onyx, Léa)

 

quand il s'installe à Paris en 1833, Barbey se tourne vers le journalisme, où ses débuts sont fort décevants. Il mène une vie de dandy sans renoncer à l'écriture : la Bague d'Annibal, l'Amour impossible, Memoranda, Du dandysme et de George Brummell ( 1845). Il se veut alors athée et libéral, mais la lecture de Joseph de Maistre prépare sa conversion. Avec les amis du salon de Mmc de Maistre, il fonde en 1846 la Société Catholique et redevient pratiquant en 1855. Après Une vieille maîtresse et les Prophètes du passé (1851), il se résout à une carrière de critique marquée par deux grandes collaborations, au Pays (1852-1862) et au Constitutionnel (1872-1885). Il revient cependant au roman, abandonné depuis l'Ensorcelée (1854), avec le Chevalier des Touches (1864), composé auprès de Mmc de Bouglon, « l'Ange blanc », puis Un prêtre marié (1865). C’est à Valognes qu'il termine les Diaboliques (1874), tandis que Paris reste pour lui le terrain de polémiques d'autant plus violentes que son idéal monarchiste voit disparaître peu à peu ses chances d'incarnation. Les dernières années contrastent par leur silence dans la vie de cet « iconoclaste » des idoles du siècle. « Connétable des Lettres », il compose encore Une histoire sans nom (1882) et rassemble les articles des Œuvres et Hommes du XIXesiècle (1860-1909) avant de mourir, entouré de Louise Read et de jeunes disciples (dont Léon Bloy).

 

À l'écart de tous les groupes, isolé en littérature comme en politique, Barbey vécut à contretemps. Républicain quand la mode est au romantisme catholique et monarchiste, il devint royaliste et ultramontain quand son époque se tournait vers le socialisme. Byronien à de nombreux égards, ce qui pour lui ne signifiait pas « être d'une école », mais « être d'une race », il fait figure de romantique impénitent par son goût de l'héroïsme inutile. Héritage familial, cette attitude le conduisit au dandysme qui ne fut d'abord qu'un masque, une protection contre le monde, sur lequel il est vite sans illusions. Sans négliger les plaisirs de l'élégance (ses costumes

barbey

« devinrent légendaires), la recherche ves· timentaire du dandy participe surtout d'une volo nté d'étonner.

La violence verbale des éreintements de Barbey est une autre façon d'a tt irer l'attention sur soi ; pour cela il lui suffit de céder à son naturel.

Les scandales qui ponctuent sa vie ont pour fonction, plus ou moins inconsciente, de forcer l'intérêt (i l fut longtemps victim e d' un e cons pir a t io n du silence) et lui valurent effectivement la c éléb rit é .

La passion dissipe l'ennui se ns ible dans les Memoranda, elle pré­ side à la création et définit le ton du cr itique .

« Mon esthétique n'est point bégueule », affirme Barbey, qui accorde aux autres les droits qu'il réclame pour lui-même.

Il défend Une vieille mai­ tresse, comm e plus tard les Fleurs du mal, selon les mêmes critères de la vérité et de l'art qui just ifi en t la peinture des pa ssion s.

L'inévitable problème de la moralité est résolu par la profondeur d'accent, puisque toute peinture vra ie ne peut être dangereuse.

Barbey se veut le « dénonciateur >> de son époque.

un peu à la manière de Balzac qu'il admire celui-ci est l'un des écrivains qui ont « pris le vice à pleine poignée pour le montrer mieux>>.

Mais l'Ensorcelée et les Diaboliques abordent un domaine au- delà de la morale, où l'homme doit choisir entre Dieu et Satan.

L'œuvre de Barbey répond en cela à la « double p os tulatio n » ba ude la iri enne .

L'écrivain choisit le satanisme parce qu'il ouvre les p oss ibilité s littéraires du surnaturel et de l'insolite.

Le satani sme s'accorde d'autre part avec sa tendance janséniste, qui confère aux passi on s leur aspect tragique.

L'apport de J.

de Maistre ne doit pas être nég ligé : elle le sensibilise au péc hé, à la présence universelle du mal.

Barbey annonce Bernanos par la recherche, au sein de la réalité, du surnaturel satanique décelé par la vision du romancier.

Mais l'imagination conserve ses droits, c'est elle qui transfi­ gure les héroïnes en >, et qui fait de la Normandie un paysage de mystère, à travers une phrase toute d 'a ccum ulat ions , qui rebondit plusieurs fois, au détrim ent de la chute.

L'auteur (ce « Lord anxious », comm e il se définit lui-même) semble ne jamais se contenter de ce qu'il écrit, et renchérit, créant une so rte « d'arborescence >>.

Ce style sur­ chargé veut, lui aussi.

étonner, tout comme le rythme des romans : les prologues et les narrateurs y soulèv ent des « rideaux >> successifs, qui relativi­ sent l'intérêt de l'action au pro fi t de l 'i m press ion .

L'idéal serait de provoquer chez le lecteur le « cr i >> dont les audi­ trices accueillent le récit, dans le Des­ sous des cartes d'une partie de whist.

Syrn ptorn ati que rnent, le narrateur de l'Ensorcelée veu t susciter une « rêve­ rie >>, conc lusio n de toutes les Diaboli· ques, car pour Barbey l'œuvre doit se prolonger dans l'imagination du lecteur : il reprochait à Madame Bovary de ne pas avoir le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles