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BATAILLE (Georges)

Publié le 16/02/2019

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BATAILLE (Georges), écrivain français (Billom 1897 - Paris 1962). Enfant, il est à Reims, au lycée, selon son aveu, « mauvais élève ». Mobilisé puis réformé, il passe dans le Cantal la durée de la guerre et, dans un décor qui sera celui de son roman l'Abbé C... (1950), connaîtra, entre l'adolescence et l'âge d'homme, un violent accès de religiosité. Reçu à l'École des chartes en 1918, il est archiviste paléographe en 1922 et séjourne un an à l'École des hautes études hispaniques de Madrid. C'est là que le 7 mai il assistera, comme Hemingway qui en tirera Death in the After-noon, à la corrida où le torero Granero devait perdre l'œil et la vie. À Paris, il se lie avec l'ethnologue Alfred Métraux, Michel Leiris (encore surréaliste), le peintre André Masson, et épouse celle qui sera bientôt l'admirable actrice des films de Prévert et de Renoir, Sylvia Bataille. Il se soumet à une psychanalyse (avec Adrien Borel, l'un des pionniers français de la profession, qui traitera également Leiris et Queneau) : c'est alors qu'il écrit Histoire de l'œil, son premier livre, une sorte d'opérette érotique où, tambour battant, se mêlent espagnolisme et sadisme, et qui paraîtra en 1928 sous le pseudonyme de « Lord Auch ». De réticentes apparitions dans les cercles surréalistes aboutissent au pamphlet Un cadavre (1929), où Bataille et ses amis font subir à Breton le traitement qu'il avait inauguré sur les cendres d'Anatole France. L'affaire n'est pas étrangère au lancement de Documents, une revue qui paraîtra deux ans sous sa direction. Après quoi il fréquente l'extrême gauche, au Cercle communiste démocratique (il y rencontre Colette Peignot ou « Laure »), dans la revue duquel il publie « la Notion de dépense » (1933). Le Bleu du ciel, écrit en 1935, donne un tableau convaincant de ces années d'inquiétude et d'agitation personnelle et collective. Devant la menace fasciste, il lance, momentané ment réconcilié avec Breton, Contre-Attaque, qui reproche au Front populaire
 
naissant une attitude trop défensive. Avec la dissolution du groupe (1936) prennent fin les interventions politiques de Bataille qui, en même temps qu'il se fait initier au yoga et à diverses techniques de méditation, fonde une « société secrète » (Acéphale) : une revue du même nom, splendidement illustrée par Masson, aura quatre numéros au sommaire desquels on verra Caillois, Klos-sowski, Wahl. Elle se placera sous l'invocation de Nietzsche. C'est plutôt celle de Hegel (Bataille suit depuis plusieurs années les célèbres séminaires de Kojève), un Hegel revu à partir des thèses de Mauss sur le sacré, qui se trouve à l'origine du Collège de sociologie, fondé en 1937 avec Caillois et Leiris, et qui aura été l'un des lieux de haute lucidité de cette époque troublée : la déclaration de guerre, en 1939, lui donnera la fin sur laquelle il n'avait pas cessé de méditer.
 
Bataille travaillait depuis 1922 à la Bibliothèque nationale. Lorsque la guerre éclate, il a passé la quarantaine et, malgré une production abondante, audacieuse, mais trop engagée dans l'agitation parisienne, n'a encore publié aucun livre sous son nom. En 1942, sa santé lui fait prendre un congé. C'est l'époque où il rencontre Maurice Blan-chot. Celle aussi de son second mariage. Il s'installe alors à Vézelay où il rédigera ou rassemblera les aphorismes qui composeront la Somme athéologique, puisque tel est le titre qui devait regrouper, en 1954, ses trois premiers ouvrages, VExpérience intérieure (1943), le Coupable (1944) et Sur Nietzsche (1945). En 1942 avait paru, sous le manteau et le pseudonyme de « Pierre Angélique », un second récit mince et « scandaleux », Madame Edwarda (qui devait former une tétralogie avec Ma mère, publié en 1966, et deux textes restés à l'état d'ébauche, Divinus Deus et Charlotte d'Ingerville], puis, en 1943, le Petit, sous le nom de « Louis XXX » qui patronnera encore des poèmes publiés après sa mort. En 1947, Haine de la poésie (qui deviendra l’impossible en 1962) rassemble un roman, des poèmes, des réflexions. Prolongeant l'écono


« mie générale amorcée dans « la Notion de dép en se >>, la Part maudite paraît en 1949, suivie en 1955 par des essais sur la peinture (Lascaux ou la Naissance de l'art).

Entre-temps, Bataille a repris son ac ti v ité profess ionne lle : il es t conserva­ teur de la bibliothèque de Carpentras en 1949, d'Orléans en 1951.

Il faut ég al e­ ment signaler les articles nombreux publiés par Critiq ue , la revue qu'il a fondée en 1946 et qu'il dirige avec Jean Pie!.

Pour marquer son soixantième anniversaire et l' i m portan ce qui lui est maintenant reconnue, trois éditeurs (Gallimard, Minuit et Pauvert) publient, simultanément (1957), la Littérature et le mal, l'É rot i sme et le Bleu du ciel, le roman de 1935.

Il meurt en juin 1962.

Ses œuvres complètes, en cours de publication chez Gallimard, doivent co mport er douze volumes.

Elles ont déjà révélé une masse d'inédits importants.

L'œuvre de Bataille serait, selon un mot de Lacan, « le dernier mot de l'expérience intérieure de notre siè c le >>.

Sans doute les récits de Bataille comp­ tent-ils, au-delà même de leur audace (et une audace qui ne se limite pas au caractère scabreux de leurs suje ts), parmi les plus beaux de leur époque : le Bleu du ciel, par ex empl e, vieillit beau­ coup mieux que la Nausée.

Sans doute également ses ouvrages théoriques sont­ ils de ceux avec lesquels aucune pensée imp ortant e n'a pu, depuis, se disp en ser de s'expliquer.

Mais, s'il est l'un des écrivains majeur s de son époque, c'est qu'il n'est pas simplement un écrivain.

Sa présence et son action tiennent à ce qu'il s'e s t refusé de limiter l'écriture à la littér atur e, à ce qu'il a su, également, que, pour penser, on n'en écrit pas moins.

Chacune de ses phrases nous avertit que la littérature n'est supporta ­ ble qu'à la condition qu'elle-même ne se supporte pas.

>, écrit-il.

L'éro­ ti sm e de Bataille n'est pas une libêralisa­ tion de la sexualité, l'innocence d'une sensualité affranchie : selon une esthéti­ que qui ne cache pas ce qu'elle doit à Baudelaire, elle constitue l'expérience sans laquelle l'homme ne pourrait pas se perdre.. »

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