Bel Ami de Maupassant: L'incipit

« militaire « il marchait ainsi qu'au temps où il portait l'uniforme des hussards «, il veut avoir de l'allure, il est évident qu'il veut qu'on le remarque, qu'il veut plaire, qu'ilaccorde de l'importance au paraître ce qui renvoie à la superficialité de la société.

On peut mettre alors le doigt sur un trait définitoire du personnage qui est la fierté,l'amour-propre, il adopte face aux autres une attitude dédaigneuse, méprisante, de supériorité et brutale « il avançait brutalement dans la rue, heurtant les épaules,poussant les gens pour ne point se déranger de sa route ».

Son attitude relève de l'arrogance, et montre le désir de Duroy de s'imposer aux autres.

Cette arrogancenaturelle du personnage »il avait l'air de toujours défier quelqu'un » est présentée sur le mode de l'intensité comme en témoigne la gradation « les passants, lesmaisons, la ville entière », une extraordinaire assurance, une formidable confiance en soi qui permettra à Duroy de conquérir « la ville » c'est-à-dire Paris.

Cettegradation prend des allures épiques car elle se termine par le &\^ « la ville entière »où le qualificatif « entière » suggère les envies de conquête de Duroy.

Cette alluremilitaire et conquérante est également soulignée par l'expression « battre le pavé ».

Duroy est présomptueux ce qui peut venir contrebalancer le portrait positif dupersonnage initié dès le départ.Le narrateur dresse un portrait ambigu de Duroy, il en fait un personnage hybride beau, pauvre et fier.

En effet, Duroy est décrit de façon très avantageuse, etbeaucoup plus précisément qu'au début de l'extrait au moyen d'adjectifs et de syntagmes à valeur caractérisant antéposés « Grand, bien fait, blond, d'un blondchâtain...

», Ces détails physiques sont mis en valeur de part leur position-en tête de phrase.

Le sujet, le verbe et son complément se trouvent à la fin de la phrase etfont office de clausule : « il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires ».

Le qualificatif « mauvais » remet en cause la beauté canonique et doncincontestable de Duroy (grand, blond aux yeux bleus) et surprend, d'une part à cause de son aspect péjoratif, d'autre part parce qu'il concerne davantage son portraitmoral ; un « mauvais sujet » est une personne dont la conduite est répréhensible, ce qui laisse sous entendre le côté audacieux, brutal, crapuleux de celui-ci.

Ceci ledéprécie, le rend banal alors même que chez lui tout semble le distinguer des autres : il est chic et beau.

De plus, il inscrit Duroy par le biais de la mise en abime dansla lignée des romans populaires ce qui casse un instant l'illusion du réel pour le lecteur qui se rend compte que malgré le réalisme de l'œuvre, le personnage de Duroyqui est en train de se dessiner sous les yeux n'est ni plus ni moins qu'un être de papier, car fictif.

La présentation du personnage principal est donc très ambiguë, lenarrateur nous indique que le costume de Duroy est peu onéreux mais qui est tout de même « d'une élégance tapageuse », la contradiction s'articule autour de «quoique » et met en opposition les deux parties de la phrase.

Tout aussitôt l'expression « élégance tapageuse( là encore on note l'importance du regard « tapageuse » :qui réussit à en mettre plein la vue), est nuancée par « un peu commune », ce qui banalise le vêtement de Duroy, mais ensuite « l'adjectif « réelle » vient confirmer sonélégance, c'est donc un héros ambiguë qui s'impose à nous, séduisant aussi bien que banal, beau mais pauvre mais qui assurément possède un certain pouvoir(charisme) naturel qui en fait un conquérant, désireux d'étendre son pouvoir (cf.

le regard circulaire du début).

C'est donc un homme de la conquête du pouvoir, del'amour, quelque ligne après cet extrait on nous le montée comme travaillé par le désir d'une rencontre amoureuse, mais aussi par le soif, besoins primaires.

C'est unêtre de désir travaillé par plusieurs manques.

C'est donc un personnage que l'on peut deviner comme en quête de soi, d'une identité, d'un statut social, matrimonial etc.et qui est là à Paris pour faire son apprentissage de la vie.Le romancier détermine son personnage sous deux aspects majeurs qui s'affirmeront et se développeront dans l'ensemble du roman : la beauté et le goût pour l'argent(« grande dépense et grand plaisir des nuits«, c'est quelqu'un qui voit « grand » ). »