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Bernard de Clairvaux (saint)

Publié le 17/02/2019

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Bernard de ClairvaUx (saint), docteur de l'Église (château de Fontaine, Côte-d'Or, 1090 - Clairvaux 1153). Jeune noble, il se fit moine, avec trente compagnons, au monastère de Cîteaux, puis fonda l'abbaye de Clairvaux, où il appliqua la règle de saint Benoît dans toute sa rigueur. Sa doctrine, fondée sur la connaissance de soi en tant que pécheur, donc sur l'humilité, conduit à l'« amour charnel » (recherche de Dieu pour son propre salut), puis à l'« amour social » (sympathie douloureuse pour autrui) à travers la méditation sur l'humanité du Christ : l'homme parvient alors à l'amour désintéressé de Dieu et, dans un stade ultime, à l'extase (excessus). Fondateur de 69 abbayes, dirigeant 345 monastères répartis dans douze pays, arbitre moral de l'Europe (il fait condamner Abélard et Gilbert de La Porrée, prêche la croisade à Vézelay, intervient dans le schisme d'Anaclet et à plusieurs

reprises dans les difficultés de l'empereur ou du roi de France), il a mis dans son œuvre à la fois sa ferveur de mystique et sa fougue d'homme d'action. Mais il est le champion de causes déjà perdues, prêchant la forêt contre la ville, le monastère contre la cathédrale, l'approche de Dieu dans l'unité de l'épreuve mystique contre la dialectique et la civilisation du livre. Ses traités, qui témoignent aussi bien de l'influence d'Origène et de Denys l'Aréopagite que du langage de l'amour courtois {Sur les degrés de l'humilité et de l'orgueil, v. 1123 ; De la grâce et du libre arbitre, v. 1128 ; la Vie de saint Malachie, v. 1151), ont donné aux concepts de liberté et de conscience une place prépondérante dans l'histoire de la pensée. Ses Sermons, particulièrement ceux qui sont consacrés à la Vierge p4 la louange de la Vierge-Mère, 1120-1125) et au Cantique des cantiques, et ses Lettres (il en reste plus de 500) révèlent, à travers l'affleurement permanent des images bibliques et un jeu virtuose des sonorités et des alliances de mots de la langue latine, un sens dramatique et esthétique contre lequel il lutte avec d'autant plus de force qu'il y est plus sensible. Alors que Chateaubriand verra curieusement en lui un peintre des mœurs qui a « reçu quelque chose du génie de Théophraste et de La Bruyère » {Génie du christianisme, III, 4, 2), sa figure de maître de la persuasion visité par le Verbe divin est définitivement campée par la Divine Comédie : lorsque Dante arrive dans l'Empyrée {Paradis, XXXI), Béatrice s'efface et c'est Bernard qui guide le poète auprès de la Vierge.

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