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BÈZE Théodore de : sa vie et son oeuvre

Publié le 18/11/2018

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BÈZE Théodore de (1519-1605). Écrivain et réformateur, né à VézeJay d’une famille d’ancienne noblesse, il commence à Bourges ses études universitaires sous la direction de son précepteur Melchior Wolmar, qui l’initie aux principes de la Réforme. Il poursuit l’étude du droit à Orléans, puis mène à Paris une existence mondaine, couronnée en 1548 par la publication des Poe-mata. Ce recueil de poésie latine à la manière de Catulle, où se trouvent quelques pièces libertines dédiées à la belle Candide, fille d'un tailleur, le rend immédiatement célèbre. La même année, il s’enfuit de Paris avec sa promise, sans doute sous le coup d’une accusation d’hérésie, et trouve refuge à Genève, où Calvin l’accueille. Nommé professeur de grec à Lausanne (1549), il entreprend une seconde carrière littéraire, tout entière engagée au service de la Réforme. La tragédie & Abraham sacrifiant, représentée en 1550, le pamphlet du Passavant (1553), rédigé en latin macaronique et où l'influence de Rabelais est patente, indiquent assez que la rupture avec l’humanisme n’est pas totale. Achevant l’œuvre entrepiise par Marot, il publie en 1561 une traduction française des Psaumes. Chef de la délégation protestante au colloque de Poissy, il y formule la doctrine calvinienrie de la Présence réelle dans sa Déclaration et ses trois Harangues, qui restent des modèles d'argumentation théologique. Il prêche aux portes de Paris en 1562 et donne ainsi à Ronsard l’occasion d'un portrait-charge non dénué de sympathie, en plus d’une apostrophe pressante à l’ancien amoureux devenu « prédi-cant » (Continuation du discours des misères). De retour à Genève en 1563, après avoir pris une part directe à la première guerre civile, il recueille quelques mois plus tard la succession de Calvin. Chef de l’Église réformée, il coordonne l’action des huguenots face aux nouvelles persécutions. Ce labeur considérable, qu’il poursuit conjointement avec l’enseignement et la prédication, se traduit par une Correspondance échangée avec les hommes politiques, les théologiens et les intellectuels de l’Europe entière. Ses derniers ouvrages : deux rééditions expurgées des Poemata, un traité de la prononciation du français (1584, en latin), montrent que les préoccupations esthétiques et littéraires sont restées chez lui sous-jacentes au combat religieux. Les Vrais Portraits des hommes illustres en piété et doctrine, dont la version française date de 1581, placent François Ier et Marguerite de Navarre, Guillaume Budé et François Vatable, en tête de la longue théorie des martyrs de la foi réformée. En cette vision reconstruite de l’histoire, telle que l’a voulue de Bèze, la filiation s’effectue sans heurt de l’humanisme à la Réforme. L’exilé de Genève n’est-il pas l’héritier spirituel de la génération d’Érasme et de Rabelais? C’est là toute la différence qui oppose, en dépit d'une même affirmation doctrinale, de Bèze à Calvin. Si le fondateur de la Réforme a considéré ce « diable de Pantagruel » ou les libertins spirituels de l’entourage de Marguerite de Navarre comme ses ennemis en Dieu, de Bèze, tout en manifestant à l’occasion une raideur comparable, n’en a pas moins pratiqué dans ses écrits une manière et un style qu’il devait à la période profane et mondaine de sa vie. Par les libelles où il met volontiers la main et qui, sous la plume de Simon Goulart et de Conrad Badius, récupèrent au service de la Cause les plaisanteries traditionnelles du carnaval, il s’inscrit encore dans une culture que n’a pas réprimée totalement l’austérité cal-vinienne.

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